J'ai pris ma retraite, je pars vivre au Canada, la traversée des Etats-Unis d'une jeune barge, Zoë, 22 ans et d'une épave, Richard, trader de 59 ans. Assommé par son travail, lassé par Manhattan et débarassé de sa femme, Richard déserte son quotidien pour une maison de retraite de luxe à Key West. Sur le chemin, il rencontre Zoë qu'il entraîne avec lui dans sa Cadillac pour un voyage agité. Les antagonismes se révèlent inévitables entre cette femme et cet homme que tout oppose, lui le Titanic et elle l'iceberg.

Tiziano Scarpa est vénitien, aime et écrit sur Venise. Il choisit dans son dernier livre traduit en français de nous plonger au 18 ème siècle dans la vie d’une des institutions de la ville mythique, l’Hospice de la pieta, couvent, refuge des jeunes âmes abandonnées à leur naissance. Cette vénérable institution dispense une éducation lettrée et surtout enseigne à ses pensionnaires la musique. C’est là notamment qu’officie un jeune prêtre roux, le père Antonio Vivaldi qui y crée entre autres «Les quatre saisons». Dans ce roman nous écoutons la voix fragile de la jeune Cécilia, violoniste surdouée qui chaque nuit écrit à la mère qu’elle s’imagine, tente de canaliser son extrême sensibilité dans la musique. Au fil du récit elle s’oppose et s’allie au célèbre compositeur qui lui montre un autre chemin musical mais aussi lui laisse entrevoir d’autres possibilités de vie. Au frontière de la folie Cecilia se bat pour se libérer de ses obsessions, découvrir sa liberté... Un roman mystérieux, les amoureux de Venise et de la musique seront comblés.

Ceci est un petit roman, mais sa lecture révèle un grand talent. L'histoire en est simple : une petite fille est envoyée chez oncle et sa tante alors que sa mère s'apprête à accoucher. Loin de sa fratrie déjà nombreuse et de ses parents préoccupés du quotidien à assurer, elle découvre ce qu'est la douceur de l'amour. L'attention et la délicatesse de cet homme et de cette femme qu'elle connaissait à peine la bouleversent et la font grandir petit à petit ; ils révèlent un trésor mais aussi des failles. Tout un monde s'ouvre à elle désormais et plus rien ne sera comme avant. Claire Keegan suggère plus qu'elle ne décrit avec une étonnante clarté et une admirable pudeur le foisonnement des sentiments nés de personnages blessés et dignes. Une tonalité poétique et mélancolique se dégage de ces pages que je vous conseille de découvrir à votre tour...

Dans ce roman deux réalités se confrontent. D'une part nous suivons le cheminement d'une femme qui se sent enfermée par l'attachement à sa mère, par une pensée, une injonction à la conformité et qui essaie d'agir sur son existence. D'autre part nous croisons des bêtes, et de toutes sortes : certaines sauvages, d'autres entretenues, d'autres encore qui s'apprêtent à mourir. Dans ce roman philosophique, pourrait-on dire, l'auteur éclaire par un jeu de miroirs la difficile condition d'être vivant. Si l'animal s'avère de prime abord et par certains aspects bien fascinant dans sa beauté et son mystère, son enfermement semble sans issue. Et quant à la femme, aussi dur que son combat puisse être, elle paraît posséder la capacité unique d'une possible libération. Olivia Rosenthal nous livre ici un récit singulier autant dans sa forme que dans son propos et une réflexion tout à fait contemporaine sur la liberté, l'existence et le désir.

Comment peut-on être Français ? Ce questionnement semble particulièrement aigu en ces derniers temps. Comme d'autres, l'auteur décide de parcourir le territoire, d'aller à la pêche aux indices. A sa façon personnelle et poétique, Jean-Christophe Bailly, à partir de souvenirs puis de la réalité qu'il rencontre cherche ce qui disparaît, se cache, germe dans ces nouveaux paysages qui composent la France. Un territoire est toujours mouvant, mais il n'en reste pas moins nous explique-t-il, qu'une trajectoire unique peut se dessiner pour former à un moment donné des mentalités, des images typiques que l'on peut désigner comme françaises. Le constat demeure mouvant et la réponse au fil du voyage et de la confrontation au réel s'écrit en point de suspension. La fin du livre et du voyage n'est donc pas une clôture mais une réflexion que chaque lecteur-citoyen-habitant doit reprendre à son tour. En attendant nous aussi nous avons fait un beau voyage à travers des paysages, l'histoire de l'art et de la littérature, mille et un fragments de notre culture.