Les grandes impostures littéraires, canulars, escroqueries, supercheries et autres mystifications
EAN13
9782909240701
ISBN
978-2-909240-70-1
Éditeur
Ecriture
Date de publication
Collection
ESSAIS ET DOCUM
Nombre de pages
358
Dimensions
10 x 10 x 2 cm
Poids
439 g
Langue
français
Code dewey
098.3
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Les grandes impostures littéraires

canulars, escroqueries, supercheries et autres mystifications

De

Ecriture

Essais Et Docum

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DU MÊME AUTEUR

Salva™, roman, Denoël, 2006.

Dictionnaire de la pornographie, Presses Universitaires de France, 2005 (dir.).

Peau, Tatouage et Percing, Fitway, 2004 (images de Ph. Vaurès).

Michel Bouvet, affiches, esquisses et autres voyages (avec M. Lenoir, A. Weil, D. Zaccaria), Textuel, 2004.

Tentatives de sourires et autres plongeons, Denoël, 2002.

Citizen Data – Beyond Electronical Revolution, Sens & Tonka, 2001.

My Love Supreme, roman, Denoël, 2001.

La Question du mâle, Derrière la salle de bains, roman, 2000.

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eISBN 978-2-3590-5134-6

Copyright © Écriture, 2006.

Introduction

Guillaume Apollinaire a-t-il endossé la paternité de manuscrits qui n'étaient pas de lui ? Qui est l'auteur d'Histoire d'O ? Corneille a-t-il réellement écrit les comédies de Molière ? Comment le journal d'Adolf Hitler, un faux grossier, a-t-il pu abuser la presse internationale ? Qui est vraiment Jack-Alain Léger ? Les Mémoires de Napoléon ont-ils été trafiqués ? Shakespeare a-t-il seulement existé ?

Qu'est-ce qu'une imposture ? « Un individu, avançant masqué ou non, choisit d'abuser plus ou moins un public, généralement dans la confidence d'un ou de plusieurs initiés, en produisant un texte qui se révélera autre que ce qu'il prétendait être. Chacun se souvient de l'« affaire Gary-Ajar » ; il en est d'autres, moins connues, pas forcément littéraires, tout aussi fabuleuses ou tragiques.

Ici, il s'agit principalement (mais pas seulement) de rapporter et commenter quelques aventures liées aux livres, aux écrivains et aux nombreux « trafics » qui les entourent. Le livre n'est pas perçu, en France du moins, comme un « produit » classique. À en croire certains, l'opinion publique détesterait les discours mensongers, le marketing ou la politique urbaine, quoiqu'elle tolère parfois une forme de tromperie sur la marchandise. Mais un essai qui proposerait un pari économique formidable relevant de la fumisterie ? La biographie « incontournable » d'une personne, en définitive fictive ? Un auteur en vogue qui n'aurait jamais écrit un traître mot ? On se dit qu'un camelot trouvera toujours des dupes, mais on préfère penser qu'un auteur trompant son public... ça ne trompe personne ! Un livre ne saurait mentir : pourtant, un succès de librairie qui assène des inepties sur tel ou tel sujet ne peut exister qu'avec la complicité d'un public disposé à gober une illusion de savoir. Convenons-en : nous, lectrices et lecteurs, aimons parfois nous laisser berner !

Il est manifeste que celle ou celui qui choisit de tromper, de tricher, de se masquer derrière ce genre de textes reste un créateur, et sa production une (re)création. Les « grandes affaires » abordées dans cet ouvrage témoignent le plus souvent d'une certaine dose d'intelligence (des nœuds presque parfaits), d'humour (le rire sous le masque), de ruse (exploiter des failles) et de savoir-faire (le style) que l'Institution (ce « monde des Lettres » si corseté) fait mine de mépriser, comme s'il ne s'agissait que d'une bonne blague. Et c'est vrai que, souvent, le rire n'est pas loin !

Dans ce livre, nous n'avons pas voulu ou pu restreindre notre étude au seul domaine des Lettres : ce livre explore aussi, comme vous le découvrirez, les sciences humaines (histoire, géographie, sociologie, linguistique...), les sciences exactes (mathématiques), les médias (la presse écrite en particulier, le cinéma, la radio), la publicité, le droit et nombre d'autres disciplines. Pourquoi ? Il semble que la raison en soit notre aptitude naturelle à composer des « fictions » : se faire un film, s'imaginer des choses, se mentir à soi-même et aux autres, broder, amplifier, manipuler demeure une fonction naturelle de l'imaginaire humain, qui n'est en rien propre aux « écrivains ». Par ailleurs, de nombreuses disciplines non « littéraires » annexent à leurs domaines des qualificatifs empruntés au monde des Lettres, voire au romanesque : se servant souvent de citations d'auteurs classiques, l'avocat parlera aussi de « littérature juridique » pour qualifier la jurisprudence ; le juge de « fiction » pour fustiger tel ou tel témoignage douteux ; et, pour désigner les milliers d'articles paraissant chaque mois dans tel ou tel secteur, le chercheur évoquera la « littérature scientifique ». Aussi troublant que cela puisse paraître, ces littératures-là sont aussi l'enjeu d'impostures, souvent médiatisées de façon tonitruante du fait de leur rareté. Ce livre se propose donc de construire quelques passerelles entre différents domaines, pour ne pas restreindre l'examen des affaires au seul univers des Lettres, et aussi, il faut bien le dire, parce que les enjeux contemporains, grâce ou à cause des médias, se sont déplacés.

Nous vivons une époque convulsive, éprise de morale et d'authenticité. Mais si nous nous acharnons à fustiger, à montrer du doigt (ou à inventer ?) le copeau qui perturbe l'idée un peu lisse que nous nous faisons de la littérature, en revanche, nous semblons oublier la poutre et le bois dont nous sommes faits. Époque hypermédiatisée, accélérée, numérisée, où il a rarement été aussi facile et impossible à la fois de faire prendre vessie pour lanterne. Le niveau d'instruction générale a certes augmenté depuis 1800, mais nous n'avons pas cessé d'adorer croire possible le fantastique – et l'horrible, donc ! Nous avons besoin d'histoires et d'images, entre réel et illusoire, pour nous distraire, nous amuser, nous bercer, nous endormir : serait-ce pour échapper à notre condition mortelle, puisqu'il arrive que nos histoires nous survivent ? Tout faire, tout organiser, tout tramer pour cela ! Toute création est sublimation, retour à cet instant béni où nous étions heureux. Vérité ou mensonge, cet instant-là est comme un trésor. Si besoin, il nous faut l'inventer : c'est une question de survie, d'art de vivre, même. Croire le merveilleux possible est une chose ; projeter nos fantasmes les plus étourdissants sur des discours suspects en est une autre, plus grave.

Il est très facile, peut-être trop, de tromper son monde, de faire « passer sa fiction pour de la réalité », de manipuler les signes, de compter sur l'amnésie générale, de tracer des chemins pour mener quelque part. Est-ce parce que les sens dont nous sommes dotés ne nous permettent pas d'appréhender le réel dans sa totalité ? Parce que nous aimons tromper et nous savoir trompés ? La vue et l'ouïe, premiers sens convoqués lorsque nous lisons, écoutons, recevons un message quel qu'il soit, sont-elles si défaillantes que l'émetteur et son message puissent à ce point faire illusion ? Qu'est-ce qui « parle » vraiment au-delà des mots écrits, des paroles émises et des images montrées ? On se laisse porter, distraire, embarquer... Choisir de croire qu'un roman est une fiction parce que l'auteur est romancier, c'est prendre le parti de s'abuser soi-même, pour un temps donné ; mais combien préféreraient tenir pour « réels » (ayant eu lieu dans la vraie vie) les dialogues, caractères, situations et péripéties rapportés ! Savoir si une œuvre de fiction « sonne juste » et « tient debout », si elle est « réaliste », telle n'est plus la question ; de nos jours, on s'intéresse davantage à la contingence, à la biographie de l'auteur, aux faits réels, politiques ou sociaux, qui accompagnent le roman, comme s'il ne devait plus être le fruit de l'imagination, le lieu de tous les possibles, mais le simple recyclage d'éléments prélevés dans la « vraie vie ».

La comédie humaine a ses règles. Certains les maîtrisent mieux que d'autres. Bonimenter, esbroufer, mentir, bluffer, tricher : autant de façons de tisser du « lien social », que l'on pardonnera pourtant mal au mystificateur dévoilé. Principe même de la représentation : si d'aventure on choisit de la décrypter, le mystère disparaît. Qu'advient-il ensuite ? Devons-nous tous continuer à jouer cette comédie indéfiniment ? Après le climat de suspicion, la rumeur in...
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