sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

Francisco Suniaga

Asphalte

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27 septembre 2013

Si Edeltraud Kreutzer a quitté son vieux mari, trop fatigué pour voyager, et le froid hivernal de l'Allemagne, ce n'est pas pour profiter du climat tropical, des plages de sable blanc et des eaux transparentes de Margarita. Pour elle, la "perle des Caraïbes" n'est pas le paradis dont rêvent les touristes européens, mais le petit bout d'enfer où son fils Wolfgang est mort noyé. Et si elle a entrepris ce long voyage, c'est pour éclaircir les circonstances de ce décès. Wolfgang était jeune et bon nageur, comment a-t-il pu se noyer alors que, selon les témoins, il n'avait de l'eau que jusqu'à la taille ? A-t-il été éliminé par sa femme et son amant comme l'affirme la lettre anonyme qu'elle a reçue ?

Pour pouvoir faire son deuil, Edeltraud a besoin de réponses mais, seule dans un pays auquel elle ne comprend rien, ses chances sont minces. Sur les conseils du vice-consul, elle engage José Alberto Benitez, avocat idéaliste et désargenté, qui va l'aider à voir, derrière l'image de carte postale, le vrai visage de l'île.

Une petite île des Caraïbes, rattachée au Vénézuela... Chacun vient y chercher le bonheur sur terre dans un décor de rêve. Pour Wolfgang Kreutzer, il s'agissait de suivre sa ravissante et ambitieuse épouse qui avait eu le coup de foudre pour le sable chaud, les palmiers et la douceur de vivre. Mais tandis que Renata s'épanouissait sous le soleil des tropiques, Wolfgang connaissait le doute. Margarita, incompatible avec son tempérament allemand, a causé sa perte. Derrière l'île paradisiaque, se cache une autre île, une île invisible faite de violence, de crimes et de sang. C'est cette île qui a perdu Wolfgang. Le rêve de sa femme n'était pas le sien et il a eu besoin de se trouver un but, une passion et ce furent les coqs. D'abord réticent, il a fini par être englouti par ce monde brutal et cruel sans trouver le recul et l'indolence nécessaires pour s'impliquer sans se perdre. Les découvertes de l'avocat Benitez au fil de son enquête dévoilent un homme détruit par sa quête, celle de lui-même, celle de la perfection, celle de vivre à fond.
Si quelquefois, on se perd dans les considérations philosophiques et même psychiatriques de l'avocat-enquêteur, il n'en demeure pas moins que L'île invisible agit comme un envoûtement sur le lecteur. On se croirait dans les rues de Porlamar ou d'Asuncion, on en ressent la chaleur moite, on en découvre la violence derrière la nonchalance, les vices derrière les sourires. Une belle réflexion sur le sens de la vie, la recherche du bonheur confrontés à la réalité souvent cruelle. Un beau et grand roman.

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23 septembre 2013

On ne présente plus le Routard, célèbre guide de voyage qui accompagne les depuis 1973 déjà. Mais, au fait, à quoi tient sa bonne réputation ?
A ses listes interminables et ennuyeuses de restaurants où se sustenter à bas prix ou en flambant un mois de salaire?

A ses listes interminables et ennuyeuses d'hôtels où dormir sur ses deux oreilles en chambre dortoir ou dans une suite présidentielle?
A son design frais et coloré? Son papier glacé agréable au toucher?
A ses petits endroits insolites, connus des seuls autochtones, et bien sûr de tous les touristes français, sac-banane au rein et routard à la main?
A ses explications claires et précises, du genre : "Descendre la rue Kawaramachi vers le sud par le trottoir de gauche, le resto se trouve au niveau d'un parking, tout au fond du parking, derrière un étalage de légumes"?

Pour toutes ces raisons, et bien d'autres, le Guide du routard Tokyo et Kyoto sera très utile à ceux qui cumulent un sens de l'orientation aiguisé et le courage d'errer sans fin dans le seul but de dénicher le petit resto pas meilleur qu'un autre mais chaudement recommandé par un collaborateur qui est sûrement tombé dessus par hasard. Bien sûr, Tokyo est une ville gigantesque où l'on se perd facilement mais, plus sûrement que le routard, ce sont les japonais, gentils, serviables et généreux, qui vous remettront sur le bon chemin. Quant à Kyoto, là encore le guide est inutile. Il suffit de flâner le long de la rivière Kamo et de se laisser porter par le hasard.
Le Japon est un pays sûr et accueillant et, contrairement aux idées reçues, très peu cher. On peut s'y loger à bas prix et manger copieusement pour quelques euros. Tout cela se vit sur place, en prenant son temps, en changeant de programme au fil des rencontres et des découvertes...et au diable le guide du routard !

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22 septembre 2013

Un guide au format très pratique puisqu'on peut le glisser dans un sac à main sans l'alourdir ou même dans une poche. Il propose un panorama de Tokyo en pointant les quartiers essentiels qui sont aussi ceux les plus visités par les touristes : Ueno, Shibuya, Ikebukuro, etc. A chaque point stratégique de la ville sont associés quelques restaurants intéressants (mais pas prévus pour les petites bourses) et les boutiques les plus représentatives, ainsi que les informations pour y accéder. En fin d'ouvrage sont répertoriés les renseignements utiles (urgences, banques, postes), les mots de japonais qu'il faut absolument connaitre ainsi que quelques éléments culturels, historiques et géographiques propres au Japon. Une carte de la ville et un plan du métro détachables sont un plus indéniables, surtout pour un ouvrage si condensé.

En bref, s'il n'a rien d'exceptionnel, ce petit guide permet de se repérer dans la ville et de connaitre précisément les stations de métro où descendre pour ne rien manquer. Après, bien sûr, rien ne vaut la flânerie au hasard qui permet de découvrir les trésors cachés, les endroits moins fréquentés, moins touristiques, donc plus préservés, plus authentiques.
Un allié précieux mis qu'il ne faut pas suivre à la lettre.

18,90
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21 septembre 2013

Après une période de chômage, le charmant et très motivé François Chabeuf obtient un emploi de copiste au CIRMEP, petite entreprise de sa petite ville de province. Ce n'est pour commencer qu'un CDD mais qui pourrait bien se transformer, à terme, en CDI. Et François ne recule devant aucun sacrifice pour obtenir un poste fixe, allant même jusqu'à travailler la nuit pour être à jour dans son travail. L'avenir lui sourit, d'autant qu'il a trouvé en Michel, son collègue, un ami cher et fidèle.

Malheureusement, Clémence, la responsable du service, embauche un deuxième copiste : Auguste, un incapable, fourbe et tire-au-flanc qui joue de sa santé fragile pour s'attirer la sympathie de tous. Bien décidé à évincer ce rival machiavélique, François est contrecarré dans ses plans par l'arrivée d'une photocopieuse au maniement obscur. Auguste maîtrise très vite l'engin et François est licencié. Mais il n'est pas seul dans son malheur. Clémence, dépressive après une sordide liaison avec le responsable informatique, est elle aussi renvoyée. Seule, son mari l'ayant quittée en emmenant ses enfants, Clémence propose à François de la soutenir contre rémunération. La cohabitation est difficile, François devant s'occuper d'une femme très perturbée mentalement, surtout quand ses filles meurent dans un accident, tout en recherchant activement un nouvel emploi. Mais au bout de quelques mois, Clémence va mieux et trouve un travail à Paris. François qui vient de commencer une carrière d'écrivain, la suit à contre coeur dans la capitale. Il faut dire que les épreuves traversées ont eu un effet dévastateur sur sa santé qui s'est grandement détériorée et il rechigne à s'installer dans une ville réputée dangereuse...

Qu'il est touchant ce François Chabeuf ! Même si son zèle maladroit tourne parfois au drame, on ne peut que louer son profond désir de travailler pour ne pas être un fardeau pour la société. Attitude méritoire et trop rare ! Alors oui, il est parfois obligé d'intriguer, d'enjoliver la réalité, d'inventer, mais quand on est un brin naïf, soucieux de bien faire, et qu'on n'a pas eu la chance de bénéficier d'une éducation de nanti, il faut savoir se battre à armes égales avec ceux qui cherchent abuser, à mentir, à se soustraire à leurs responsabilités. Et dans ce monde peuplé d'individualistes égoïstes, la tache est rude ! Tous n'ont pas son courage et son abnégation ! Clémence, par exemple, cumule les défauts. Non contente d'avoir brisé son couple, elle se complaît dans une liaison adultère avec François, s'abrutit d'alcool et de médicaments. Heureusement qu'il veille, qu'il la soutient, même si pour cela il doit quitter son appartement, se priver de sortie et sacrifier ses recherches d'emploi. Mais quand François prend un engagement, il s'y tient et met tout en oeuvre pour réussir.
Evidemment, tout cela est du second degré... François est un manipulateur mythomane qui croit profondément à toutes les fariboles qu'il invente pour se sortir des situations épineuses dans lesquelles il s'est lui-même fourré par sa seule stupidité. Tête à claques à la puissance 1000, il s'arrange avec les faits pour les faire abonder dans son sens et commet parfois les pires atrocités pour se rendre la vie plus agréable. Il est toujours sûr de son bon droit et accuse les autres des pires vices sans même entrapercevoir l'ombre d'un de ses défauts. En bref, François Chabeuf est un crétin dont le deuxième prénom est Mauvaise Foi. Et si bien sûr on a envie de le frapper et de sauver la pauvre Clémence de ses griffes, il n'empêche que son journal scrupuleusement tenu est un concentré d'humour qu'on lit le sourire aux lèvres. Car François est tellement "premier degré" qu'il est inévitablement drôle. Un premier tome très réjouissant qui donne la pêche et se lit avec avidité. Génial !

19,00
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20 septembre 2013

Une dernière lettre pour son épouse et une fuite dans la nuit...Kaze a décidé de devenir un de ces "johatsu" qui disparaissent sans laisser de traces, qui s'évaporent tout simplement. Au Japon, le fait n'est pas rare et les familles, marquées par la honte et le déshonneur, ne cherchent pas à retrouver le disparu. Mais Kaze a une fille qui vit en Amérique et qui ne veut pas en rester là. Yukiko embarque son ex, Richard B., détective poète et rêveur et toujours amoureux d'elle, pour un voyage vers le Japon sur les traces de ce père évaporé.


Bien loin du Japon affairiste où les salarymen croisent les lolitas dans les couloirs bondés du métro, c'est du côté des laissés-pour-compte que nous convie Thomas B. REVERDY, dans les bas-fonds de Tokyo où se côtoient yakusas, chômeurs et prostituées, dans le parc d'Ueno où sous de grandes bâches bleues vivotent rejetés de la société et rescapés de Fukushima, dans la zone irradiée où pour gagner quelques sous, certains jouent leur santé, leur vie. On découvre la face cachée du Japon après la catastrophe de 2011 où les spéculateurs s'enrichissent sur le malheur et la mort. Mais ce livre n'est pas sombre pour autant, au contraire, il y a beaucoup de poésie et de tendresse dans les personnages, leurs questionnements, leurs choix, des personnages tellement humains, qu'ils cherchent ou se cherchent, que l'on s'y attache comme à des amis proches. Un roman d'amour, un polar, un roman social, bref un roman magnifique.