La déontologie des psychologues
EAN13
9782200244644
ISBN
978-2-200-24464-4
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
Collection
128
Nombre de pages
124
Dimensions
1,8 x 1,3 cm
Poids
134 g
Langue
français
Code dewey
174.915
Fiches UNIMARC
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La déontologie des psychologues

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Armand Colin

128

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Éthique et morale sont des synonymes dérivés de deux langues différentes. Ethos en grec et mores en latin désignent les mœurs, c'est-à-dire les façons habituelles de vivre et d'agir qui peuvent être jugées bonnes ou mauvaises.

En 1976 (12e éd.), Lalande définissait l'éthique en distinguant trois concepts : 1) la morale, soit l'ensemble des prescriptions admises à une époque ou dans une société donnée, l'effort pour s'y conformer, l'exhortation à les suivre ; 2) la science des faits ayant pour objet la conduite des hommes ou des êtres vivants, sans jugement d'appréciation sur cette conduite (éthologie) ; 3) la science qui prend pour objet les jugements d'appréciation sur les actes qualifiés de bons ou mauvais (éthique).

La première définition ne serait plus admise aujourd'hui : l'éthique s'est dégagée de la morale lorsqu'un tribunal militaire américain jugeant des médecins nazis a énoncé les conditions dans lesquelles l'expérimentation humaine était possible, jetant les bases de l'éthique au sens moderne du mot. Avec la deuxième définition, nous sommes très proches d'une définition de la psychologie (science de la conduite, science du comportement...), ce qui pourrait partiellement expliquer que cette discipline se sente peu concernée par une réflexion éthique et qu'elle se suffise des faits qu'elle décrit et des explications qu'elle donne. C'est la troisième définition qui correspond le mieux à ce que nous entendons aujourd'hui par éthique : elle s'enracine dans les mœurs, soit dans des « pratiques de vie chargées de sens où s'accomplit ce qui mérite d'être tenu pour plus qu'une hominisation : une humanisation. Car c'est par là que la personne devient vraiment, en tant même que valeur, réalité humaine. » (Sève, 1994, p. 76) C'est ce critère qui prime : est éthique ce qui respecte la personne humaine. Reste à définir ce que l'on entend par respect.

Le terme éthique a connu au cours des vingt dernières années une inflation galopante qui complique encore des problèmes déjà complexes. La crise des valeurs, qui a secoué le xxe siècle, a obscurci ce que pouvaient être des normes justes, celles qui correspondent à une façon de concevoir le bien pour l'être humain. L'application d'une morale de principes cède la place à une autre morale qui s'appuie sur l'entente, le civisme, la solidarité. Le lecteur prendra connaissance avec profit des lignes fortes que Lucien Sève a consacrées à ce sujet : une morale pour ce temps reste à définir, au-delà des clivages obsolètes, « impliquant une entente sur les valeurs du fait de l'universalité des exigences ». L'éthique devient alors la valeur nouvelle que tend à prendre la moralité, fondée cette fois sur la reconnaissance de la liberté et de la dignité des êtres humains.

En tant que système normatif, l'éthique est un ensemble de principes exprimant des valeurs liées à des exigences morales (faire le bien, éviter de nuire) ou à des choix culturels qui ont une dimension morale (les droits de l'homme). De ces principes découlent des recommandations et des règles s'adressant à un groupe social déterminé, par exemple : les membres d'une profession pour la déontologie.

L'expérimentation avec des sujets humains en psychologie est récente, liée à la naissance de la psychologie expérimentale à la fin du xixe siècle, mais également à l'implication immédiate de la psychologie dans des techniques visant à résoudre des questions posées par l'organisation rationnelle de la société dans le domaine du travail, des rapports sociaux et des pathologies mentales. Dans ce dernier cas, elle est en lien étroit avec les systèmes de représentation et d'action d'une époque et d'une société.

En revanche, l'expérimentation sur l'être humain est aussi ancienne que la médecine, qui a toujours soigné en expérimentant. Dans son ouvrage consacré à l'éthique médicale, C. Ambroselli (1988) montre comment la question de l'éthique médicale est au croisement de cette tradition de l'expérimentation en médecine et de l'eugénisme de la fin du xixe siècle. Nous reprenons ici quelques éléments de son argumentation parce qu'ils permettent de comprendre l'importance cruciale du consentement.

Initialement fondée sur l'observation, la médecine devient scientifique en devenant « expérimentale » avec Claude Bernard qui, au cours du xixe siècle, passe de l'étude de l'anatomie à celle de la physiologie, étudiant le vivant sur le vivant. Le savant se donne le droit d'expérimenter sur l'homme lorsqu'il s'agit de lui sauver la vie, le guérir ou lui procurer un avantage. Il tire ses règles de conduite de sa seule conscience.

Les besoins d'expérimentation s'accroissent avec le développement de la médecine et de la chimiothérapie, les hôpitaux devenant aussi des lieux de recherche. Mais cette expérimentation a pour condition le respect de l'éthique médicale : expérimentation préalable sur l'animal, obligation du consentement de la personne, précautions accrues s'il s'agit de mineurs, rejet de toute exploitation de la situation sociale d'un patient, interdiction d'expérimenter sur un mourant, etc.
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