Le premier roi du monde - L'épopée de Gilgamesh, l'épopée de Gilgamesh
EAN13
9782013222396
ISBN
978-2-01-322239-6
Éditeur
Le Livre de poche jeunesse
Date de publication
Collection
Livre de Poche Jeunesse (1008)
Dimensions
18 x 12,5 cm
Poids
150 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le premier roi du monde - L'épopée de Gilgamesh

l'épopée de Gilgamesh

De

Le Livre de poche jeunesse

Livre de Poche Jeunesse

Indisponible

Autre version disponible

© Hachette Livre, 2004.
Illustration de couverture : Charlotte Gastaut
ISBN: 978-2-013-23132-9À Zoltan et Svéwa
cette histoire où la volonté de vivre
emporte le dernier mot.

PRÉFACE

Cette histoire est très ancienne, parmi les plus anciennes connues à ce jour. 3 500 ans environ. Elle nous vient de Sumer, une province du sud de la Mésopotamie, l'Irak d'aujourd'hui.

Les Sumériens passent pour1 avoir inventé l'écriture. Ils étaient donc bien placés pour créer des histoires qui exprimaient leurs espoirs, leurs craintes, leurs questions sur l'organisation du monde, la place de l'homme... Une fois gravés sur des tablettes d'argile, ces récits ne s'oubliaient plus et pouvaient se transmettre aisément, de mémoire en mémoire.

C'est ainsi que la folle épopée de Gilgamesh, roi de la ville d'Ourouk, est parvenue jusqu'à nous. Elle raconte la lutte éperdue qu'il engagea contre la mort quand il prit conscience qu'il devrait mourir lui aussi.

Pourtant, il connaissait la mort, puisqu'il était roi, chef d'armée, belliqueux, avide de conquêtes et de puissance. Chacune de ses victoires laissait derrière lui des jonchées de victimes. Mais la mort ne l'avait jamais touché directement. Donc il ne l'avait jamais bien vue.

Le malheur est toujours pour les autres. Quand on consent à l'envisager pour nous, on imagine qu'on trouvera bien une solution pour se tirer d'affaire... Cette illusion a traversé les millénaires.

Mais Gilgamesh, un jour, fut bien obligé d'ouvrir les yeux. Grâce à son seul ami, Enkidou.

Enkidou était un sauvage dont Gilgamesh l'invincible avait eu peur. Pour le vaincre, il avait conçu un plan diabolique : le civiliser.

Cependant, Gilgamesh n'avait pas prévu qu'une amitié allait naître entre eux, les lier, les transformer et les rendre indispensables l'un à l'autre.

Cette amitié leur donna des ailes et le monde, trop petit pour eux, se mit à vibrer de leurs exploits. Jusqu'au jour où les dieux, fâchés de leur arrogance, décidèrent de leur porter un coup d'arrêt, en leur rappelant qu'ils n'étaient que des hommes. La leçon fut terrible. Ils firent mourir Enkidou et subir à Gilgamesh la mort de son délicieux ami.

Alors Gilgamesh, serrant le corps d'Enkidou contre lui, hurla contre les dieux et jura de les affronter pour leur arracher l'immortalité.

C'est cette bataille de géants que les Sumériens ont gravée dans l'argile. Pouvaient-ils espérer qu'elle nous parviendrait et qu'elle nous ferait tourner nos regards vers les étoiles, comme ils les tournaient eux-mêmes, pour apprivoiser les mystères infinis de la vie ?...

Amitié, amour, ambition, gloire, orgueil, domination, peur, solitude, angoisse, désarroi... Les sentiments sont les vêtements indémodables de nos personnalités. Gilgamesh, Le premier roi du monde, les a taillés à sa mesure, endossés, usés jusqu'à la trame, avant de nous les léguer, intacts, remis à neuf, pour que nous les portions à notre tour.

J.C.
1. Jusqu'à ce qu'une nouvelle découverte archéologique vienne remettre en question nos connaissances actuelles.

1

Asseyons-nous à l'ombre de cette haie...

Asseyons-nous à l'ombre de cette haie et laissons décliner les feux du plein midi. Je vais te raconter une histoire très ancienne. Et ce champ d'orge qui mûrit sous le soleil de la plaine pourra témoigner que je rapporte l'exacte vérité. Il la connaît et il n'y a pas de meilleur lieu pour conter. Aussi, installe-toi bien, face à moi, car je veux pouvoir te regarder en parlant.

C'est l'histoire d'un roi. Un roi si grand qu'il vaut à lui seul toute une race. Son nom ? Gilgamesh... Un peu compliqué à prononcer, n'est-ce pas ! Pas « Jil »gamesh, mais « Guil »gamesh. C'est un nom sumérien ! Entraîne-toi, fais-le rouler dans ta bouche, déglutis-le. Une fois, deux fois... Écoute-le emplir ta poitrine, se mêler à ton souffle, à ta vie...

Gilgamesh... Voilà, c'est beaucoup mieux...

Gilgamesh, donc, règne sur une ville de Mésopotamie : Ourouk. Une capitale puissante, redoutée de ses voisins et protégée par un rempart de briques hérissé de neuf cents tours. Une capitale fertile : mille hectares de jardins, de vergers, d'enclos pour le bétail, petit et gros, d'étangs poissonneux, de temples et de palais, de quartiers résidentiels pour les puissants, de quartiers populeux où la vie déborde dans les ruelles, d'ateliers où le four du potier n'a jamais le temps de refroidir, où l'osier n'est jamais inerte entre les mains du vannier, et la forge toujours incandescente pour fondre le bronze, couler les armes et les outils. Une capitale bruissante. Le grand fleuve Euphrate, après son périple depuis les neiges d'Arménie, s'y apaise avant d'épouser la mer. Et ses eaux, poussées par la rame tranquille des bateliers aux barques de roseaux, font partout chanter ce jardin de la création.

Voilà le domaine dont Gilgamesh est le maître. Il le gère, le dirige à sa guise, le plie à sa volonté et ne rend compte de ses actes qu'aux dieux, les véritables propriétaires. Ils sont deux à se partager la vie et à la protéger. Anou, le plus grand de tous, et Ishtar, la Dame-du-Ciel, qui règne sur l'amour et aussi sur la guerre.

Pourtant, malgré cette protection, Ourouk ne connaît pas la paix car Gilgamesh ne lui laisse aucun répit. Il se conduit avec son peuple comme avec ses ennemis : brutal, autoritaire, violent. Le pays est à lui, avec tout ce qu'il contient : les terres et leurs fruits, les bêtes et leurs petits, les hommes, les femmes, les enfants. Il y puise à volonté, comme en un silo, selon ses désirs, ses caprices. Sa main est lourde et ses appétits dévorants. Il reprend les terres qu'il a données en récompense, crée sans cesse de nouvelles taxes, impose des corvées, diminue les salaires journaliers, payés en orge, en dattes, en huile de sésame... Et lorsqu'il quitte son palais, ses descentes en ville sont redoutées. Il débarque dans les quartiers avec ses courtisans braillards — des voyous —, provoque des querelles pour le plaisir d'étaler sa force et de casser. On suit sa trace aux échoppes sens dessus dessous, aux maisons éventrées, aux terrasses écroulées, aux cris, aux larmes, aux lamentations.

— Pauvres de nous ! Qui nous débarrassera de lui ?

— Il a besoin d'une leçon !

— Qui en viendra à bout ?

Mais personne pour oser l'affronter. Il le sait !

Pourtant, son arrogance et ses excès ne seraient rien s'il ne s'en prenait qu'aux biens. Il y a pire : les jeunes gens, qu'il enrôle dans sa troupe, pour guerroyer au loin, changés en fauves cruels, en barbares ; et les jeunes filles, qu'il couche dans son lit, pour son plaisir.

Alors, partout, dans les foyers où des jeunes ont déjà été abîmés, dans les foyers où la menace n'est pas encore tombée, les pères ruminent leur colère, les mères ravalent leur chagrin, et chacun, prenant les statues des ancêtres à témoin, appelle les dieux à l'aide, car il n'y a de recours qu'en eux.

Les dieux sont en effet les créateurs du monde : ils ont tiré de la Mer la première motte d'argile, dont ils ont façonné le monde. Ils ont mêlé leur sang à la boue et touillé ce mélange pour donner naissance à l'humanité. Ils ont doté les hommes d'un esprit, pour les protéger de l'oubli. Puis ils leur ont remis la houe, le couffin, le moule à briques, pour qu'ils fassent pousser les plantes et construisent le pays. Ils sont immenses et tout-puissants. Et même si Gilgamesh est leur préféré, ils ne peuvent ni rester sourds aux prières, ni demeurer insensibles aux offrandes qui, de toute la ville, s'élèvent vers leur résidence du Ciel.

Cela n'impressionne pas Gilgamesh. Il entend les dévotions et voit monter les fumées des sacrifices. Il sent le fumet des viandes grillées — moutons, béliers — et l'odeur du sang répandu sur les autels. Il rit. Il s'esclaffe. Tant de murmures contre lui, marmonnés par tous les silencieux-du-pays et pas un seul qui ait le courage de se dresser devant lui pour dire ses reproches à voix haute !

— Vous perdez votre temps ! Les dieux ne vous écouteront pas, ils sont de mon côté. Je leur ressemble. Je suis fier comme eux, orgueilleux, et j'ai déjà un pied dans le Ciel, car ma mère, Ninsouna, est la déesse du gros bétail. Et moi, son fils, je suis le Buffle d'Ourouk !

Sur la terrasse de son p...
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