L'aigle des tourbières

Gérard Coquet

Jigal

  • Conseillé par
    23 avril 2019

    Un polar qui a dès ses début ce genre de phrase : "La pièce possédait le charme discret d'un bloc opératoire vide. " (p.14) ne peut pas être mauvais. Gérard Coquet met dans le sien tout ce qu'il faut pour alpaguer son lecteur et ne plus le lâcher. Une introduction dans l'Albanie des années 80 assez longue et nécessaire pour bien comprendre toute l'intrigue, qui, justement, bien que dense, multiple et parfois ardue à saisir tient tout le bouquin. L'auteur n'épargne pas les rappels, les topos des flics, bienvenus pour ne pas perdre le fil. C'est très bien fait et vraiment maîtrisé, sans cela, je m'y serais perdu rapidement. Et non, je n'en dirai pas plus, d'une part parce que l'intrigue principale n'est pas facile à résumer sans perdre son intérêt et d'autre part je préfère laisser le suspense.

    Un autre atout de ce polar est représenté par les personnages, Ciara en tête, atypique, une flicque au langage familier qui collabore avec Bryan Doyle, qui lui, use d'une lange châtiée et se permet des réparties chiadées qui tranchent avec sa collègue, apportent de l'humour et parfois même un peu de légèreté. Le duo fonctionne bien entre le scientifique qui ne peut s'empêcher d'envisager toutes les hypothèses et l'instinctive qui a des fulgurances qui ne préviennent pas.

    Ensuite, il y a les deux pays : l'Albanie d'abord, ses paysages, pas toujours exceptionnels, surtout en 1981, ses habitants qui vivent sous une double dictature : celle d'Hoxha et celle du Kanun. Puis il y a aussi l'Irlande, son climat froid et humide, ses pubs bondés où la Guiness coule généreusement, ses paysages pas toujours accueillants et exigeants avec les Irlandais, iceux des gens hauts en couleur.

    Le tout bien mélangé forme un polar humide, râpeux, malté -bière ou whiskey-, parfois violent, dur, fortement ancré dans une réalité internationale, instructif, ... bref, un excellent polar, tout simplement.