Dans la Grande-Bretagne des années 1970, Serena Frome est une jeune fille aussi belle qu'intelligente. Lectrice compulsive de tous les romans qui lui tombent sous la main, elle aimerait logiquement entamer des études d'anglais. L'avis maternel étant tout autre, c'est en licence de mathématiques que Serena devra finalement faire ses preuves. Diplôme de Cambridge en poche, elle est rapidement repérée par le MI5. Pourtant, dans ce contexte de guerre froide préoccupant, ce ne sont pas ses connaissances mathématiques qui lui permettront de mener à bien sa première mission à l'extérieur... En effet, la fameuse agence de renseignements anglaise souhaite approcher des écrivains montants et subvenir à leurs besoins tant que leur idéologie est conforme à celle du gouvernement ! L'opération « Sweet tooth » est lancée, Serena Frome entre dans la danse...
D'abord sous le charme de la plume de Tom Haley, l'écrivain dont elle a la charge, elle tombe finalement amoureuse de lui. Coincée dans ses mensonges, elle s'aperçoit qu'il est difficile de garder vie privée et vie professionnelle séparées bien longtemps, surtout pour un agent secret !
Roman d'espionnage drôle et captivant, ce texte est également une ode à la littérature et à tout ce qu'elle peut apporter dans une vie... Mais Opération sweet tooth s'avère surtout être un superbe roman d'amour, mêlant habilement sentiments, tromperies, réconciliation, et nous entraînant, au fil de rebondissements savamment mis en place, vers une fin d'une intensité incroyable !
Lire entre les lignes « ce qui n'est pas écrit », c'est ce que l'on tente de faire tout au long de cet impressionnant roman de l'écrivain espagnol Rafael Reig. Thriller psychologique captivant, Ce qui n'est pas écrit laisse le lecteur au bord de la crise de nerf tant la tension qui règne au fil des pages est extrême !
Alors que son ex-mari et son fils sont partis camper en montagne, Carmen entend bien profiter de son week-end. La bouteille de whisky à portée de main, elle se plonge dans le manuscrit que son ex-mari lui a laissé avant de partir. Mais très vite, un certain malaise s'insinue dans son esprit : pourquoi Carlos a-t-il tant insisté pour qu'elle lise ce polar, sordide histoire d'enlèvement ? Et pourquoi son fils ne répond-il pas au téléphone ? Les ressemblances entre elle et un des personnages du roman ne sont-elles réellement que des coïncidences ?
Construit brillamment et jonglant avec les points de vue, ce roman nous emporte au cœur d'un trio plein de rancœur, de frustration, de peurs et de doutes, jusqu'au point de non retour...
L'écrivain dont il est question ici a eu la plus mauvaise des idées : signaler l'arrivée d'un nouveau mail par un signal retentissant, un « gong » des plus sonores, qui le sort de ses pensées et le force à consulter le-dit message toute affaire cessante. Mais quand un jour cinq correspondants, tous plus insupportables les uns que les autres, se mettent à inonder notre auteur de demandes improbables, on ne peut que se demander s'ils se sont donné le mot ou si un vaste complot a été mis en place pour empêcher Félicien de travailler...
Entre cet admirateur anonyme qui souhaite qu'il lui cède la paternité d'un texte, Hautemer qui lui demande d'écrire une parodie de ses propres œuvres, Banana qui lui envoie le compte-rendu de ses rêves du mardi, P.O. qui écrit des pastiches de ses nouvelles et Pandore qui voudrait qu'il lui écrive un roman sur son chien mourant, Félicien ne sait plus où donner de la tête ! Comment peut-t-il se sortir de l'impasse ? Et qui sont tous ces interlocuteurs ?
Voici un roman foisonnant dont le rythme effréné et l'incroyable richesse vous laisse essoufflé et bouche bée une fois le livre fermé. Un condensé d'humour et de bizarreries qui ravira le lecteur !
Université de Rebibbia
« De cette planète [la prison], tout le monde pense tout savoir sans y avoir jamais été, exactement comme pour la lune. Parce que celui à qui il a été donné d'y aller, aussitôt dehors en a honte et se tait là-dessus où, s'il n'en a pas honte, s'obstine à considérer cela comme une mésaventure à oublier. »
Née dans une famille socialiste/anarchiste, Goliarda Sapienza a bénéficié d'une éducation originale, à l'écart des sentiers battus de l'école. Initiée très tôt aux grands textes philosophiques, littéraires et révolutionnaires, elle s'est rapidement passionnée pour le théâtre. Pendant la guerre, elle obtient une bourse pour étudier à l'école d'art dramatique de Rome. Mais en 1943 l'occupation allemande lui fait abandonner ses études : elle entre dans la résistance antifasciste.
Les années cinquante sont une période noire pour elle, souffrant psychologiquement, elle décide de se consacrer à l'écriture. Et pendant près de dix ans, elle travaille sur le monumental manuscrit de L'Art de la joie. Les périodes d'écriture sont entrecoupées de graves crises existentielles : séjour en hôpital psychiatrique, tentatives de suicide... Alors qu'en 1976, le manuscrit est enfin achevé, Goliarda doit faire face aux refus de tous les éditeurs à qui elle soumet son texte. En 1980, après une terrible crise, elle est arrêtée pour avoir dérobé des bijoux chez une amie...
C'est au court séjour qu'elle fit dans la prison pour femmes de Rebibbia que l'on doit ce magnifique texte : L'Université de Rebibbia ! Goliarda, l'intellectuelle mûre, l'érudite, la passionnée, profondément ébranlée dans ses convictions, côtoient les voleuses, les prostituées, les junkies, les révolutionnaires... La lie de la société, les laissées pour compte... On rencontre, dans cette « université de la vie » des jeunes paumées, des femmes qui se sentent plus à leur place dans cette étrange communauté que seules « dehors », des prisonnières politique, des trafiquantes d'envergure internationale... C'est une véritable société parallèle qui hante les couloirs et les cellules de Rebibbia. Goliarda apprend les rites, les coutumes, les règles tacites, le comportement à adopter dans telle ou telle situation ; l'apprentissage est complexe mais, à terme, c'est le sentiment d'appartenance qui survient. La sensation d'avoir trouvé une seconde famille, un soutien incomparable.
En toute sincérité et simplicité, sans épanchement pathétique, la formidable écrivaine italienne relate cette expérience fondamentale de sa vie, elle raconte la femme qu'elle était, celle qu'elle est devenue, elle parle de toutes celles qu'elle a rencontrées, dans une langue qui glisse et qui s'insinue jusqu'au plus profond de nous...
Kumudini
Il y a tout juste un siècle, Rabindranath Tagore recevait le prix Nobel de littérature. Quel meilleur moyen de célébrer ce centenaire que celui qu'ont choisi les éditions Zulma : publier pour la première fois en français une œuvre magistrale de l'auteur : Kumudini.
Rabindranath Tagore fut très tôt traduit en anglais et en français et est l'auteur prolifique d’œuvres de fiction. Pourtant, Kumudini fut longtemps oublié. Enfin traduit en anglais et diffusé en Inde dans les années 2000, on découvre un texte plutôt déroutant et surtout très critique envers la place des femmes dans la société bengalie. L'auteur évoque les mariages arrangés entre grandes familles alors que les mariées ne sont encore que des enfants, il montre que souvent les jeunes filles sont quasiment réduites en esclavage dans leur belle-famille, qu'elles ne bénéficient d'aucune liberté et encore moins d'une quelconque éducation, si ce n'est celle de plaire et d'obéir au mari. Il révèle également la honteuse violence, autant physique que psychologique, qui est faite aux femmes.
Écrit à la fin des années 1920, ce roman étonne de la part d'un homme qui, dans sa vie personnelle, ne s'opposa jamais à ces « coutumes » et maria même ses propres filles très jeunes à des hommes qui ne les rendirent pas heureuses.
Kumudini a 19 ans, magnifique jeune femme, elle est la dernière fille à marier d'une ancienne riche famille. Elle vit dans un espace protégé, en compagnie de son frère aîné, homme éclairé s'il en est qui s'emploie à l'éduquer et à la combler. Leur relation est teintée d'admiration mutuelle et d'un amour intense et inconditionnel. Cependant les dettes de la famille et la mauvaise situation actuelle pèsent lourd sur les épaules du jeune homme. Ainsi, lorsqu'un entremetteur leur propose une union avec un riche marchand d'une famille rivale, Kumu y voit un signe divin et presse son frère d'accepter. Mais l'élégante, raffinée et aimante jeune fille déchante très vite. Devant la grossièreté et la voracité de son mari, elle ne sait plus comment se comporter...
Formidable peinture du Bengale du XIXème siècle, ce roman dénonce les dysfonctionnements de cette société qui fait des femmes de vulgaires marchandises, même chez les élites dites éclairées du pays... Rabindranath Tagore est parvenu à créer un personnage féminin d'une richesse incroyable, dont l'aura nous englobe durant toute la lecture, tout en dressant des portraits passionnants des personnages masculins !