sandrine57

Lectrice compulsive d'une quarantaine d'années, mère au foyer.

Conseillé par
17 janvier 2014

Fils de vieux, enfant malingre, Louis Désiré Diedonné Maître est pourtant né avec le don, le don de soigner de ses mains, du bout de ses doigts. Devenu Maît'Louis, le rebouteux, il a passé sa vie à prendre sur lui les maux des autres et à la cinquantaine son corps ne répond plus. Vieilli avant l'âge, noué par la douleur, Maît'Louis vit retiré dans sa bergerie, près du hameau de Villemort. Mais il est encore sollicité par ses contemporains qui acceptent mal sa retraite. Jean Dieu, par exemple, le boulanger contraint d'arrêter de faire le pain, cloué au lit par une sciatique. Maît'Louis ne peut pas laisser la région s'affamer faute de pain alors il soigne celui qu'on appelle simplement Boulanger. Et toutes les douleurs du boulanger s'envolent pour venir se nicher dans les genoux et le dos du rebouteux qui ne marche plus qu'avec peine.

Pour se faire pardonner, pour rendre un peu, Jean Dieu aide le vieillard à enluminer le marronnier de la cour. Une lubie du rebouteux qui veut éclairer le chemin de ceux qui viendront lui rendre visite. Qui, il ne sait pas. Mais ils viendront, c'est certain. Un phare dans la nuit, une étoile du berger pour alléger la route de ceux qui vont braver le froid et la neige à quelques jours de la Noël dans cette campagne désolée, désertifiée. Et trouant la nuit de ses gros phares, se frayant un chemin dans la neige qui tombe dru, avance une Ariane gris étoile. A son bord, la Vache, le Mon filleul, la Ma filleule et leur bout de zan brûlant de fièvre, une famille atypique nouée par la peur de perdre le petit.
La France profonde des années 50, celle des campagnes, des petits villages où tout le monde se connait et aime à cancaner, celle où l'on croit en la terre, en Dieu et en Maît'Louis, le rebouteux. Voilà tout ce qu'évoque Louis-Edouard MARTIN dans une langue poétique, gourmande, proche de l'oralité où se mêlent les odeurs du bon pain, les saveurs du boudin, les bruits de la neige qui craque. Roman du terroir mâtiné de conte de Noël, sa Nativité cinquante et quelques parle, avec simplicité mais profondeur aussi, d'un temps révolu, d'une époque rude, d'une campagne rugueuse mais aussi d'êtres attachants, tenaces, humains, qui ne se résignent jamais. Une écriture lumineuse, ciselée pour une histoire où humour et macabre se marient pour donner le meilleur. A découvrir absolument !

1, Première volution

Herve Chopin Ed

22,00
Conseillé par
13 janvier 2014

Un entretien d'embauche chez 1T !! Katie Dûma n'osait en rêver et pourtant elle touche au but d'intégrer cette vénérable entreprise spécialiste des microprocesseurs. Pour cette fille de la Zone, c'est une chance inespérée de se faire une place à la Capitale, à l'endroit même où le génial inventeur Nikola Protéus a fait ses débuts. L'entreprise est certes mal en point mais Katie est persuadée qu'elle saura se relever et affronter la concurrence déloyale que lui impose Sinind. Sa joie est cependant ternie par l'annonce de rachat d'1T par Zoran Adamas, richissime homme d'affaires, redouté et détesté par tous, qui déclare d'emblée que son but est d'anéantir 1T. Pour parvenir à ses fins, celui qu'on surnomme dédaigneusement Le Gitan, impose aux salariés un jeu de simulation : le Cosplay.

Trois jours durant, chaque employé évoluera dans un monde virtuel où la hiérarchie est abolie. Dans la peau d'un personnage de son choix, réel ou imaginaire, caché derrière un masque, chacun pourra proposer des idées, dénoncer des injustices et même éliminer les gêneurs. A tout moment, le choix est possible de quitter la société avec un chèque substantiel en poche. Seuls resteront ceux suffisamment attachés à l'entreprise pour vouloir la défendre et, bien sûr, la jeune Katie, embauchée au pied levé par le nouveau directeur des ressources humaines.
Laurent LADOUARI, pour ce premier tome de son cycle Volution, situe son histoire dans un futur indéterminé dont on sait peu de choses si ce n'est que la guerre du Pacifique a ravagé la planète dont il ne subsiste que le Continent et sa Capitale qui pourrait bien être Paris. Siège d'une sorte de révolution nommée la Commune qui a été matée il y a quelques vingt années, cette Capitale est désormais protégée de la Zone par un mur hautement sécurisé. Tandis qu'elle concentre les capitaux et les industries, la Zone végète plus ou moins dans la misère. Voilà pour le contexte général.
Mais l'auteur n'entre pas dans les détails, son propos étant de nous présenter 1T et le Cosplay qui va secouer l'entreprise pendant trois jours d'une rare intensité. Dépassée par la concurrence et par la fin d'internet, ce fleuron de l'industrie est en sursis. Des dirigeants au service, avant tout, de leur intérêts personnels ont fini de mettre à mal cette société qui n'a pas su évoluer. Le jeu va bouleverser tout cela avec en finalité, soit l'implosion, soit la renaissance. Le Cosplay est un monde anarchique a priori mais qui a le mérite de révéler les vrais talents. Profiteurs et tire-au-flanc sont éliminés et ne restent que les plus méritants, quel que soit leur grade. Ainsi, Katie Dûma, ayant à peine plus de poids q'une stagiaire, devient un personnage important du jeu, et il en va de même pour les secrétaires, assistantes et autres voituriers, habituellement brimés, négligés, maltraités et qui se découvrent une âme de leader, de décideur. Les identités réelles restent anonymes mais sous le costume d'Athos, Madonna ou Périclès, des personnalités se révèlent et la galerie de personnages qui en découlent est fort réjouissante. C'est aussi vrai en dehors du jeu où les envoyés du terrible Adamas sont hauts en couleurs et contribuent grandement à l'intérêt et à la curiosité du lecteur. On peut toutefois regretter un manichéisme outrancier avec des gentils, volontaires, intelligents et désintéressés opposés à des méchants stupides, cupides et cyniques.
L'ambiance générale est baroque, avec un petit côté steampunk qui donne du relief au Cosplay et à cette Capitale partiellement détruite par la Commune.
Dans l'ensemble, ce premier tome est très accrocheur et addictif, on ne peut qu'espérer que la suite sera à la hauteur et que Laurent LADOUARI saura apporter des réponses cohérentes à toutes les questions en attente. On veut mieux connaitre Zoran Adamas et ses "enfants". On veut tout savoir sur la guerre du Pacifique et la Commune et bien sûr on attend un retournement de situation dans l'ordre établi avec, pourquoi pas, une révolte de la Zone... Une belle réussite dont on ne peut qu'attendre la suite avec impatience.

Olivier Lusetti

Fantasy.éditions.rcl

Conseillé par
8 janvier 2014

Chine ancienne, 397 avant J.C. Le pays connait une période troublée, la faiblesse de l'Empereur donne la folie des grandeurs aux rois qui se battent, annexent des territoires, concourent à faire régner la loi du plus fort. L'ombre de la mort rôde, la fin des temps approche, les signes annonciateurs se multiplient.
Dans l'armée de Ch'u, le Commandant Zaho reçoit l'ordre de mettre à mort tous les prisonniers de l'armée de Ts'ai, exceptés ceux qui voudront se rallier au culte du Dieu Zargose. Pour le jeune soldat, c'est un véritable cas de conscience. Converti à la nouvelle religion mais gardant dans son cœur les préceptes des anciens sages, il pressent l'avènement d'un monde cruel dominé par la violence, le sang et le Mal.

Dans le royaume des Fils de la Montagne, la reine Vivpière, générale des armées, qui est revenue d'entre les morts, ne peut plus contrôler la rage qui bouillonne dans les veines de Bourcrane, son fils adoré. Elle lui révèle le secret de ses origines et le bannit... pour le sauver.
Dans le royaume de Zhang Zhung, Houriya, premier oracle, est plus que troublée par des cauchemars récurrents. Qui est cet homme qui hante ses nuits, exige de la posséder, veut faire d'elle la mère de son fils ? Qui est cet être maléfique si puissant qu'il réussit à franchir les murs protecteurs du monastère ? Bouleversée, meurtrie dans sa chair, la jeune fille a eu la vision de deux hommes qui chevauchent pour la sauver. Mais seront-ils assez rapides alors que le Dieu Zargose et son fils Abaddon ont fait d'elle la Promise des Monarchies de l'Ombre...?

De cette fantasy 100% française, il faut d'abord retenir le style. Olivier LUSETTI a trempé sa plume dans la belle langue française et propose une écriture fine et très imaginée qui entraîne le lecteur dans les montagnes du Tibet, les champs de batailles, et permet de visualiser les personnages et la beauté de leurs parures. C'est donc à une véritable invitation au voyage que nous convie l'auteur, de la Chine ancienne au Tibet des origines.
Mais à côté de ses indéniables qualités littéraires, l'histoire manque un peu de liant. On passe d'un personnage à l'autre, au fil des chapitres, sans saisir le récit dans son ensemble; récit où, par ailleurs, il ne se passe pas grand chose... Ou plutôt si, une succession d’événements a bien lieu mais ils sont noyés dans un flot d'informations liés aux explications concernant les contextes historique, politique et géographique.
Ces défauts ne doivent pas faire oublier la beauté du texte et le dépaysement total dans un empire à l'atmosphère étrange et lourde des dangers à venir. Une lecture à tenter, peut-être en ayant lu a préalable L'envoyé des Monarchies de l'Ombre, histoire de faire connaissance avec les personnages et de respecter la chronologie.

1

Pika éditions

8,20
Conseillé par
4 janvier 2014

Est-ce parce qu'il est né le jour de la tragédie de Doha, ce maudit 28 octobre 1993 où le japon a raté sa qualification pour la Coupe du monde football, que Mutta se sent parfois une âme de perdant ? Enfant, pourtant, il avait des rêves, celui d'abord, d'être un guide pour son petit frère Hibito et surtout le grand, le fou désir d'explorer l'univers en devenant astronaute, Hibito marchant sur la lune et lui explorant Mars.
Mais le temps a fait son oeuvre et, en 2025, si Hibito a concrétisé son rêve et s'apprête à devenir le premier japonais à poser le pied sur la lune, Mutta, lui, se considère comme un raté. Il vient de perdre son travail après avoir "coupdeboulé" son chef - inspiré par un certain Zinédine Zidane !- et s'est réinstallé chez ses parents.

Pendant qu'il se lamente sur son sort et enchaîne les petits boulots, son petit frère pense à leur rêve d'enfant et inscrit secrètement son aîné au programme de recrutement des astronautes de la JAXA, l'Agence d'exploration aérospatiale japonaise. Peu préparé, un brin défaitiste mais aussi très motivé, Mutta part pour trois semaines d'examens, d'entretiens, de visites médicales, d'exercices sportifs, etc. dans un monde où il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus.

L'un est brun, l'autre blond. L'un est un petit prodige à qui tout réussit, l'autre accumule les échecs. L'un a atteint l'objectif qu'ils s'étaient fixé enfants, l'autre y a renoncé depuis belle lurette... On ne saurait être plus différents que les frères Namba et pourtant ils sont liés par un amour sincère et un rêve commun. Leur rivalité, loin d'être mesquine, est une saine émulation qui a porté le cadet toujours plus haut quand l'aîné, gagné par la peur de vaincre, s'est laissé aller à l'échec. Saura-t-il rattraper le temps perd et afficher son portrait à côté de celui de son frère sur le mur dédié aux astronautes japonais à la JAXA ? A 31 ans, il a l'opportunité de pouvoir enfin réaliser son rêve le plus fou mais la route est longue. Il faut sans cesse être le meilleur, ne rien lâcher, être performant dans tous les domaines. Et la concurrence est rude, entre les plus jeunes, les plus motivés et les plus doués. Et Mutta serait plutôt enclin à saper ses chances tout seul, un peu comme si l'échec était inscrit dans son ADN...
Mais son recul sur lui-même, son humour et ses gaffes font de lui un personnage attachant et sympathique, atout majeur de ce manga drôle et rafraîchissant qui saura plaire même à ceux qui n'ont que peu d'intérêt pour la conquête spatiale. Un excellent premier tome, très réaliste, très moderne, qui donne plus qu'envie de continuer le chemin aux côtés de ces deux frères attirés par les étoiles.

4

Pika éditions

7,20
Conseillé par
3 janvier 2014

Armin a réussi à sortir Eren, coincé dans un corps de Titan, de sa torpeur et l'opération de colmatage de la brèche a pu être menée à bien. Cette première victoire de l'humanité sur les Titans est cependant ternie par le nombre impressionnant de ceux qui y ont laissé la vie.
C'est l'occasion de retrouver les jeunes recrues au moment où ils ont quitté le travail des champs, leur quartier, leur village, leur famille pour intégrer la rude formation qui a fait d'eux des soldats.
Un tome intéressant pour le flashback qui permet de retrouver Eren, Amin et Mikasa au moment de leur formation de soldat. Accompagnés des élèves de leur promotion, ils s'exercent en théorie et en pratique à affronter les Titans. On découvre les personnalités, les motivations de chacun et les rapports de force ou d'amitié qui les lient.

Par contre, si connaitre mieux tous ces jeunes recrues appelées à risquer leur vie, on peut regretter que cet épisode s'insère, comme un cheveu dans la soupe, au milieu d'évènements décisifs dans la lutte des hommes contre leurs puissants prédateurs. On aurait aimé s'attacher à eux avant la bataille, surtout quand on connait le peu d'habileté du mangaka pour dessiner ses personnages. On a parfois du mal à les différencier et il aurait été bon de nous les présenter ainsi avant de les lancer dans de mortels combats.
Bref, une impression mitigée : la qualité des dessins ne s'améliore pas et le déroulement du récit manque de maîtrise.