Le chant de Shilo
EAN13
9782889279661
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
DOMAINE FRANCAIS
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Le chant de Shilo

Zoé

Domaine Francais

Indisponible

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La narratrice, attirée par la guerre et sa promesse « de liberté, de vent, de
sueur, de vins », se travestit en jeune homme pour guerroyer aux côtés du
grand roi Ulysse qui la subjugue. « Je voulais être fière d’être son petit
soldat ». La guerre, les combats : Nous avons installé notre campement sur le
sable, en bord de mer. J’ai reçu un bouclier et une cuirasse, un glaive, les
choses lourdes. J’ai admiré les archers, leurs flèches pendant des mois. J’ai
poussé des râles aux premiers déferlements de Troyens sur nous, pour
m’encourager, ne pas reculer. J’ai voulu courir mais dans ma cuirasse n’ai pu
que marcher, et puis il y a eu la poussière et les chairs en face à frapper, à
traverser. Comme elles s’accroupissaient, se relevaient, comme elles ne
voulaient pas céder. Les combats terminés, les morts ramassés nous revenions
au campement, retirions nos équipements. C’était bon alors de retrouver son
corps, le vrai, de manger et s’allonger. Nous riions encore, faisions les
fiers, mais nous savions qu’on nous avait trompés. Que cela durerait des mois,
des années. Une fois dans Troie : Les maisons, les granges, les attelages dans
les rues, tout a brûlé. J’ai voulu aimer ce feu, qu’il nous délivre. Il ne
nous a pas délivrés. Nous avons été cruels encore et sans joie, rejoints par
les autres, frappant, pillant, chantant. Ce fut une très longue nuit. La jeune
femme soldat se sent trahie: « nous sommes seulement devenus des bruts » qui
ont tué, incendié, pris ce qui ne nous appartenait pas, qui ont « fait
semblant d’être forts », des hommes « sans splendeur ni clarté ». «
Prisonniers des cuirasses, il ne se passait rien, tuer et survivre n’est rien
». Le soldat redeviendra femme pour retrouver la nature et l’humilité,
redevenir « modeste et rugueuse ». De retour de Troie vers Ithaque, Ulysse et
ses compagnons, dont elle fait toujours partie « cachée en garçon » font halte
sur l’île des Cyclopes. C’est le coup de foudre. La narratrice laisse ses
compagnons rejoindre les bateaux sans elle : J’ai été soulagée, nos bateaux
loin déjà. J’étais seule, libre, je n’avais plus de roi. Blessée par une
vague, elle entre dans un tunnel étroit qui la conduit vers les eaux d’une
vasque : La chaleur venait de là. J’ai enlevé mes habits, en ai fait un tas.
Je me suis allongée sur l’eau, les muscles au repos, ma plaie apaisée. J’étais
dans le ventre de l’île et elle me soignait. Elle décide de retrouve la voix
envoûtante du premier jour. Shilo, sa nouvelle amie, femme cyclope fière et
volontaire, lui demande de crever l’œil des trois derniers mâles de l’île
comme elle l’a fait à Polyphème. Devenu aveugle, Polyphème, se comporte
désormais comme un « chiot », alors il avoue : « J’ai fait bien pire que ce
qu’on t’a dit, et je m’arrête maintenant sans avoir compris. Je m’arrête parce
que tu m’as frappé, rendu impuissant. Je suis stupide et borné, il fallait
qu’il y en ait un comme moi, un très mauvais roi. Et ce n’est pas juste tu
vois, car je suis aimé. Mes bêtes se frottent à moi, elles me donnent leur
lait, pour elles je peux chanter. Je suis en paix. » Une sorte de Weinstein ?
Mais la surpuissance d’un patriarcat sans oxygène risque d’être supplantée,
avertit Polyphème, par un autre pouvoir injuste : « Shilo est belle et elle te
ment, elle se joue de toi, elle est pire que moi. Tu n’auras rien d’elle. » A
la demande de Shilo, l’héroïne doit sauver les femmes cyclopes de leurs mâles
devenus mauvais. Et crever le seul œil de chacun des trois derniers mâles.
Elle les rencontre, ruse et s’exécute, envoûtée par Shilo pour qui il s’agit
d’en finir « avec les lois hideuses », de les faire « crever ». C’est à Enée,
qui l’a recueillie, qu’elle raconte son histoire de repentie et comment elle
sauve les femmes cyclopes des mâles devenus mauvais. Comment la narratrice
travestie en homme, devient un autre type de guerrière une fois redevenue
femme. Comment aussi elle découvre la sensualité. Une guerrière justicière et
libre qui va laisser le rôle de dominatrice à d’autres femmes. Sébastien
Ménestrier est né en 1979. Il est pianiste et compose pour le spectacle vivant
(théâtre, danse). Il est également professeur des écoles, et anime des
ateliers d’écriture à destination de collégiens. À l’adolescence, il est
encouragé par Richard Bohringer, qui lit ses premiers poèmes dans une émission
radiophonique. Son admiration pour Pierre Michon et William Faulkner ont
nourri, et nourrissent encore, son appétit d’écrire. Pendant les combats
(Gallimard, 2013) a été finaliste du prix Goncourt du Premier roman.
Bibliographie : – Pendant les combats, Paris, Gallimard, 2013 Sélection
Goncourt du premier roman 2013. Lauréat du festival du premier roman de
Chambéry 2014. – Le Suivant, Buchet-Chastel, 2017
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