Les fidélités
EAN13
9782370730039
Éditeur
Allary
Date de publication
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Les fidélités

Allary

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Un homme trompe sa femme. Le plus banal sujet de roman est aussi le plus
captivant. On a vu récemment comme le vaudeville passionne les Français. Le
président de la République a fini par faire son choix. Ce n'est pas le cas du
héros des Fidélités, premier roman de Diane Brasseur (une script-girl de 33
ans): il n'arrive pas à se décider. Il faut dire qu'il n'est

pas en couverture de Closer: inutile de se presser. Sa femme vit à Marseille
avec leur fille, sa maîtresse souffre à Paris... Il aimerait garder le beurre
et l'argent du beurre. Pourquoi l'infidélité présidentielle a-t-elle choqué
tant de gens qui ont pourtant étudié La Princesse de Clèves, Madame Bovary, Le
Diable au corps et Le Rouge et le Noir au lycée? Aujourd'hui un homme qui
trompe sa femme est considéré comme un traître, un lâche et un menteur. On
oublie l'amoureux transi, le romantique éploré, le mari qui ne veut pas
quitter sa femme et le passionné qui ne veut pas renoncer à la passion. Le
mari infidèle est un personnage torturé, complexe, éminemment romanesque. Moi,
ça m'étonne que personne en France n'ait défendu François Hollande: un homme
travaille mieux quand il est amoureux. (La remarque vaut aussi pour Nicolas
Sarkozy en son temps.) Il est de l'intérêt des Français que leur chef soit
épanoui.Tout est expliqué dès l'incipit: "Je ne veux pas vieillir." Les hommes
qui trompent leur femme ont la même angoisse que les femmes qui trompent leur
mari: c'est la peur de s'encroûter, de devenir invisible avant de mourir, qui
leur fait courir tous les risques. Une maîtresse ou un amant, c'est mieux
qu'un lifting! (L'autre solution, c'est d'épouser une femme -ou un homme-
beaucoup plus jeune.) Diane Brasseur se glisse dans la peau d'un
quinquagénaire qui aime deux femmes à la fois. Apparemment, le métier de
scripte est une très bonne formation pour devenir romancière: sur un tournage
de film, la script-girl est la greffière qui note tout.
Les Fidélités regorgent de ces petits détails qui font les romans réussis: "On
s'embrassait aussi parce qu'on ne savait pas quoi dire." Ce premier livre
évoque les films de Sautet1, et Passion simple d'Annie Ernaux2. L'homme n'ose
pas quitter sa femme, il se trouve ridicule, mais il est possédé. De temps en
temps, on voit que c'est une femme qui imagine ce que pense un homme. Le
narrateur est trop attentionné, pas assez maladroit.
Les femmes qui liront Les Fidélités se diront: ah, si seulement un homme
pareil existait...
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