Littérature -.

20,00
Conseillé par (Libraire)
4 juin 2021

Complètement drôle et underground

Quel bonheur ce livre!

Depuis "La Conjuration des imbéciles" de J.K.Toole, je voue une passion aux anti-héros, aux loosers magnifiques. Le narrateur de ce livre et ce Alain Basile en sont deux grandioses. Entourés de toute une galerie de personnages que la société invisibilise en général (SDF, toxico, alcoolo, travelos... ) tous ces paumés cabossés hauts-en-couleurs qui en sont arrivés là souvent par hasard, un moment qui vrille dans la vie, un rien, qui précipite vers l'abyme, ou alors une société qui les maintiens la tête dans la merde. Leur versant juste ce qu'il faut pour tenir, le 5 du mois, la Sainte Touche, les allocs. Sitôt touchées, sitôt bues, fumées, ingérées. Comment survivre le reste du mois? On franchit la ligne jaune, on magouille, un peu, beaucoup, on passe sous les radars.

Un roman terriblement vivant, avec une gouaille incroyable qui me fait penser à "La vie devant soi" de Romain Gary version moderne. Il y a aussi une parenté avec Jacky Schwartzmann pour l'humour et la verve des personnages. Un roman vivifiant qui n'empêche pas l'émotion de surgir dans les silences, entre les lignes, et une réelle poésie, celle du bitume, entre les mégots de joints et les cadavres de bouteilles de 8.6 .

~~ Aurélie ~~

Jean-Claude Schneider

Bruit du temps

19,00
Conseillé par (Libraire)
26 mai 2021

"Sourde tourbe des jours"

Plusieurs séquences poétiques implacablement sauvages, tranchantes, où la langue atteint une sorte de point de rupture et de haute tension.

Une tentative d'écrire dans une langue capable de restituer la violence, la guerre, afin de trouver, après le désastre, un nouveau mode d'être.

"cosse les mots poussière de sons de sens de sans sens", "gronde la vieille gueule affamée", "terre ta peau craque / ici question meurent"...

Julien

Éditions des femmes-Antoinette Fouque

6,50
Conseillé par (Libraire)
25 mai 2021

Résistance intérieure

Voici un livre aussi rare que puissant. Qualifions-le d'exemplaire, aussi, à rebours de certains mensonges romanesques.

On suit la narratrice dans sa difficile mission de vivre.

Le texte est composé en une sorte de témoignage virulent et manifeste à l'égard de la stigmatisation de la maladie mentale mais aussi contre toutes les formes de rappels à l'ordre (politique, amoureux, existentiel).

La Malcastrée ne constitue pas pour autant une simple procès fait à la société. Il s'agit d'un cri vital poussé par le biais de l'écriture, établissant une cassure nette entre l'autrice et le monde. Une forme de révolte.

Et c'est par le langage et l'écriture, donc, que la révolte sera poussée plus loin, pour atteindre de nouveaux possibles qui se réaliseront avec acharnement.

Julien

Conseillé par (Libraire)
14 mai 2021

Tragédie Antique

Irak, pays abîmé par les combats mais également déchiré par ses crimes d'honneur. De cette guerre, nous en connaissons les bombardements, l'effondrement des villes et des villages, l'exode des populations. Et cependant, il existe des crimes de sang, silencieux et froids, à l'intérieur des maisons, qui restent impunis.
"Je vais tuer tout à l'heure et je penserai que je n'ai pas le choix. Sa vie ou notre honneur à tous. Ce n'est pas moi qui tuerai, mais la rue, le quartier, la ville. Le pays."
Implacable, ici, le récit du destin de cette jeune femme. Tour à tour chaque protagoniste annonce, comme une litanie, l'évidence de la sentence, sans jamais remettre en cause l'issue fatale du geste meurtrier.
"Je suis la mère et je suis absente, confite en dévotion et en douleur obligatoire sur la tombe de mon mari, dans la vallée des morts. On va tuer ma fille. Amir attendra-t-il que je rentre ? La route est longue par le car des pèlerins. Mon fils va tuer ma fille et je ne m'y opposerai pas. M'y opposerai-je si je rentre à temps ? J'ai depuis trop longtemps accepté les règles."
Ce récit témoigne, avec profondeur, de l’archaïsme du patriarcat dans ce pays qui pourtant porte la mémoire des découvertes et de l'érudition. ~~ Catherine ~~

23,80
Conseillé par (Libraire)
14 mai 2021

Mille femmes

Ne nous trompons pas, ce roman, subtilement écrit nous confronte inéluctablement au mépris et à une non reconnaissance du statut et de la condition des femmes par une poignée d'hommes abreuvés d'interprétations des sourates du Coran. Bien que le pays se déchire les frontières et qu'il soit mis à feu et à sang, les femmes continuent de mettre au monde des enfants. Alors que l'homme soumis à la loi d'Allah n'intègre toujours pas le rôle prépondérant de ces "mères courages", l'histoire de Fremsk, deuxième née d'une famille traditionnelle et conservatrice, met des mots justes sur l'inacceptable : la violence meurtrière faite aux femmes.
Avec un regard acéré, Sara Omar nous dévoile l'intime et l'absurde, la violence et le courage.
Elle ne nous épargne pas. Une lecture poignante.
~~ Catherine ~~