Aline
EAN13
9782889071135
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
C. F. RAMUZ
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Aline

Zoé

C. F. Ramuz

Indisponible

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« Petite fille » de dix-sept ans aux « yeux indécis comme l’aube », orpheline
de père, pauvre d’amour maternel et d’origine modeste, Aline tombe amoureuse
du coq du village, Julien Damon, fils de paysans riches. Elle vit une
véritable idylle, lui ne cherche qu’à apaiser sa faim. Abandonnée alors
qu'elle est enceinte, Aline devient la meurtrière de son propre enfant et
cherche une ultime échappatoire à son destin par la mort après l'annonce des
fiançailles de Julien. Ramuz parvient à rendre la nature – la nature humaine,
aussi – de manière extraordinairement concrète, incarnée. Si la dimension
émotionnelle n’était pas aussi puissante, on pourrait dire que ce texte
préfigure l’attention minutieuse au réel et au quotidien que l’on retrouve
dans le nouveau roman. « Elle se sauva à travers les prés jusque vers les
Ouges. C’était un endroit humide avec un ruisseau qui coulait au milieu,
creusé dans la terre noire ; et il y avait un bois à côté. [...] Ils
s’assirent à la lisière du bois. Une cendre rose tombait du haut de l’air ;
les oiseaux, sur leurs têtes, regagnaient leurs nids en battant de l’aile ; un
chien aboyait au loin ; quelquefois, un bruit de voix parvenait jusqu’à eux.
[...] Cependant Julien, s’enhardissant, lui passa le bras autour de la taille
et l’attira à lui. Et elle se défendait ; mais le crépuscule la poussait et
l’herbe aussi, avec sa rosée, et les branches, et l’ombre qui disait : « Va
vers lui. » Son cœur s’était gonflé et pesait avec toutes ces choses,
l’inclinant vers Julien. Après elle vit la bouche de Julien sur sa bouche, et
son corps se fondit comme la neige dans le soleil. » Les différentes versions
d’Aline Initialement publié en 1905, Aline fera l’objet de trois réécritures :
en 1922 chez Payot dans le cadre de la collection à bas prix «Le Roman
romand», puis en 1927 chez Grasset et enfin en 1940 dans les Œuvres complètes
de Ramuz éditées par H.-L. Mermod à Lausanne. Nous avons décidé de reprendre
la version originale de 1905 pour présenter la première tentative romanesque
de Ramuz et expliciter les attentes et contraintes auxquelles il a été alors
confronté. L’éclosion de l’écrivain est ici la plus manifeste, elle sera
tempérée par les éditions suivantes : le style cadencé de Ramuz apparaît dans
toute sa force, avec cette capacité à traiter le corps et l’âme des hommes et
des animaux de manière semblable, quoique subtilement distincte. La collection
« C. F. Ramuz » Voici une série de volumes afin de rendre hommage à l’écrivain
le plus important de Suisse romande. Parfois considéré à tort comme un
glorificateur du terroir, C. F. Ramuz est avant tout un inventeur de formes
romanesques, un essayiste en décalage, un nouvelliste hors pair, un
explorateur des registres et des ressources de la langue dont l'audace
expérimentale le rapproche d'un Picasso. À travers des titres choisis par
Daniel Maggetti et Stéphane Pétermann, préfacés et annotés par des critiques
aux horizons variés, cette collection ouvre l’accès à des textes peu connus,
mais fait aussi découvrir autrement les œuvres emblématiques de l’auteur.
Charles-Ferdinand Ramuz est l’écrivain le plus important de Suisse romande. Né
en 1878 à Lausanne, il fait des études de Lettres puis s’installe pour dix ans
(1904-1914) à Paris où il étudie à la Sorbonne, fréquente Charles-Albert
Cingria, André Gide ou le peintre René Auberjonois, écrit entre autres Aline
(1905), Jean-Luc persécuté (1909), Vie de Samuel Belet (1913). Dans ces
premiers romans, les thèmes ramuziens tels que la solitude de l’homme face à
la nature ou la poésie des terres, des vignes et du lac, sont déjà présents.
En 1914, Ramuz, toujours considéré comme un écrivain du terroir à Paris,
revient en Suisse et s’installe parmi les vignes du Lavaux, d’où il ne bougera
plus. Là, il rédige le manifeste des Cahiers vaudois. Cette revue, autant que
maison d’édition, réunit les créateurs majeurs de Suisse romande (Cingria,
Ernest Ansermet, René Auberjonois, Gustave Roud), mais aussi Romain Rolland ou
Paul Claudel. La production de Ramuz occupe le quart de la quarantaine de
Cahiers qui paraîtront jusqu’en 1919. L’écriture de Ramuz devient dès lors
plus révolutionnaire, il abandonne la narration linéaire et la multiplication
des points de vue et adopte souvent un narrateur collectif et anonyme, « on ».
Ses romans parlent d’ordre et de transgression, de création et de destruction,
d’ouverture et de fermeture. Son écriture audacieuse lui vaut des critiques de
ceux qui lui reprochent d’écrire mal « exprès ». Pendant cette période, il
rédige entre autres L’Amour du monde (1925) et La Grande peur dans la montagne
(1926), qui marquent l’apogée de sa carrière littéraire. Dès 1924, Grasset
publie les livres de Ramuz et lui assure ainsi un succès auprès des critiques
et du public. Entre 1929 à 1931, il dirige la revue Aujourd’hui. Dans les
dernières années de sa vie, il s’essaie également à des textes politiques et
autobiographiques, avant de s’éteindre à Pully en 1947. Son œuvre est
aujourd’hui réunie dans la bibliothèque de la Pléiade.
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