sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

Les Éditions Noir sur Blanc

20,00
Conseillé par
15 avril 2014

Elles sont cinq à vivre ensemble, par la force des choses, dans un appartement communautaire de Leningrad, trois vieilles, une mère et sa petite fille. Les trois vieilles, Evdokia, Glikeria et Ariadna s'occupent de Suzanna pendant qu'Antonina est à l'usine. En échange, Antonina fait le linge, le ménage, les repas, le bain. secrètement, elles l'ont fait baptisée et l'appellent Sofia. Elles font corps pour protéger la petite fille, l'élever du mieux qu'elles peuvent, lui raconter la Russie d'avant les bolchéviks, les anciennes légendes, les contes de fée. Sofia ne dit rien, elle est muette même si les médecins affirment qu'elle pourrait parler. Sofia est enfermée dans son silence est ne communique qu'à travers ses dessins. Mais les grand-mères sont inquiètes : Sofia va sur ses 7 ans, bientôt elle devra entrer à l'école. Le Comité des femmes est formel, quel genre de mère confine son enfant dans un appartement alors qu'elle pourrait profiter des bienfaits du jardin d'enfants ? Antonina a peur, elle a caché à tout le monde que l'enfant ne parlait pas. S'Ils savaient, ils la prendraient, la mettraient dans une institution., la traiteraient comme une handicapée.

Un roman doux-amer qui raconte les difficiles conditions de vie dans la Russie soviétique des années 60. Bien que le pouvoir soit entre les mains du peuple depuis plus de 40 ans, on attend toujours les lendemains qui chantent. Alors il faut subir...la pauvreté, les files d'attente, les listes d'attente, le pouvoir du collectif sur l'individu. Dans cette société suspicieuse, le moindre faux pas est repéré et rapporté, la liberté n'est plus de mise. Pour Antonina, la vie est dure, elle qui est fille-mère...Heureusement, le comité des femmes veille. Si elle était en Amérique, elle serait à la rue. Mais l'union soviétique ne rejette aucun de ses enfants et Antonina recevra toute l'aide nécessaire, à condition qu'elle sache se tenir. Surveillée, conseillée, harcelée même, Antonina n'a qu'un but : protéger sa fille qui ne parle pas mais qui comprend tout. Les vieilles lui ont appris à lire, à écrire, et même à comprendre le français. Malgré son mutisme, Suzanna est très éveillée. Bercée par les récits de ses grand-mères, elle met dans ses dessins tout ce qu'elle entend dans le petit appartement communautaire : le temps des tsars, la révolution, la guerre, le blocus, les morts, les légendes, les fées.
Mêlant réalité sordide et imaginaire, les voix de Glikeria, Ariadna, Evdokia, Antonina et Suzanna se conjuguent pour raconter l'âpre quotidien de ces femmes russes qui ont survécu à toutes les horreurs et qui se serrent les coudes face aux absurdités du monde. Le témoignage pudique d'un temps où les sentiments étaient mis à mal mais dont les germes ont su subsister.

Journal dont vous êtes peut-être l'héroïne

Paul et Mike

17,00
Conseillé par
3 avril 2014

Cadre supérieur dans une entreprise de La défense, Jean-Fabien compte bien profiter de son célibat pour mettre le plus de femmes possibles dans son lit. Son travail, il l'exerce avec une philosophie clairement définie : travailler moins pour voyager plus. En effet, Jean-Fabien exerce l'art de ne rien faire tout en donnant l'impression d'être débordé et son métier est surtout un prétexte pour parcourir le monde, histoire de draguer exotique. Car c'est là sa seule obsession : comprendre la gent féminine et en déduire les théories les plus complexes pour séduire sans peine. A ces fins, il peut compter sur une assurance à toute épreuve, un physique avantageux et une étude très poussée de Marie-Claire, la Bible des femmes. Rien d'étonnant, donc, s'il passe son temps à repousser leurs fougueuses avances !

Le journal déjanté d'un serial dragueur, tendance loser, qu'il faut absolument lire au second degré, surtout si l'on est une de ces femmes tant convoitées par Jean-Fabien. Elles n'ont pas le beau rôle, considérées plutôt comme un objectif à atteindre, voire une marchandise, et puis de toute façon, le héros, c'est lui, Jean-Fabien. Beau comme un Dieu, à l'aise partout, fin psychologue, séducteur sans lourdeur, Jean-Fabien a la classe internationale (puisqu'il séduit aussi bien à New-York qu'à Paris, Shangai ou Aix-en-Provence). Enfin, c'est ce qu'il veut nous faire croire ! Mais quand ses "proies" prennent la parole, le son de cloche est tout autre et on "découvre" un Jean-Fabien balourd, pas très beau, légèrement érotomane et qui, surtout, est incapable de décoder les signes qu'on lui envoie.
Beaucoup d'auto-dérision, d'humour, un brin de cynisme pour une succession d'aventures, plus alcoolisées qu'amoureuses, qu'on prend plaisir à lire, le sourire aux lèvres. Ce héros pathétique qu manque de naturel dans sa pratique du sexe opposé finit par devenir attachant tant il semble perdu malgré son assurance affichée. Et si, tout compte fait, Jean-Fabien était le dernier des romantiques ?

Conseillé par
2 avril 2014

Frédéric Solis a tout : un physique plutôt avenant, une carrière en pleine ascension et un appartement somptueux avec vue sr le Tour Eiffel. C'est en tout cas ce que pense Pétronille, son assistante aussi dévouée qu'amoureuse. Pourtant, Frédéric n'est pas pleinement heureux et son bonheur il le cherche en accumulant les peintures impressionnistes. Sa dernière acquisition n'est d'ailleurs pas loin de le mettre sur la paille. C'est donc avec soulagement et joie qu'il apprend qu'un inconnu a fait de lui son héritier. Persuadé que cette succession va faire de lui un homme riche, il déchante très vite en découvrant la teneur de ses nouveaux biens : quelques tickets de transport, des entrées de musée et ce qui semble être une carte au trésor. Frustré, Frédéric hésite à tout jeter dans la première poubelle venue. Mais finalement, il se laisse prendre à cet étrange jeu de piste auquel le convie son donateur anonyme. Happé par l'aventure, il laisse sa vie bien rangée se déliter. Les dettes, le travail,...tout semble s'effondre mais c'est peut-être la chance de prendre un nouveau départ pour une vie plus sereine et plus proche de ce qu'il est au fond de lui.

Une histoire qui commence vraiment très mal : un type beau comme le Ken de Barbie, riche, brillant, collectionneur d'art, qui a tout pour être heureux mais dont on pressent les failles intérieures et son assistante rougissante qui le regarde, quand elle l'ose, avec des yeux de godiche énamourée. De cette guimauve à la chick litt, il n'y a qu'un pas que Caroline VERMALLE évite de justesse. Car là n'est pas son domaine, elle évolue plutôt dans le genre feel good book et nous emmène au bout du compte dans une histoire pleine de suspense qui véhicule des sentiments tendres tels que l'amitié, l'amour, la paternité, la solidarité, la tolérance. Elle mise sur des personnages touchants, intrigants, attachants pour nous entraîner dans son jeu de piste vers le bonheur. Hymne à la bonté, à la famille -celle dans laquelle on naît et celle qu'on se crée-, ce conte moderne et poétique tire aussi sa force de l'évocation toute en finesse des toiles de Monet . Beau, réconfortant, , un livre qui met de bonne humeur et fait rêver à un monde meilleur.Ce n'est pas de la grande littérature, juste une petite parenthèse de douceur à lire en cas de déprime.

Liana Levi

14,50
Conseillé par
25 mars 2014

Parfois une mère ne suffit pas, il en faut trois : celle qui met au monde, celle qui recueille, celle qui élève. Parfois, être mère ne suffit pas, il faut une amie pour donner les gestes et les mots de l'amour. Parfois, être comblée ne suffit pas, il faut plus qu'un mari, des enfants, le succès, il faut découvrir l'amour, le vrai, celui dont on n'osait rêver.
Mãn se raconte, de sa naissance au Vietnam jusqu'à sa renaissance dans les bras d'un homme, des difficultés de vivre dans un pays colonisé puis en guerre à son mariage arrangé avec un restaurateur expatrié au Canada, l'exil, la cuisine pour seul univers, l'amitié qui change tout, la réussite, les enfants, et bien sûr l'amour, la vraie découverte, impossible évidemment, mais inévitable et fondateur.

Mãn est un pêle-mêle de sensations et d'émotions où se côtoient les saveurs du Vietnam, le sel des larmes et le bonheur de vivre. Par petites touches délicates, se reconstitue la vie d'une femme qui conjugue le verbe aimer sans le dire, par de petites attentions de chaque instant, en veillant au confort des siens, en devançant leurs désirs. Empêchée de s'exprimer par une pudeur naturelle et une enfance silencieuse auprès d'une mère engagée, elle va pourtant s'ouvrir aux sentiments grâce à l'amitié d'une femme et à l'amour d'un homme. Poétique et tendre, l'histoire de cette femme se dessine comme une mosaïque où se mêlent la cuisine vietnamienne, la mémoire et l'enrichissement de l'exil. Les évènements plus graves sont évoqués en pointillés, les douleurs sont enfouies, cachées.
Un roman sensible et profond, porteur d'espoir et d'amour.

32,00
Conseillé par
23 mars 2014

Solitaire depuis le décès de sa femme et le départ de ses deux fils, Alexander Graham mène une existence tranquille dans sa ville d'Halcyon où il tient une librairie reconnue pour la richesse de son fonds russe et soviétique. La vie s'écoule sans heurts jusqu'au jour où Andrew, le plus jeune de ses fils, étudiant à Oxford, ne donne plus signe de vie. Inquiet, il s'envole pour l'Angleterre malgré ses appréhensions. Il n'a jamais quitté le Canada, n'a jamais eu le désir de dépasser les frontières de sa ville natale et seuls son amour paternel et sa foi en Dieu lui permettent de surmonter ses craintes de l'inconnu. Il ne se doute pas qu'Oxford ne sera que la première étape d'un périple long et douloureux qui l'entraînera jusqu'au fin fond de la Sibérie. Étranger dans une Russie qu'il a longtemps fantasmée sans la connaître vraiment, dupé, volé, molesté, il sera aussi secouru, guidé, aimé et découvrira un pays, un peuple, avec ses souffrances, ses martyrs, son courage, ses lâchetés, ses croyances, ses contradictions pour aussi se découvrir lui-même et sonder son inconscient et sa foi comme jamais auparavant.


1132 pages ! On ne peut pas dire que Michaël O'BRIEN soit avare de ses mots ! Plus qu'un pavé, son livre est une brique qui nécessite un appareillage spécial ou de gros bras musclés pour être lu avec un minimum de confort. Et pourtant son récit s'écoule, sobre et efficace, et l'on se passionne pour son héros discret jusqu'à en paraître terne mais qui recèle en lui tant de bonté et d'humanité. Son rêve romantique et littéraire de la Russie vire au cauchemar, confronté à la réalité d'un peuple qui a subi et souffert depuis la nuit des temps. Pourtant, malgré une Histoire mouvementée, les persécutions, les privations, certains ont su gardé au fond du coeur suffisamment d'amour pour surmonter défiance,méfiance et peurs. A la recherche de son insaisissable fils, Alexander en appel à Dieu pour surmonter le découragement et le pessimisme. Mais Dieu n'a-t-il pas déserté la Sainte Russie, chassé par le bruit et la fureur des Bolchéviks ? Au fil de ses rencontres, Alexander verra que non; la foi a perduré sur cette terre de douleur. Des chrétiens, comme lui, lui viendront en aide, mais aussi des non-croyants. Sur les bords du lac Baïkal, de l'hiver le plus rude jusqu'à la renaissance printanière, il sera accueilli en ami et, dans une famille de substitution, il trouvera les réponses à certaines de ses questions. A-t-il été un mauvais père pour ses fils ? N'a-il pas su donner assez de son temps, de son amour ? N'a-il pas transmis sa confiance en Dieu ? Est-ce pour cela qu'Andrew a éprouvé le besoin de chercher auprès d'un autre homme protection et sécurité ? Le voyage de ce père désemparé, véritable chemin de croix, sera fait aussi de moments de joie, de partage, de recueillement.
Intense, cette aventure sibérienne mêle avec maestria quête spirituelle, roman noir et roman d'espionnage. Le seul souci est que l'on risque de se lasser des prières, visions divines et autres références à la religion de cet Alexander dont la principal caractéristique est d'être catholique. Si l'on réussit à passer outre (bien qu'elles soit TRES présentes), toutes ces bondieuseries, on peut se laisser porter par un récit profond dont la toile de fond est l'histoire russe et la vie en Sibérie, avec en particulier les très attachants Irina, Ilya et Kiril, marqués par le destin mais unis dans l'adversité. Ce sont eux finalement les vrais héros de cette histoire, blessés mais courageux, bons et véhiculant toutes les valeurs dites "chrétiennes" sans pour autant être croyants.