Littérature -.

Comment la pensée logistique gouverne le monde

Zones

16,00
Conseillé par (Libraire)
14 mars 2022

Le pouvoir est logistique, bloquons tout.

L’idéologie cybernétique incarnée par les GAFAM et l’abolition de la vitesse par le mirage du clic nous font entrer progressivement dans des temps hyper-prolétaires.
Nous ne serions plus que des appendices au service des machines, au service de la prothèse exosomatique qu’est devenue internet engendrant une véritable crise de la présence.
Nous travaillons toutes et tous absorbés par l’écran avec pour mission de faire circuler toujours plus de marchandises, plus vite.
Ces quelques lignes paraphrasent celles de Mathieu Quet, sociologue et directeur de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (CEPED-IRD).
Pour l’auteur, il s’agit de penser cette organisation particulière du monde où la production, l’échange et le contrôle se confondent et tendre vers les même objectif : créer de la valeur et « gagner ».
On comprend mieux comment on en arrive agir et penser tels des centre de tri et pourquoi penser les mouvements plutôt que les circulations afin de contrer le régime logistique producteur de ruines.
« La logistique est cet art du transport et de la circulation qui consiste depuis d’antiques guerres à acheminer des vivres, des armes, des bêtes, des hommes d’un point à un autre sans perdre de vue ce qui compte : gagner. Mais tout comme la guerre se poursuit par d’autres moyens, sur d’autres terrains, la logistique s’est immiscée partout où elle le pouvait. De telle manière qu’il est aujourd’hui difficile de distinguer ce qui ne relèverait pas de sa raison. »
Une analyse utile pour quiconque cherchent les clés de compréhension d’un projet politique néolibéral et futuriste qui nous échappe et modélise nos vies.
A lire avec avec l’urgence de développer d’autres imaginaires de (non)-circulation, donc d’autres manière d’être ensemble, à contre-courant de maximisation de tout tout le temps.

Julien

Monts Metallife

Conseillé par (Libraire)
14 mars 2022

Anti-muse dadaïste

Emmy Hennings (1885-1948) était une artiste et écrivaine allemande, compagne d’Hugo Ball, fondateur du Cabaret Voltaire à Berlin (Berceau du mouvement Dada). Elle mena une vie de bohème. Drogue. Prostitution. Prison pour vol et autres agissements hérétiques.

Rédigé en 1921, Prison est texte tranchant et rigoureux, écrit poings serrés au fond d’une cellule. Avec phrasé affirmatif et transitif.
Une expérience de la prison directement vécue donc. On apprend les circonstances grotesques de l’incarcération : Emmy doit se rendre à Paris mais doit être auditionnée. Pour ne pas être considérée comme fuyarde, elle informe la police de son voyage et est emprisonnée par ce motif.
On peut faire le lien évident avec Le Procès de Kafka (1925). Tout s’enchaîne rapidement. Les quatre murs, la promiscuité et la froideur d’une machine administrative qui ne veut rien savoir d’humain.

« Dans la cour de la maison d’arrêt, j’ai vu le sourire souverains sur les visages des femmes et des filles qui font le trottoir ; filles victorieuses qui ont l’élégance de se déclarer vaincues. Cette courtoisie doit être dangereuse pour qu’on les enferme entre des murs épais » (p. 92)

Prison est carnet de bord où la langue sert de couteau de survie. Une survie qui passe par l’attention extrême portée aux autres et aux choses afin de rester digne.

« Elle préfère vivre aux côtés de ceux qui luttent, des pauvres, des affligés (…) Elle dit oui à la vie. Elle aime profondément les humains et leur égarements. » (Herman Hesse à propos de l’autrice)

Un ouvrage à ranger à côté des travaux de Gwenola Ricordeau (Pour elles toutes, femmes contre la prison) et de Nawal El Saadawi (Ferdadous, une voix en enfer).

Julien

Maxime ACTIS

Éditions de L'Ogre

18,00
Conseillé par (Libraire)
14 mars 2022

Comment écrire la réalité de la guerre?

Totalement à l’opposé d’une écriture de la guerre faite d’effusion romanesque, d’héroïsation perpétuelle et de trahison de l’expérience de la violence, Maxime Actis réussit, avec beaucoup de talent, à rendre compte d’une situation limite.
Ibrahim Qashoush, révolutionnaire et martyr syrien, est une entité explorée, décrite et imaginée grâce à un dispositif littéraire particulier. Une poétique basée sur l’assemblage, le montage et la récolte d’indices issus de diverses sources.
Le livre nous traverse alors de par la pertinence d’une telle mise en place scripturale. Aucun mot n’est plus haut que l’autre. Tout y est littéral, tendu vers l’objectivité, afin de matérialiser, on le pense, une juste distance à l’égard des événements, par respect et humilité envers les morts.

« Je n’imagine pas que ce livre puisse restituer la complexité des événements. Il n’est que que ce qui, depuis l’extérieur, la bordure, j’ai pu en percevoir, en lire, en entendre, en toucher, essayant dans ce geste fragile de comprendre ce qu’il se passait. Comme un écho lointain. » (p. 190)

Ibrahim Qashoush, donc, révolutionnaire et martyr syrien, est évoquée par le dessin de ses propres traces et de celles écrites par d’autres à propos de lui. Maxime Actis a réalisé en cela une sorte d’enquête dont les preuves du combat politique syrien sont sensibles, telles des signaux, dans les tréfonds de Facebook, Twitter, dans d’obscures revues, ou bien dans des vidéos faites des visages lointains du témoignage.

Éloignement et dialogue sourd toutefois palpables grâce à l’insertion fragmentaire d’un carnet de voyage d’un jeune homme en Grèce. Sans doute celui de l’auteur. Un voyage lent et visiblement remplit de torpeur et de hantise à l’égard d’une fin prévisible.
L’enchevêtrement littéraire des deux existences fantomatiques agit alors comme le travelling d’une double errance.

« Il va rester un jour de plus. Le matin la vue est belle sur le lac. Lumière très pure. Il se réveille avec une certaine mélancolie. Il regarde les choses comme si elles se dérober instantanément. C’est comme ça. » (p. 40)
« Un type guide le cameraman à travers la ville (…) Il faut passer à travers les maisons vides (…) C’est là qu’on voit le mieux l’immensité du désastre. En réalité, une ville, ça devient très vite un tas de gravats. » (p. 105)

Voici un livre étrange, quasi-documentaire, d’où se dégage une inquiétude pour notre époque une conscience à l’égard de la fragilité de l’existence.
La littérature aide à comprendre, à condition d’un remise en question des formes. Donc d’une manière de raconter.

Parvenir à écrire la réalité de la guerre est un plan de consistance éthique.

Julien

Conseillé par (Libraire)
4 mars 2022

Brouillon de soi

Quelle merveille !

Ce texte nous plonge dans la tête d'Annie Ernaux. Ce sont ses réflexions depuis plusieurs dizaines d'années, sur ses œuvres en cours ou à venir.

Tenu comme un journal, ce texte nous montre les chemins empruntés par l'autrice pour aboutir aux romans qu'on lui connaît et ceux qui ont été avortés. Une année, un événement à raconter, des idées, des mots, des doutes sur l'utilité du texte, sur la façon de l'écrire.

Ce genre de document est rare, il nous permet d'accéder à une intimité sans pudeur, celle d'une création en mouvement.

Aurélie

20,00
Conseillé par (Libraire)
4 mars 2022

Vibrante Virginia

Un Bd biographique haute en couleurs pour raconter la vie tourmentée de Virginia Woolf et plus particulièrement sa relation avec l'autrice Vita Sackville-West .
Chaque page est une merveille !
Une manière originale de découvrir la vie de cette femme aussi complexe que passionnante.
A découvrir !
Aurélie