L'Irlandais Colm Toibin signe une excellente biographie romancée de l'immense écrivain que fut Thomas Mann. Nul besoin de connaître l'oeuvre de l'auteur pour apprécier ce roman qui se lit comme une saga familiale et historique et nous emporte dans la tourmente de la première moitié du 20ème siècle et les tourments d'un homme ambivalent et hors du commun. La dernière page lue, vous n'aurez qu'une envie : Lire Thomas Mann.
Troix voix dans ce roman : Celle de Consolée, fillette métisse arrachée à sa famille en 1954 pour être "éduquée" dans un pensionnat pour enfants mulâtres ; celle de Ramata, art thérapeute dans un EHPAD ; et celle d'Astrida, pensionnaire atteinte d'Alzheimer. Trois récits entremêlés et nombreuses thématiques abordées avec beaucoup de finesse : l'exil, les ravages de la colonisation, le langage, le souvenir, la place de nos aînés dans les EHPAD... Aussi touchant qu'intelligent.
Dans un village du Vallais, trois femmes, une mère et ses deux filles, subissent chaque jour la foudre du père, véritable bourreau du quotidien. Pas de voyeurisme, ni de pathos dans ce roman. Seulement les mots justes et beaux pour dire l'indicible ; pour raconter l'histoire d'une violence ordinaire sur laquelle chacun ferme les yeux ; pour essayer de reconstruire ce qui a été dévasté. Un uppercut littéraire qui se lit d'un traite.
C’est avec pudeur que l'auteur nous livre l'histoire de son père. D'abord confronté à la violence coloniale en Algérie, Mohand Saïd Aït Taleb devra ensuite affronter la violence sociale à son arrivée en France en 1962. Malgré le logement HLM qui remplace le taudis du bled, malgré l'école pour ses enfants qui ne seront pas analphabètes comme lui, cet ouvrier taiseux, dur à la tâche ne trouvera jamais sa place. Son fils, dans un texte bouleversant, lui rend hommage.
Victime d'un accident de voiture, Jarred se retrouve cloué dans un fauteuil roulant à 26 ans. La seule personne à qui il peut faire appel à sa sortie d'hôpital est son père qu'il n'a plus vu depuis 10 ans. Au gré d'allers-retours passé/présent, avec beaucoup d'autodérision, l'auteur déroule l'histoire (la sienne ?) d'une relation père/fils abîmée et d'un jeune homme qui doit apprendre à vivre avec son handicap. Un très bon premier roman.