Dans cet album époustouflant, Steve Cuzor nous plonge dans la boue, la poussière et les détonations de la guerre de Sécession, en adaptant le livre de Stephen Crane "L'insigne rouge du courage" (publié chez Gallmeister).

Il enrichit cette histoire de son dessin, au sommet de son art, d'une telle puissance, aussi bien visuelle que narrative, qu'il sera difficile d'oublier ces images si fortes !

À lire absolument !

Théo & Ludo

Le Japon exerce un attrait particulier, une fascination, une obsession. Certains, passionnés par la culture nippone (souvent venue des mangas), se mettent même parfois à apprendre le japonais. De mon côté, sans succomber à une fascination extrême, j'ai pu apprécier certains romans, films, japonais, mais je me rends bien compte qu'on nous montre souvent les mêmes choses, entre japon féodal, arts martiaux et kawaï, pop culture nippone. Depuis ma découverte de Yoshimura, Kenzaburo Oé et Mishima, certains films aussi, je me rends compte que le Japon est beaucoup plus complexe qu'il n'en a l'air, insaisissable pour un esprit occidental.

J'ai pris plaisir à voyager avec Eric Faye à travers la littérature, le cinéma, les mangas, l'Histoire d'un Japon plein de contradictions et d'aspérités. De quel Japon parle-t-on? Celui des mégalopoles, des campagnes, des îles? De quels japonais? Ceux qui ont connu la guerre, soldats, victimes, les bombardements, les catastrophes naturelles?

Chaque chapitre est un "mini-essai" consacré à un auteur, un cinéaste, où l'on aborde des notions, des aspects sociologiques ou philosophiques des cultures nippones. Un livre comme une porte ouverte vers de nouveaux horizons à explorer et à lire avec un carnet à côté tant les envies de lectures ou de films seront grandes!

~~ Aurélie ~~

L’enjeu central de cet ouvrage collectif est de déconstruire un réflexe de pensée consistant à associer la psychanalyse et sa pratique uniquement à l’Occident. La psychanalyse n’a eue de cesse de se développer ailleurs, dans le reste du monde.

Car, oui, la psychanalyse existe en Inde, à Madagascar, en Afrique, dans les mondes arabes, en Amérique latine à travers des courants comme le black psychoanalysis aux Etats-Unis par exemple. Un ouvrage somme comprenant plus de trente contributions. Un livre choral fait de débats, d’entretiens, de politiques et de réflexions d’une importance rare et salutaire.

On prend conscience, grâce à ce travail, des liens entre velléités d’émancipation et libération psychique. Ou comment la colonisation façonne l’inconscient des colonisés à travers le langage. Et comment se construire à partir d’une langue imposée, niant celle de l’ancêtre ? Qu’est-ce que la « colonisation intérieure » ? Le syndrome porto-ricain des années 60 ?

Cette compilation d’articles dessine la cartographie psychique d’analysés et d’analysants à travers les mondes des minorités en lutte face à des Etats ou des Pouvoirs.

Psychanalyse du reste du monde est un livre très important de par l’état des lieux qu’il engage et le décentrement à l’égard du « Cercle de Vienne », autrement dit de l’autorité d’un regard européen. Car la psychanalyse, dans sa contre-histoire, est une pratique de terrain, sans cesse mouvante s’il elle est branchée sur la politique des sujets.

Julien

Jørn H. Sværen est auteur, traducteur (Claude Royet-Journoux, Emmanuel Hocquard) et un éditeur norvégien (H Press, England Forlag).

Musée britannique est deuxième livre traduit en français par Emmanuel Raymond après Reine d’Angleterre. Sværen poursuit son travail poétique de mélange des genres (épistolaires, essais, documentaires) associant autobiographie, poème et narration.

Ce texte est une quête et une recherche car l’auteur compose à partir de mots trouvés qu’ils assemblent ensuite avec un fil narratif lui-même composé d’énigmes, de blancs et de silences. Dictionnaires et étymologies sont des sources importantes dans sa démarche.

Il en résulte livre ouvert à l’extrême. Un livre rigoureux et minimaliste. Court et simple. Blanc et noir. Microphonique un peu comme la neige.

On lit et on regarde autour de soi : on est isolé tel les mots sur la page. Pauvre et peu. Et cela provoque l’effet très sensible de la distanciation et de la proximité à l’égard du monde dans ce qu’il peut avoir de plus élémentaire.

Glace solidaire à la pensée qui rentrer en s’effaçant dans le silence.
« rassemblez et dispersez »
« la corne est vide »
« écris-leur »
« je suis la porte »
« des renards jouent dans les ruines »

À noter, le travail typographique de l’éditeur Eric Pesty qui confère au livre son caractère impressionnant, voire intimidant mais dont la force saura s’ajouter au cœur de celles et ceux qui ont décider faire vœu d’intemporalité.

Julien

Une campagne brumeuse, presque épaisse, où Fauvel va rester quelques temps pour garder les chiennes de Luc, Hannah, prénom qu'il n'a pas choisi au hasard. L'une est empaillée, l'autre clonée.
Les animaux du coin sont peu à peu décimés, et on suspecte la chienne, dont l'attachement qui la lie à Fauvel transcende le réel et invoque la matière.

Par le fond et par la forme l'autrice nous sort des habitudes. Sans poncif ni manichéisme, elle se fraye un passage à travers la peur et relate les sensations et les vécus de ses personnages dans un texte d'une intensité remarquable.

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