La Grande Ourse *.

13,50
Conseillé par (Libraire)
24 avril 2020

Pour s'évader, pour (re)découvrir le monde.

On ne présente plus « L'usage du monde », ce livre culte, que des générations ont lu, et relu, depuis sa première publication, en 1963. De juin 1953 à décembre 1954, Nicolas Bouvier et Thierry Vernet parcourent, dans une Fiat 500, plus de 7000 km, de Genève à Khyber Pass, à la frontière de l'Afghanistan et du Pakistan. « L'usage du monde » : le titre dit bien l'ambition du livre. Bien plus qu'un récit de voyage c'est d' un roman d'apprentissage qu'il s'agit, celui de la découverte du monde, et de soi-même : « Un voyage se passe de motifs, Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui-même. On croit qu'on va faire un voyage, mais bientôt c'est le voyage qui vous fait, ou vous défait ». C'est ce que le voyage a fait ou défait, que raconte « L'usage du monde ».

La beauté du livre tient en partie au temps qu'à mis Nicolas Bouvier à l'écrire : dix ans, c'est à dire le temps qu'il lui a fallu pour nourrir son récit, pourtant déjà riche en lui-même de péripéties, de paysages, de rencontres, pour nourrir ce récit donc, d'un connaissance de l'histoire et de la culture des pays traversés, et faire surgir des images, comme d'une lanterne magique (« Au XVIIe, avec six cent mille habitants Ispahan était capitale d'Empire et une des villes les plus peuplées du monde »), ou mener à l'occasion une méditation, toujours inspirée, sur la richesse et la fragilité des civilisations.

La beauté de « L'usage du monde » tient aussi, on l'a peut-être moins souligné, à l'écriture de Nicolas Bouvier, précise et ample à la fois, chaleureuse surtout, comme l'était sa voix (on peut réécouter cette voix si particulière dans l'émission « Le bon plaisir », que France Culture a consacrée à Nicolas Bouvier en 1996, et qui est un régal. L'émission est accessible sur YouTube https://www.youtube.com/watch?v=xGHXvJTIOco ).

Les gravures de Thierry Vernet, loin de toute volonté d'illustration et d'une grande puissance d'évocation, ajoutent un charme particulier à ce livre, qui, à beaucoup d'égard, reste unique, inoubliable, et irremplaçable.

Jean-Luc

La Joie de Lire

14,20
Conseillé par (Libraire)
24 avril 2020

Album jeunesse

Une histoire merveilleuse de poésie et de légèreté d'un chauffeur routier ami des oiseaux ; un album qui nous aide à vaincre les lois de la pesanteur....
A partir de 4 ans.

Sylvie

Conseillé par (Libraire)
23 avril 2020

Une ode aux femmes et à la liberté !

Anita Nair a été reconnue mondialement pour son roman "Compartiment pour dames". Le sujet de la condition féminine en Inde est de nouveau au coeur de son dernier roman. Qui est cette mangeuse de guêpe ? Une femme libre, indépendante, qui a choisi, grâce au soutien de son père, de faire des études de zoologie et d'écrire. Une femme sensuelle qui va rencontrer l'amour, et en mourir. Lors de sa crémation, son amant vole l’un de ses doigts sur le bûcher et le conserve dans une boîte cachée au fond d’une armoire. 50 ans plus tard, une petite fille découvre la relique, libérant ainsi l’âme condamnée de Sreelakshmi. Selon la religion hindoue, tant que le corps n’a pas été totalement consumé, l’âme du défunt erre indéfiniment sur la terre… Elle va aller à la rencontre de femmes de la classe moyenne qui se débattent dans les règles édictées par des hommes.
Des femmes qui vont décider de cesser de fuir et assumer leur choix de vie.
J'ai apprécié dans ce livre le voyage dans le Kerala (dépaysement d'autant plus appréciable au temps du confinement), les couleurs, les odeurs... et ce souffle de liberté, malgré tout !

Vanessa

28,00
Conseillé par (Libraire)
23 avril 2020

Une BD d'altitude au sommet

Dans une BD autobiographique Rochette raconte, avec des dessins sublimes, les difficultés de l’ascension d’un adolescent vers les sommets. Ceux des Alpes et de la vie. Un récit sobre pour une histoire initiatique magnifique.

Etre enfant c’est découvrir de nouvelles émotions. C’est par exemple être fasciné par les tableaux de Soutine, comme celui du « Boeuf écorché », au point de vouloir toucher du doigt son mystère. Mais c’est peut être aussi, lors d’une balade en montagne, découvrir au sommet d’un piton rocheux l’immensité du ciel et la petitesse de sa vie: « c’est ce jour là que je suis tombé amoureux de la montagne. C’était la beauté absolue. Et je n’avais qu’une idée en tête: monter. Monter tout en haut ». De ces deux émois, Jean Christophe Rochette va construire sa vie: celle d’un passionné d’art et de peinture, qui détestant Mondrian et l’abstraction, préfèrera crayonner des petits bonshommes et devenir un grand dessinateur de BD. Mais aussi la vie d’un fou de montagne qui va le conduire de l’apprentissage de l’escalade aux courses les plus difficiles dans le massif des Ecrins. Ce cheminement, cette quête de la beauté « Ailefroide Altitude 3954 » nous la raconte dans un récit autobiographique superbe qui amène le lecteur à se doter de pitons, de piolet, de crampons pour escalader des falaises abruptes ou marcher lentement sur des glaciers griffés de crevasses.

Pas besoin d’être passionné d’alpinisme pour apprécier cette BD. Sur près de 300 pages, JC Rochette, aidé par Olivier Bocquet, nous raconte ces années de jeunesse, hantées par cette volonté d’aller voir là haut, encore plus haut, d’atteindre ce sommet avant le lever du soleil, là où « j’ai pris feu, seul face à la naissance du monde ». Dans un album, où le bleu de Prusse emporte tout sur son passage, beauté et grandeur, bonheur et malheur, le récit détaillé de l’apprentissage difficile de ce milieu hostile et dangereux, révèle pourtant au fil des pages d’autres valeurs: la force de l’amitié, le dépassement de soi, la découverte des richesses et des capacités de son corps, l’instinct de compétition et de comparaison pour laisser son nom associé à une montée inédite.

Rochette a le mérite de raconter simplement, de manière directe en pesant les mots, les utilisant de manière parcimonieuse et efficace, préférant le dessin pour exprimer les fortes émotions. Aucune ascension ne ressemble à une autre, chacune apportant sa richesse humaine ou graphique. A l’identique, l’emploi d’un nombre limité de couleurs ajoute à la force du récit. On dit et on montre les choses sans neige cotonneuse autour mais plutôt comme les silhouettes acérées et coupantes de ces rochers sur lesquels le jeune alpiniste rêve de poser son nom. Car la montagne est dangereuse et la conquérir suppose à la fois de l’initiation, de la prudence, du respect. Cette dimension, Rochette l’évoque tout au long de son récit qui débute avec son fidèle Sempé, ami et initiateur, compère d’aventure, à la manière de Quick et Flupcke, porteurs comme eux de vêtements aux couleurs tranchées, facilement identifiables. C’est avec Sempé, que Rochette décide que bientôt ils graviront la face nord d’Ailefroide, cette ascension qui fera d’eux, pensent ils, des hommes. Cette face, jamais ils ne la graviront, la montagne en décidera ainsi pour eux, à leur place. Mais pourtant Rochette, même avec un visage balafré, réussira de nouveau à accéder à des sommets confessant, « J’ai pas envie que la montagne devienne mon métier, je l’aime comme elle est, j’ai pas besoin de plus ». Il ne reste alors que le retour à la beauté, une quête pure et simple, dégagée de toute autre motivation. Ce cheminement le lecteur le suit, touché par la sincérité de l’enfant, de l’adolescent et de l’adulte à travers des épisodes qui racontent les relations difficiles avec une mère veuve d’un mari médecin « mort pour la France » en Algérie, une première nuit en refuge ou accrochés le long d’une paroi, une montée nocturne sur un sommet seul au mépris de toute règle de sécurité.

Avec « Le sommet des Dieux », Taniguchi avait porté au plus haut le récit des quêtes himalayennes alliant au romanesque, une vérité humaine incontestable. Avec « Ailefroide », Rochette se sert de sa vie, pour traquer une recherche de la beauté et de l’accomplissement de soi, qui si elle concerne des sommets plus proches de nous, n’en reste pas moins vertigineuse et dangereuse. Une Bd dont les pages muettes vous donnent envie de toucher du doigt ce bleu qui vous tente et vous nargue.

Eric


Conseillé par (Libraire)
20 avril 2020

" Le geste sportif peut être poétique"

Je connaissais Jean Hatzfeld pour ces récits très forts sur le génocide rwandais (Une saison de machettes et La stratégie des antilopes), il est aussi journaliste sportif. Ce milieu qu'il connaît très bien est l'objet de ce roman "Deux mètres dix". Il y raconte l’univers du sport de haut niveau au temps de la guerre froide, à travers l’histoire de quatre athlètes, deux Américains et deux Kirghizes. Le contexte historique et politique est très bien rendu, notamment le dopage dévastateur, les sportifs sacrifiés, la terreur... Et la passion de ces athlètes pour la compétition, leur force physique et mentale. A propos de son roman, il écrivait : " Le geste sportif peut être poétique". Et c'est pour moi (non sportive acharnée) une jolie découverte !

Vanessa