Les aigles puent

Un homme, Gordon Koum, revient dans une ville détruite. Tous ceux qu'il aime reposent sous les décombres. Lui-même, irradié, va mourir. S'adressant à un pantin noirci et à la dépouille miraculeusement intacte d'un rouge-gorge, mais, au-delà, s'adressant à ses enfants, à sa femme et à ses camarades disparus, il raconte de petites histoires bizarres, cruelles, tendres, toutes marquées par un humour noir dévastateur. Peu à peu ainsi il retrace la geste d'une communauté de fin du monde, dans laquelle les faibles puisent leur force dans le rire décalé, le fatalisme, et une violence sans espoir. La guerre est partout, l'ennemi indescriptible frappe sans cesse et sans explication ceux qui s'organisent pour survivre dans les ruines. Si l'humanisme existe encore, il est réservé aux discours de propagande de ceux qui bombardent. Réfugiés, errants, sous-hommes, éclopés vivant dans leurs rêves, personnages de l'après, voilà les héros dont Gordon Koum évoque la mémoire. Voilà ceux et celles à qui il rend hommage. Parce qu'il les aime. Et aussi parce qu'ils ont encore, au cœur du dénuement et du cauchemar, la lumière qui fait d'eux des braves, des révoltés magnifiques, des amoureux, des humains.