Albertine

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Sous le pseudonyme d'Albertine, hommage à Marcel Proust, se dissimule une Joëlle passionnée de lecture depuis l'enfance. Mon appétit d'ogresse pour les mots, les histoires, les voyages à travers les pages ne s'est pas atténué avec les années. Je marche au coup de cœur, guidée par ma curiosité qui m'incite toujours à découvrir de nouveaux écrivains, à explorer de nouveaux genres. Je navigue entre romans policiers, fresques historiques, livres feel-good et essais sur l'actualité, au gré de mes humeurs et des rencontres avec certains auteurs. Participer à Dialogues Croisés, c'est partager ce bonheur de lire et avoir l'opportunité de mettre dans la lumière des « pépites » littéraires.

roman

Philippe Rey

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17 août 2010

Si tu n'aimes pas mes plats, prends garde à toi !

J'ai profité de mon récent passage à la librairie pour ajouter ce roman à ma PAL (pile à lire) déjà bien replète ! Le moins que l'on puisse écrire est que l'héroïne ne manque pas de piquant. Jung Jiwon, passionnée de gastronomie, à la tête d'une école de cuisine de renom, est abandonnée par son compagnon qui lui préfère une ex-mannequin. Cette séparation lui fait perdre pour elle l'essentiel : le plaisir de créer des plats et de manger car chez elle, nourriture et amour sont intimement liés. Son talent est à son paroxysme quand elle est en cuisine pour celui qu'elle aime. S'il n'est plus là, pourquoi cuisiner ? S'il n'est plus là, pourquoi continuer à exister ? Won ferme son école et réintègre le restaurant Nove où elle occupait la place de sous-chef. Peu à peu, elle réapprend à utiliser ses sens comme paralysés par le chagrin mais ne guérit pas pour autant. Elle aime toujours l'absent et la présence de Pauli, le chien de celui-ci qu'elle a gardé, ne fait que raviver les souvenirs heureux de leur vie à trois.

Après ma plongée dans l'univers chloré de Nicola Keegan, je me suis trouvée happée par l'univers de Kyung-Ran Jo où légumes, viandes, poissons, herbes aromatiques forment une ronde endiablée qui finit par étourdir le lecteur. Tout n'est que sollicitation des sens, presque jusqu'à l'overdose.

La fin que je ne vous dévoilerai pas (J'ai donné ma langue au chat !) est extraordinaire de raffinement et de cruauté. Je vous laisse le plaisir de la découvrir...

Éditions de L'Olivier

Conseillé par
17 août 2010

un livre qui sent le chlore !

Lire ce roman au moment où les championnats d'Europe de natation battent leur plein permet de regarder autrement ces athlètes qui fendent les ondes...

Mes filles ont des gènes de dauphins et fréquentent assidûment la piscine. Quant à moi, mon maillot prend tranquillement la poussière au fond d'un placard, l'eau étant trop "mouillée" à mon goût !

Cette aversion pour l'élément liquide chloré ne m'a pas empêchée d'adorer ce livre et son héroïne Philoména : 1m90, des pieds d'extraterrestre et des battoirs en guise de mains.

Elle va devenir la fierté de l'Amérique et de son Kansas natal en décrochant pas moins de huit médailles d'or aux Jeux Olympiques de Barcelone ! Sous contrat publicitaire avec Speedo, elle va incarner la jeune fille bien dans sa peau, dont tout parent serait fier. Nicola Keegan aurait pu écrire un roman parfaitement ennuyeux sur le parcours exemplaire d'une athlète de haut niveau. Il n'en est rien, elle nous permet d'accéder à l'envers du décor, décrit les rouages de l'implacable machine à gagner mise en place autour des adolescents prometteurs : coach divers et variés, nutritionnistes, psychologue, gourous. Elle raconte l'existence de ces futures étoiles des bassins et c'est passionnant !

Plus passionnant encore, l'auteur nous révèle les motivations de ces champions, ce petit quelque chose qui les distingue des autres. Pour Philoména, ce n'est pas tant son physique hors-norme que les décès prématurés de sa soeur aînée et de son père. Nager, c'est le moyen pour elle de surmonter ce double traumatisme. Chacun sa méthode, sa mère trouve refuge dans son lit, Roxanne, une de ses soeurs, dans la drogue.

Au début du roman, l'auteur nous décrit les premiers mois de Philoména, un bébé hyperactif, qui ne s'apaise que dans l'eau. Elle nous permet aussi de faire connaissance avec Léonard, le père, grand spécialiste des chauves-souris et pilote émérite et de sa femme, débordée par l'énergie de son deuxième rejeton. Les années passent, Roxanne et Dot naissent, les filles fréquentent une école religieuse. La narration est drôle, juste. Le lecteur se surprend souvent à rire aux bêtises commises par Philoména et sa grande copine Lilly Cocoplat. La natation fait partie de la vie de l'héroïne mais n'occupe pas la première place. Survient alors le cancer de Bron, sa soeur aînée et son univers familial va voler en éclats. Et là, déluge lacrymal de Dame Armande qui partageait avec délice le quotidien des personnages. De cette tragédie naîtra une championne, lourd prix à payer même si au bout brille l'or olympique.

Il s'agit du premier roman de Nicola Keegan et c'est une réussite. J'ai gardé le meilleur pour la fin. Le style est singulier, mêlant le poétique et le trivial, le réalisme et l'onirisme. Je crois qu'avec ce livre, un auteur est né, qui sera à suivre de très près dans les années à venir.

A titre personnel, je lui décerne la médaille d'or de l'originalité dans une rentrée littéraire qui manque un peu d'éclat.


Conseillé par
17 août 2010

un roman enchanteur

Merci à Gwenaëlle pour le prêt de ce roman enchanteur, qui m'a fait irrésistiblement pensé à la chanson d'Alain Souchon : "Sous les jupes des filles" et à son refrain :"La faiblesse des hommes, elles savent / Que la seule chose qui tourne sur cette Terre / C'est leurs robes légères".

Au début de cette autobiographie, l'auteur ne parvient plus à écrire, la source des mots semble tarie. La rencontre avec Luz, une comédienne, dont il tombe amoureux, lui redonne le goût des histoires et celle qu'il va lui conter, c'est la sienne. Il entraîne sa belle dans les ruelles du Tunis de son enfance, où l'uniformité ne règne pas encore comme à notre époque. Les nationalités, les cultures, les religions se côtoient de manière pacifique, sans pour autant se mélanger. Ali Bécheur décrit des épisodes avec beaucoup de truculence comme les parties de football où lui, le "fils à maman", d'une famille de notables, "s'encanaille" avec bonheur avec des garçons issus de milieux moins favorisés. Son verbe se fait beaucoup plus lyrique quand il évoque les femmes, toutes les femmes : la première : sa mère, ses tantes dont Ommi Khadouja, la merveilleuse raconteuse d'histoires et puis les jeunes filles aimées de loin jusqu'à son épouse et ses maîtresses. L'auteur trouve des mots somptueux pour évoquer l'amour charnel, d'une poésie puissante et magnétique.

Ce livre m'aura ouvert les portes d'une ville extraordinaire, reconstituée par la magie de l'écriture. Ali Bécheur évoque les nuits où, petit garçon, il était blotti dans le lit près de Khadouja, à écouter les contes qu'elle déroulait pour lui comme un tapis magique sur lequel il s'évadait. Il écrit que ces moments lui ont fait comprendre que "Derrière le monde se cachait un autre monde, il suffisait d'en pousser la porte. Un monde surgi de mots égrenés, de silence, de nuit, une architecture impalpable plus réelle que la réalité même".

C'est bien ainsi que je conçois la littérature. Pendant quelques soirées, je n'étais plus dans mon Trégor d'adoption mais dans le Tunis sensuel de l'auteur...

J'ai découvert, grâce à ce prêt non seulement un auteur mais aussi les éditions elyzad, repérables à leurs couvertures colorées.

Conseillé par
17 août 2010

Pauvre William

Je le précise d'emblée, je suis de celles qui avaient apprécié la lecture de "Maudit karma" du même auteur. Mais là, je dois reconnaître que je n'ai pas adhéré une seconde à cette "farce" grossière.

David Safier met en scène une "Bridget Jones" allemande, rondelette et insatisfaite qui répond au doux prénom de Rosa. Son grand amour, Jan, l'a plaquée et elle voudrait à tout prix le récupérer mais ne sait comment s'y prendre. Heureusement se présente sur son chemin un magicien nommé Prospero (Qui n'a pas compris la fine allusion me relira 10 fois La Tempête ...) qui "l'expédie" dans le passé, histoire qu'elle comprenne, cette cruchette, ce qu'est le véritable amour. Après, reconquérir Jan, dentiste de son état (métier hyper glam) devrait être un jeu d'enfant.

Et devinez quoi ... notre donzelle se retrouve dans le corps de William Shakespeare ! Il y avait matière à un bon roman. L'auteur s'enlise dans une reconstitution historique caricaturale où les moments supposés drôles sont les difficultés de Rosa pour faire ses petits besoins !


Notre héroïne va découvrir peu à peu la futilité de son existence, les vraies valeurs tout en cavalant à droite et à gauche poursuivie par Francis Drake, des espions espagnols, des gros bras engagés par un aubergiste et la reine elle-même qui surgit aux moments les plus inattendus et que Rosa surprend même sur le trône (Vous avez compris lequel...).

Cette lecture est une déception, le seul qualificatif qui me paraît convenir pour ce récit est LOURD !

roman

Les Presses de la Cité

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12 août 2010

Bonjour ennui...

Pour ne rien vous cacher, j'avais emporté dans mes valises pour les vacances "L'amour à la lettre A" de Paola Calvetti et je l'avais dévoré en deux soirées. L'idée de la librairie spécialisée dans les romans d'amour était sympa et les personnages à l'avenant. D'accord, ce n'était pas le récit du siècle mais début juillet, les neurones en compote après l'année scolaire, je n'avais pas boudé mon plaisir.

C'est donc en confiance que j'ai demandé à chroniquer "L'amour secret"... "Mouif" (exclamation dubitative) ! Je me suis terriblement ennuyée. Tout le charme du roman lu au début de l'été semble s'être évaporé, ne reste qu'une énième variation sur l'amour adultère. L'auteur met en scène une dame âgée, Costanza, établie en Provence, près de l'Isle sur la Sorgue. Elle coule des jours heureux avec son troisième époux, Thierry, un modèle de tendresse et de délicatesse. Il court les antiquaires pour sa chérie et les deux vieux tourtereaux forment un tableau idéal dans un Sud de la France de carte postale. Survient Lucrezia, la fille d'un célèbre violoncelliste qui vient de décéder. Elle a trouvé dans les affaires de son père les lettres que Constanza adressait à celui-ci. Ciel, Papounet avait une maîtresse ! Que va-t-il se passer lors du week-end que Lucrezia va passer chez celle qui avait volé le coeur de son père ? Et bien...pas grand-chose ! Le lecteur a le droit aux émois, aux atermoiements, aux larmes, aux réconciliations des deux amants. Tiens, ils passent une semaine ensemble en Bretagne (P.Calvetti a bon goût : elle doit aimer les crêpes !). Et de nouveau, émois, atermoiements, larmes et réconciliations... Je suis restée totalement insensible à cette passion décrite sans originalité particulière.

Mauvaise pioche !