- EAN13
- 9782021343335
- Éditeur
- Le Seuil
- Date de publication
- 06/10/2016
- Collection
- Débats
- Langue
- français
- Langue d'origine
- français
- Fiches UNIMARC
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Papier - Seuil 15,00
Que la politique soit en proie aux " passions ", tout le monde l'accordera
sans la moindre difficulte. Autrement malaise serait de faire entendre qu'elle
ne connait que cela, que les affects sont son etoffe meme. La politique n'est-
elle pas aussi affaire d'idees et d'arguments, protestera-t-on, et les "
passions " ne sont-elles pas finalement que distorsion de cet ideal d'une
politique discursive rationnelle ?
Le point de vue spinoziste bouscule ces fausses evidences, en soustrayant la
categorie d'" affect " a ses usages de sens commun - les " emotions " - pour
en faire le concept le plus general de l'effet que les hommes produisent les
uns sur les autres : ils s'affectent mutuellement. Il n'y a alors plus aucune
antinomie entre les " idees " et les affects. On emet bien des idees pour
faire quelque chose a quelqu'un - pour l'affecter. Et, reciproquement, les
idees, specialement les idees politiques, ne nous font quelque chose que si
elles sont accompagnees d'affects. Autrement, elles nous laissent
indifferents. En " temps ordinaires " comme dans les moments de soulevement,
la politique, idees comprises, est alors un grand jeu d'affects collectifs. Et
pour tous ceux qui y interviennent, elle est un ars affectandi.
Frederic Lordon est directeur de recherche en philosophie au CNRS.
*[5e]: Cinquième
sans la moindre difficulte. Autrement malaise serait de faire entendre qu'elle
ne connait que cela, que les affects sont son etoffe meme. La politique n'est-
elle pas aussi affaire d'idees et d'arguments, protestera-t-on, et les "
passions " ne sont-elles pas finalement que distorsion de cet ideal d'une
politique discursive rationnelle ?
Le point de vue spinoziste bouscule ces fausses evidences, en soustrayant la
categorie d'" affect " a ses usages de sens commun - les " emotions " - pour
en faire le concept le plus general de l'effet que les hommes produisent les
uns sur les autres : ils s'affectent mutuellement. Il n'y a alors plus aucune
antinomie entre les " idees " et les affects. On emet bien des idees pour
faire quelque chose a quelqu'un - pour l'affecter. Et, reciproquement, les
idees, specialement les idees politiques, ne nous font quelque chose que si
elles sont accompagnees d'affects. Autrement, elles nous laissent
indifferents. En " temps ordinaires " comme dans les moments de soulevement,
la politique, idees comprises, est alors un grand jeu d'affects collectifs. Et
pour tous ceux qui y interviennent, elle est un ars affectandi.
Frederic Lordon est directeur de recherche en philosophie au CNRS.
*[5e]: Cinquième
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