Albertine

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Sous le pseudonyme d'Albertine, hommage à Marcel Proust, se dissimule une Joëlle passionnée de lecture depuis l'enfance. Mon appétit d'ogresse pour les mots, les histoires, les voyages à travers les pages ne s'est pas atténué avec les années. Je marche au coup de cœur, guidée par ma curiosité qui m'incite toujours à découvrir de nouveaux écrivains, à explorer de nouveaux genres. Je navigue entre romans policiers, fresques historiques, livres feel-good et essais sur l'actualité, au gré de mes humeurs et des rencontres avec certains auteurs. Participer à Dialogues Croisés, c'est partager ce bonheur de lire et avoir l'opportunité de mettre dans la lumière des « pépites » littéraires.

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20 août 2010

Attention ovni littéraire !

Attention ovni littéraire ! Rigolade assurée ! Doppler est un Norvégien lambda, père d'une ado "folle" du Seigneur des anneaux, d'un garçonnet, fou des Télétubbies et mari d'une charmante femme , extrêmement concentrée sur les travaux pour la nouvelle salle de bains : un homme heureux, quoi !

Et soudain, une chute de vélo, son crâne heurte le sol et au réveil, le voilà pris d'une envie terrible que quitter la civilisation et de se réfugier dans le grand parc voisin : une sorte d'appel de la forêt aussi irrésistible qu'incompréhensible...
Au début du livre, nous le découvrons effectivement dans la forêt, il y vit sous une tente et s'essaie avec plus ou moins de succès à la vie de "chasseur-cueilleur". Pour se nourrir, il tue une femelle élan mais son bon coeur l'oblige à adopter le petit de celle-ci. Bongo partagera son modeste abri, sera un confident idéal bien que peu loquace mais un piètre joueur de loto animalier, faute d'une préhension fine suffisante.
Notre homme fera des rencontres étonnantes lors de ses pérégrinations pour rechercher nourriture et lait demi-écrémé (carburant essentiel pour lui !) et le lecteur le suit, avec un sourire accroché aux lèvres.
Il n'empêche que derrière le rire se dessine une vraie réflexion sur notre société contemporaine . La télévision qui isole les individus plus qu'elle ne les rapproche, le besoin de consommer sans cesse, l'impossibilité de faire son deuil dans une époque où évoquer la mort est quasi tabou, tous ces sujets sont abordés avec intelligence au fil d'une histoire que l'on dévore avec jubilation.

roman

Le Livre de poche

8,40
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20 août 2010

"Confondue d'amour et d'effroi"

Certains romans nous marquent de façon indélébile, la Femme de l'Allemand de Marie Sizun appartient à cette catégorie. Plus les années passent, plus je suis sensible au style d'un auteur, à sa singularité. Le phrasé de M.Sizun, ces courts paragraphes comme des coups de poing m'ont fait une grande impression.

La folie est au coeur de ce livre, de même que la relation entre une fille Marion et sa mère Fanny. La narratrice est née d'une liaison, d'une passion pendant la guerre entre Fanny et un jeune soldat allemand. Cette naissance a bouleversé l'équilibre déjà fragile de la jeune femme, en proie à l'opprobre de sa famille et de la société. Elle revendique pourtant cet amour et garde dans son coeur le père de Marion, qu'on dit décédé sur le front de Russie. Ces épreuves ont mis au jour la maladie qui la rongeait déjà depuis l'enfance mais qui n'apparaissait que de loin en loin : elle est maniaco-dépressive et oscille entre l'exaltation la plus extrême et l'abattement le plus complet.
Marion va être le témoin au jour le jour de cette avancée progressive de la folie qui transforme sa mère en une personne qu'elle ne reconnaît pas , agressive, excentrique et prête à tout pour combattre ce qu'elle abhorre : la bourgeoisie dont elle est issue et ceux qui voudraient la rendre "normale". L'enfant, puis l'adolescente et enfin la jeune femme nous décrit ses années passées avec un être imprévisible, hanté par une "force mauvaise" qui régulièrement la submerge. Dans ces moments où leur quotidien bascule, elle doit faire appel à ses grands-parents maternels ou au médecin de famille tout en ayant le sentiment de trahir celle qui l'a mise au monde car elle sait que celle-ci va être internée et "calmée" de manière parfois brutale.
C'est cet insupportable calvaire que nous raconte Marie Sizun, cette impossibilité à aimer pleinement quelqu'un qui a en elle "une chose terrible, (une) chose mystérieuse, abominable, (qui) peut à tout moment se réveiller. Mais c'est peut-être aussi cette présence de l'ombre qui fait d'elle un être magique".
J'ai lu ce roman, prise dans la même spirale que Marion, "confondue d'amour et d'effroi" devant la Femme de l'Allemand.

roman

Points

6,90
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20 août 2010

le gloussomètre a explosé !

L'histoire, complètement loufoque, truffée de références littéraires, a déclenché chez moi une hilarité salvatrice. Le mois de juin, traditionnellement épuisant, entre les conseils de classe et la préparation du spectacle de fin d'année se présente dorénavant beaucoup mieux grâce à J.M.Erre.

Je viens de commander son premier roman "Prenez garde au chien" et son dernier devrait arriver dans ma boîte aux lettres prêté par une amie . Je sens que ces lectures à venir seront mes pauses détente des prochaines semaines.

Pour revenir à nos moutons, ou plutôt à notre héros, Toussaint Legoupil, il est à la recherche de ses origines. Ses parents , Mado la croqueuse d'hommes et Léon, maire de la petite commune de Croquefigue l'auraient adopté dans une congrégation religieuse de Chengdu en Chine. Seul hic, Toussaint est du plus beau noir. Notre homme, las d'une mère abusive et d'un père qui songe à faire de lui son digne successeur, quitte son village et ses séances chez le psy pour percer le mystère de sa naissance. Il sera accompagné dans sa démarche par Mimi, la femme que lui destinent ses parents et Ratounette, l'espiègle chauve-souris de celle-ci. Le décor est planté, accrochez vos ceintures car l'auteur va enchaîner à un rythme endiablé les situations les plus improbables, situations qui risquent de créer chez le lecteur des crises de gloussements impossibles à arrêter. Mention spéciale au passage avec Sue Ellen, la femelle panda. Qui a lu le roman me comprendra...

Le narrateur se présente au début comme un témoin des démarches de Toussaint, qui se retrouve par la force des choses à écrire la vie de celui-ci. Heureusement, il s'appuie sur des ouvrages de référence totalement imaginaires : La Bible de l'écrivain débutant, La Littérature en kit et Ecrire un roman ? Fastoche ! qui permettent à J.M.Erre de rédiger des notes de bas de page qui ont mis mes zygomatiques en joie.

Conclusion rapide : un petit coup de blues, Armande, médecin des âmes, vous recommande l'achat de l'intégrale de J.M.Erre !

roman

Buchet-Chastel

22,50
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20 août 2010

Tout simplement "gloussesque" !

L'histoire sortie de l'imagination de l'auteur est délirante et "gloussesque" (Je revendique ce néologisme !). Son héros, Félix Zac, est un ectoplasme mou d'une trentaine d'années, pacsé avec une prof de bio "bio" (J'ai remarqué que les deux vont souvent ensemble...) et père d'une Zoé, âgée d'un an et qui ressemble à une mini-tornade.

Félix a le mot travail en horreur et passe sa vie à regarder des films tellement mauvais qu'ils en deviennent cultes. Il s'adonne aussi vaguement à l'écriture de scénarios, tout en alternant bière blonde et brune... un boulet, diraient nos ados. ! Et voilà qu'un jour, une de ses histoires semble trouver grâce aux yeux d'un producteur : une palpitante enquête dans une maison de retraite pour acteurs mineurs ! J.M Erre s'amuse beaucoup, multipliant les points de vue, créant des créatures plus bizarres les unes que les autres et déclenchant souvent le rire chez le lecteur.

Un seul point m'a chiffonnée et je recopie ici le passage incriminé :

" Parmi toutes les insuffisances qui font de Félix un personnage auquel le lecteur moyen peut s'identifier, il en est une qui dépasse toutes les autres : l'exceptionnelle déficience de son sens de l'orientation. Cette tare l'avait amené à développer une technique compensatoire fondée sur un très ancien proverbe chinois trouvé dans un emballage de Carambar : "Puisque tu ne trouves pas en cherchant, tu trouveras en ne cherchant pas". En partant à l'avance, avec un esprit positif et un jerrican d'essence de secours, ça marche."

Je suis désolée mais je ne vois pas le moindre comique dans la technique du héros pour partir d'un point A et rejoindre un point B. D'abord, on ne parle pas de "tare", ce n'est pas gentil mais de "handicap léger "...

Prenons quelqu'un au hasard, par exemple moi, créature douée d'une cervelle (Si !) et dépourvue du sens de l'orientation. Vous croyez que mon existence est drôle, je vais vous confier un épisode de ma triste existence qui va vous arracher des larmes.

Nantes, mars 2002, service ophtalmo de l'hôpital

Pour une raison indépendante de notre volonté, ma Moitié doit rester veiller Demoiselle Cadette qui va être opérée le lendemain et moi, je dois quitter les lieux et rejoindre l'hôtel que l'Homme avait réservé pour lui. Lueur de panique dans les yeux du mâle, attitude bravache de ma part : "Fastoche, c'est à quelques rues de là! " L'Homme me réexplique plusieurs fois l'itinéraire, me rappelle le nom de l'hôtel, me somme d'aller manger dans un restau qu'il a repéré, me fait répéter les instructions et se ronge les ongles d'anxiété.

Je franchis le seuil de la chambre d'un pas conquérant et me précipite à la cafétéria de l'hôpital pour acheter des chocos et une plaquette de chocolat. Si jamais j'atteins un jour l'hôtel, hors de question que je ressorte pour aller manger à l'extérieur ! Je mettrai des miettes de gâteaux partout sur la couette et engloutirai tout le chocolat en regardant un programme débilitant à la télé.

Première étape : franchir les portes du hall et découvrir que dehors, horreur, malheur, il fait NUIT ! Logique en cette saison et à 19h30 mais HORRIBLE quand même !

Deuxième étape : pleurer une bonne fois pour se déboucher les sinus. C'est bien connu : sinus bouchés, courage diminué !

Troisième étape : regarder le plan, se demander dans quel sens le prendre (Mince, tout à l'heure, l'Homme avait l'air de trouver la manipulation du truc facile)

Quatrième étape : ranger le plan, ces bidules, ça sert à rien, rien ne vaut l'instinct !

Cinquième étape : sillonner au hasard le quartier en se répétant le nom de la rue façon mantra.

Sixième étape : au bord de la crise de nerfs, trouver enfin la rue et là, le doute : il y a bien un hôtel mais qui s'appelle Les Colonies. Bizarre, vous aviez l'impression de l'Homme avait dit Les Colibris. Bon, en même temps, les deux noms se ressemblent et vous avez super mal aux pieds.

Septième étape : rentrer dans l'hôtel et demander d'un ton qui se veut assuré s'il y a bien une chambre réservée pour M.Untel. Alléluia ! C'est là !

Huitième étape : Vautrée sur le lit, vous n'en revenez pas de votre exploit, vous le savourez même quand le téléphone sonne. Une voix inquiète, au bout du fil, vous demande : "Chérie, tout va bien, tu n'as pas eu de mal pour trouver ?" Cette question, bien sûr que vous êtes arrivée à destination ! Il croyait quoi, que vous alliez errer toute la nuit dans Nantes... Le cas échéant, vous aviez prévu double ration de chocos. Perdue, d'accord mais morte de faim, non !

Alors, maintenant, on s'amuse moins, monsieur l'auteur. Apprenez qu'il y a des sujets douloureux avec lesquels il ne faut pas rire ! je suggère un règlement à l'amiable pour le préjudice subi : m'offrir un exemplaire de votre livre (Je vous laisse voir les modalités avec votre maison d'édition.)

Quoi, j'entends certains derrière leur écran s'exclamer : "Elle manque pas de culot la môme Armande !". Du culot ? Relisez mon témoignage pathétique et surtout prenez en compte le fait que le lendemain, il m'a fallu repartir de l'hôtel (mon point A) pour gagner l'hôpital (mon point B) et que l'entreprise m'a encore coûté quelques sueurs froides...

Je compte sur vous, fidèles lecteurs de chez Dialogues pour appuyer ma demande, d'une légitimité incontestable ;-)

Le Cherche Midi

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19 août 2010

"Stand by me"

Ce roman m'a irrésistiblement rappelé ce film de Rob Reiner vu et adoré il y a une vingtaine d'années.
Pourquoi ? Une petite ville Starvation Lake, à la frontière canadienne, un groupe d'enfants unis par une passion commune : le hockey, et une amitié de chaque instant entre Gus Carpenter, surnommé Trap, et Andel Cambell alias Soup. Ces surnoms que les garçons se sont attribués quand ils étaient enfants n'ont pas été abandonnés à l'âge adulte. Peut-être parce que les deux hommes n'ont jamais vraiment grandi ? Pour ceux qui connaissent "Stand by me", les points communs sont nombreux.


L'histoire démarre alors que Gus est de retour dans sa bourgade d'origine. Il a travaillé dix ans pour un journal prestigieux de Détroit mais a été démissionné pour avoir porté atteinte dans des articles dignes du Pulitzer à une grande firme automobile. Il vivote donc au Pilot, la feuille de chou locale, et retrouve les habituelles railleries qui l'avaient éloigné de la ville. Adolescent, goal dans l'équipe "municipale", il a laissé passer un palet lors de la finale d'Etat, et les habitants depuis ce jour n'ont de cesse de lui rappeler ce "triste" épisode.
Plus que les moqueries de la population, le plus dur à supporter pour lui a été le comportement de "Coach", l'entraîneur adulé, qui s'est alors détourné complétement de lui.
A trente-quatre ans, ses vieux souvenirs le hantent encore et cela ne risque pas de s'améliorer car la motoneige de son ancien mentor refait surface au milieu d'un lac. Celui-ci s'est noyé accidentellement dix ans auparavant. L'affaire semblait classée mais l'engin porte des impacts de balles...
Notre journaliste va enquêter, retourner sur ses pas et reconsidérer son passé, non plus avec ses yeux d'enfant mais avec le regard acéré de l'amateur de "scoop". L'attrait principal de ce roman, c'est la description de Starvation Lake, de cette petite communauté où tout le monde se connaît. Gus a voulu s'éloigner de cet endroit pour gagner un peu de recul et d'anonymat. Ses démarches pour comprendre les mystères qui entourent la mort de son coach vont l'obliger à côtoyer de nouveau tous les adultes qui sont des figures familières depuis sa naissance.
Au fil des jours, notre homme va perdre beaucoup de ses illusions... mais comme dans le film, Soup va pouvoir compter sur Trap pour le soutenir dans les épreuves. Preuve que dans ce petit univers parfois sordide, une amitié nouée dans l'enfance peut offrir une planche de salut, voire même guérir certaines blessures intimes.
Ce premier roman de Bryan Gruley m'a bluffée ! Trois soirs de lecture non-stop à entendre le glissement des patins sur la glace et à guetter le souffle d'un passé qui veut renaître...