Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2019

Arts, rencontres, voyages, échanges, passions, racines, hasard: il y a tout cela dans le nouveau roman de Jeanne Benameur

Voici un comédien italien, Donato Scarpa, et sa fille, Emilia, sur le point de débarquer en Amérique en 1910; ils ont quitté leur terre natale car plus rien ne les y retenait hors le chagrin.
Voici aussi Esther Agakian, Arménienne, qui porte en elle les douleurs de son peuple exterminé, voici encore Gabor et Marucca, tziganes, allant là où le vent les porte.
Et voici Andrew Jonsson, jeune Américain par lequel tout commence, grâce à sa passion pour la photographie ; il s’est enhardi à monter sur le navire à quai à Ellis Island pour saisir les visages de ses passagers. Andrew se sent « frère de voyage » avec ceux-ci car son propre père, Islandais, a lui aussi émigré bien des années auparavant. C’est à travers son objectif que l’on va découvrir les protagonistes de ces histoires multiples.
Le temps s’égrène lentement alors que les voyageurs épuisés n’ont qu’une hâte, celle de fouler leur nouvelle terre. L’attente est cruelle. Les corps s’épient, se confient ou au contraire se retranchent dans le repos des souvenirs, fragiles barrières à l’incertitude, à l’inconnu, à la peur. Un énorme coup de coeur de cette rentrée littéraire au Moulin des Lettres!
C’est le roman de l’entre-deux où l’on sait ce qu’on poursuit, l’on ne sait pas ce qui nous attend, et où l’on sait trop ce que l’on a perdu.
Vont être dévoilées les raisons qui ont poussé ces personnages à partir, rassemblés là par le hasard de la vie ; ce qui domine, c’est tout d’abord la souffrance d’avoir dû laisser derrière soi une maison, les ancêtres, des paysages, des parfums, tout cela composant une trame délicate qui alimentera leur mémoire.
Si les âmes ont souffert au point de devoir ainsi tout quitter, les corps, eux, cherchent la consolation grâce à la musique et au violon de Gabor, à la peinture ou encore au théâtre. Dans ce roman il est en effet question d’abandon, d’art, de cultures et de rencontres.
L’écriture sensuelle de Jeanne Benameur sculpte sous nos yeux des personnages ivres de vie et de passions, riches d’une Histoire qui nourrit mais peut aussi dévorer.
Ce roman à la beauté multiple et chatoyante parlera à tous car sa langue épurée, surgie de ce que chacun des personnages a de plus profondément enfoui en lui, traverse l’âme et réjouit le coeur.

Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2019

Un roman magnifique sur le pouvoir de l'Art dans la résilience

Ce court roman nous transporte à Tokyo en 1938, en guerre contre la Chine. Yu Mizusawa, japonais, répète avec 3 amis chinois « Rosamunde » de Schubert quand débarquent dans la salle des militaires. Le fils de Yu, Rei, âgé de 11 ans, assiste à toute la scène, caché dans une armoire.
C’est cette scène que le jeune garçon va tenter d’exorciser toute sa vie à travers le cheminement qui va le mener de Tokyo à Mirecourt, auprès d’un luthier, puis à Paris, afin de reconstituer les « âmes brisées ».
Ce texte subtil et émouvant évoque l’art comme catharsis, la mémoire et la perte. Gros coup de coeur !
Nous avons le très grand plaisir de recevoir Akira Mizubayashi Mercredi 20 novembre à 18h30. Sera également présent à la rencontre Roland Terrier, luthier à Mirecourt qui nous parlera de son art et de la relation entre le luthier et le musicien.

10,30
Conseillé par (Libraire)
18 juillet 2019

Une nouvelle auteure islandaise à découvrir en poche!

"ADN" de l'auteure Yrsa Sigurdardottir ravira les lecteurs et lectrices de polars venus du grand Nord. L'action se passe en Islande et un inspecteur novice, Huldar, va se voir confier la tâche difficile de retrouver un meurtrier en série qui, non content de torturer ses victimes, laisse derrière lui de mystérieux messages cryptés. Huldar va être aidé, au-delà de l'équipe du commissariat, d'une jeune femme, psychologue pour enfants. Un excellent thriller et le premier d'une série à venir jusqu'à nous.

Conseillé par (Libraire)
18 juillet 2019

Un très beau roman qui allie la nature et le coeur des hommes

Coup de coeur pour le premier roman d'Amanda Coplin (et pour l'instant le seul traduit en français; traduit par Laurence Kiefé): Au nord-ouest des Etats-Unis, à côté de Wenatchee, au tout début du XXème siècle, Talmadge vit seul et passe tout son temps à s'occuper du verger qu'il a planté avec sa mère, morte depuis bien des années; il le fait prospérer et ses rares contacts avec autrui ont lieu lorsqu'il va vendre ses fruits. Sa propriété est parfois traversée par des chevaux sauvages conduits par des Indiens qui en font commerce. La solitude et le contact avec la nature n'ont pourtant pas rendu Talmadge sauvage pour autant car il va nourrir, héberger et enfin adopter deux adolescentes qu'il va croiser par hasard lors d'une de ses virées en ville. Les deux jeunes soeurs ont fui et sont livrées à elles-mêmes, sans aucun appui ni secours. Chacune d'entre elles va tenter de se reconstruire grâce à ce que va leur offrir l'agriculteur mais les douleurs du passé ne vont pas les abandonner de sitôt.
Ce très beau roman, original, dont la résilience est le thème central, rythmé par le temps lent de la récolte et de l'entretien des arbres, a été l'un de mes coups de coeur lors de sa parution en français en 2014 aux éditions Christian Bourgois.

Ce qui est monstrueux est normal

Viviane Hamy

12,50
Conseillé par (Libraire)
8 juillet 2019

J'ai découvert Céline Lapertot quand son second roman est paru en 2016 (publié par les Éditions Viviane Hamy ), "Des femmes qui dansent sous les bombes" puis avec "Ne préfère pas le sang à l'eau" publié en 2018; elle était venue en parler à la librairie et cette rencontre nous avait marqués tout comme le fait chacun de ses textes.
Son quatrième livre paru en mai est un roman fortement autobiographique qui est sorti du plus profond de ses entrailles. J'ai retrouvé son style sans concession et cependant d'une extrême finesse d'analyse et sa façon d'aborder la vie avec un regard cru, acéré, vrai mais aussi plein de volonté d'aller de l'avant et de vie.
Céline Lapertot regarde le lecteur bien en face pour affronter avec lui les peurs, les douleurs et les maux que l'humain fait subir à l'autre que soi mais également les espoirs que la vie génère. On ne ressort pas indemne de chacune de ces lectures et "Ce qui est monstrueux est normal" n'échappe pas à la la règle de vérité que l'auteure s'impose sans jamais tomber dans l'horrifique ou le pathos.
Bouleversant, ce roman porte à nouveau sur l'enfance meurtrie mais aussi sur la possibilité de se relever après les épreuves subies.Une écriture au couteau, un style remarquable de concision, de franchise et de poésie tout à la fois.