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    11 mai 2022

    Antonin Nompart de Caumont, marquis de Puyguilhem -prononcé à l'époque, Péguilin-, futur duc de Lauzun (1633-1723) est un militaire, qui arrivé à 14 ans à Paris est élevé par le maréchal de Grammont, cousin de son père. Il entre à l'académie militaire et devient un favori du jeune Louis XIV qui aime beaucoup son audace, son franc-parler et ses réparties qui peuvent faire très mal aux réputations.

    Lauzun se distingue sur les champs de bataille par un courage qui frise l'inconscience, mais il est également brillant avec les dames, multipliant les conquêtes, s'attirant l'amour fou de la Grande demoiselle, Mlle de Montpensier, cousine du roi, l'une des plus grandes fortunes du royaume.

    Michel Ruffin signe un roman qui prend ses sources dans la réalité, il semble même que le terme roman soit davantage pour fluidifier le texte, pour le rendre plus abordable qu'une biographie, s'accorder quelques ellipses car, d'après ce que j'ai lu sur Lauzun, tout est vrai. Il fut un personnage incroyable. D'une constitution remarquable puisqu'il vécut jusqu'à 90 ans passés et vert jusqu'au bout, tant physiquement que verbalement, toujours cinglant dans ses remarques. Cet homme sut, par son courage, par sa vie, ses vacheries, sa flagornerie, ses manœuvres pour obtenir de l'avancement, s'attirer la sympathie mais aussi des inimitiés éternelles, notamment celle de Louvois, l'un des ministres les plus influents du règne de Louis XIV qui commença secrétaire d'état à la guerre succédant ainsi à son père. Et d'intriguer auprès du roi et de ceux qui lui parlent à l'oreille pour avoir le commandement de tel régiment, le plus prestigieux si possible. Et de sauter de couche en couche avec des femmes mariées ou pas. Il a des côtés chevaleresques, se met en péril pour un bon mot, le paiera cher et fera tout pour revenir en grâce. Il est aussi agaçant de flatterie, de courbettes aux puissants qu'il est éclatant de courage et d'esprit, c'est d'ailleurs cela qui le sauvera d'une disgrâce -voire pire- à vie.

    Michel Ruffin a une plume vive, alerte et ne cache pas une certaine admiration pour Lauzun -mais qui ne l'a pas à la lecture de ses actes ?- sans pour autant le ménager dans ses excès. Et de nous plonger à la cour de Louis XIV qui fut sans doute le règne le plus flamboyant, celui des courtisans les plus zélés, pour peu que l'on se place du côté des puissants, car du côté des gens du peuple, le constat est sans doute plus dur. Je ne suis pas un spécialiste en histoire, mais je m'y intéresse et jamais je ne me suis senti perdu. Tout est resitué dans l'époque, dans les guerres en Europe pour le pouvoir.

    C'est vraiment un bouquin passionnant pour lequel le terme de roman est bien choisi, car la vie de Lauzun en fut un, une série d'aventures, de hauts et de bas. Dès lors, pourquoi inventer lorsqu'on tient un personnage comme icelui ?