Dans la nuit brune

Agnès Desarthe

Éditions de L'Olivier

  • Conseillé par
    8 janvier 2011

    Jérôme vit seul avec sa fille Marina depuis que sa femme, Paula, les a quittés il y a quelques années. Lorsque le petit ami de Marina décède brutalement dans un accident de moto, Jérôme ne sait comment faire face au chagrin de son enfant. Comment consoler alors que lui-même vit depuis des années avec un manque qui le lézarde. Enfant trouvé dans la forêt, Jérôme y retourne inexorablement, animé d’un besoin animal d’enfouir son corps dans les feuilles et la terre qui furent son premier monde. Entre double enquête – celle de la mort du jeune Armand et la recherche des racines de Jérôme – et récit intimiste d’un homme qui peine à livrer ses blessures, Dans la nuit brune évoque aussi l’Histoire, celle de millions d’hommes et de femmes, de familles brisées par les ambitions folles d’un dictateur allemand.

    Voilà un roman dont il m’est bien difficile de parler ! Un livre qui me laisse un sentiment étrange : l’ai-je aimé ou non, me voilà bien incapable de me décider, comme si les personnages par certains côtés trop caricaturaux m’avaient laissé à distance. J’ai retrouvé avec plaisir la plume d’Agnès Desarthe mais pour autant ce livre entre roman réaliste et fable ne m’a pas happée. Une lecture qui reste agréable mais sans plus.


  • 15 octobre 2010

    C’est une fable, c’est une histoire inventée. L’homme en question Jérôme, la cinquantaine, s’ouvre à la pensée off, des bribes d’images, des phrases qui poussent toutes seules dans la tête, des éclats de lucidité : ces petites miettes de réflexions valent d’être notées. C’est la métonymie qui le mène, d’une métonymie à l’autre, des brins de vie nous touchent à l’intérieur d’une histoire improbable.

    Une petite main se glisse dans une main d’adulte, on est au cœur de la forêt, un couple d’adultes se promène et la femme sent la fraîcheur, la douceur incomparable de la menotte d’un garçon de trois ans. On dira, c’est un « enfant trouvé ». Maintenant il a cinquante ans et sa fille de dix-huit vient de perdre son amoureux, sa moto a pris feu. Jérôme est désemparé, juste un peu plus que d’habitude, L’enterrement du garçon est l’occasion à son ex-femme de débouler. Les cinquantenaires en savent trop sur tout, fatigués du désir et de l’amour, se donnant des « ma chérie » et du « mon grand » en copains, encore amants à l’occasion, une couche de faux savoir sur l’expérience de la vie et d’égarement plat. Lui, il se ressource en se roulant dans les feuilles de la forêt, en grattant le sol, en dévalant les pentes humides, c’est son jardin secret, personne ne sait qu’il est « un enfant trouvé ». La fable tourne au polar, la recherche de ses origines, la culpabilité éventuelle de sa fille dans la mort de son amoureux, des prises de tête de parano. On apprend grâce à un ex-flic homo que Jérôme porte un prénom fabriqué avec les prénoms d’enfants morts en déportation. L’enfant trouvé devient l’enfant caché, on ne sait rien de ses géniteurs, ses parents adoptifs sont rescapés de la Shoah. Il s’aperçoit enfin qu’il a une fille, la sienne, et qu’il l’aime pour de vrai.
    Tous les thèmes de notre époque sont présents.


  • Conseillé par
    3 juillet 2010

    Jérôme, la cinquantaine, vit avec sa fille Marina âgée de 18 ans. Divorcé, directeur d'un agence immobilière, sa vie bascule lorsque le petit ami de Marina meurt accidentellement dans un accident de moto. Il revoit Paula son ex-femme, un ancien inspecteur de police essaie de faire le jour sur la disparition d'une jeune fille quelques mois plus tôt et enfin une cliente Ecossaise un peu fantasque est à la recherche d'un bien immobilier.

    Il devient le réceptacle des confessions de chacun alors qu'il garde en lui le mystère de sa propre histoire.
    Cette mort injuste le plonge dans un grand désarroi et fait remonter des douleurs, des questions tapies au plus profond de lui. Déstabilisé, il n'est plus l'adulte responsable mais quelqu'un qui se cherche car Jerôme est un enfant trouvé. Né de parents inconnus, Annette et Gabriel, l'avaient recueilli dans les bois et étaient devenus ses parents adoptifs. Qui pourra l'aider à lever le voile sur ses origines?

    J'ai eu l'impression que Jérôme était comme "anesthésié" depuis bien des années. Lorsque ses parents adoptifs étaient encore vivants, il n' a jamais entrepris de démarche pour découvrir sa véritable identité. J'ai ressenti sa peine et son sentiment d'impuissance face à la mort du petit ami de sa fille. Marina n'est plus une petite fille et Jérôme se sent perdu. Comment l'aider alors que tous ses amis prennent les devants? Il m' a touché par ses pensées et son désarroi. La fin du livre nous dévoile une part de son histoire. L'écriture est limpide, les relations entre Jérôme et sa fille sont bien décrites. Tant le rôle de l'ancien inspecteur de police est important dans l'histoire, tant celui de la cliente Ecossaise m'est apparue superflu. Une lecture pas déplaisante mais il m' a manqué ce "quelque chose" qui me fait vibrer...

    En le refermant, je suis restée sur une impression d'inachevé, d'alchimie qui ne s'est pas produite. Un avis mi-figue, mi-raisin...