Laurence G.

Libraire passionnée à Epinal depuis 2013.

Journal 1965 – 1966

Gabriella ZALAPÌ

Zoé

Conseillé par (Libraire)
20 mars 2020

Un très beau texte, court et puissant!

Que de belles découvertes grâce aux Editions Zoé ! Notre "prix du Moulin des Lettres 2017" avait déjà mis en avant le très beau roman de Richard Wagamese "Les étoiles s'éteignent à l'aube".
En cette rentrée littéraire 2019, voici un nouveau petit bijou de cette belle maison d'éditions suisse, écrit par une jeune artiste plasticienne, Gabriella Zalapì, dont c'est le premier roman: un faux journal, court, brûlant, tenu par une jeune épousée de 30 ans, sicilienne, à qui son mari, notable palermitain, ne demande qu’une chose : être femme au foyer et mère. Antonia tente de s’évader de ce carcan insupportable en compulsant les documents familiaux laissés par sa grand-mère à sa mort, ce qui va lui permettre de faire un travail sur elle-même et de trouver la force d’échapper à son enfermement mental et physique. Le journal est bref et retrace deux années de la vie d'Antonia; les annotations courent sur une ou deux pages et peuvent tenir aussi en quelques lignes, toujours denses. On saisit pleinement, malgré la brièveté du texte, la souffrance, la façon dont se débat cette jeune femme et l'urgence de sa quête. Quelques photos accompagnent de façon originale les annotations d'Antonia et renvoient aux clichés familiaux que nous découvrons en même temps qu'elle tandis qu'elle essaie de se remémorer et d'affronter des scènes et des moments de son enfance. Superbe !

Conseillé par (Libraire)
2 mars 2020

Une plongée dans la psyché des Américains après Hiroshima et Nagasaki

Ce roman composé de 7 voix narratives tournant toutes autour de la figure du scientifique Robert Oppenheimer -père de la bombe atomique- est bien plus qu'une tentative romancée de biographie. Elle est une plongée dans la psyché de l'Amérique des années 40, 50 et 60, entre culpabilité et peur de l'autre, mensonges d' Etat et surveillance des citoyens à outrance.
Louisa Hall a construit son histoire en fragmentant le personnage complexe d'Opennheimer en 7 récits faits par 7 personnes qui l'ont connu à diverses époques de sa vie; le premier témoignage remonte au moment du premier essai nucléaire dans le désert de Los Alamos au Nouveau Mexique, là où était installée la base militaire de recherches.
Au-delà d'une tentative de comprendre l'homme qui a élaboré le pire engin de guerre jamais créé, l'auteure nous invite à découvrir les sentiments, les échecs et les peurs de ceux et celles qui ont été témoins (fictifs) de cette mise à feu et de ses conséquences après le largage des bombes sur le Japon. Une analyse fine et originale du trauma dans la psyché profonde des Américains engendré par la décision de leur gouvernement d'aller jusqu'au bout de l'horreur.

Conseillé par (Libraire)
23 février 2020

Un excellent premier roman!

Très bien écrit et traduit, ce roman est un mélange de "Nature writing" et de suspens et se dévore d'une traite grâce à la cohérence de l'histoire, l'empathie pour le personnage à qui il arrive quand même un sacré nombre d'embrouilles, les personnages secondaires et le décor superbe.
Un très bon premier roman et un écrivain à suivre, dans la lignée de Edward Abbey!

Conseillé par (Libraire)
23 février 2020

Un roman qui aborde la déforestation et la mise en péril des tribus qui vivent en Amazonie

GROS COUP DE COEUR POUR LE ROMAN DE PASCAL MANOUKIAN qui vient de paraitre aux Editions du Seuil : Gabriel, s’enrichissant grâce à la déforestation en Amazonie, survole seul la région quand une nuée d’oiseaux attaque l’avion. Retrouvé inanimé par la tribu des Yacou qui ne s’est jamais aventurée hors de la forêt, il va être remis sur pieds par le chaman. La confrontation au mode de vie des chasseurs-cueilleurs oblige Gabriel à s’adapter alors qu’il n’a qu’une obsession: retourner dans son monde ; or, il ne pourra jamais y arriver seul…
La prise de conscience qui se fait en Gabriel sur la vacuité de son existence va peu à peu l'obliger à se poser des questions sur la vie qu'il menait jusque-là; sa volonté de comprendre les Yacou va l'aider à pénétrer leur philosophie et leur rapport au monde et va lui permettre de se remettre profondément en question. Ce beau roman d’aventures, qui brasse de nombreux thèmes dont celui de l'altérité, est plein de péripéties et d’humour; il fait réfléchir sur notre entêtement à détruire la planète et ceux qui y vivent en harmonie.

8,90
Conseillé par (Libraire)
30 septembre 2019

Un nouvel opus de Nicolas Mathieu, qui de rose n'a que le nom

Avec son style chaloupé, ses phrases bien balancées et ses situations habilement croquées, Nicolas Mathieu nous a habitués avec ses deux romans précédents -"Aux animaux la guerre" et "Leurs enfants après eux", Prix Goncourt 2018 - à des bras cassés du quotidien, des anti-héros à la mine fatiguée et à l'haleine redoutable, des familles désargentées, des jeunes zonant au milieu d'usines désaffectées et à un contexte social déprimé.
Nous le retrouvons avec grand plaisir avec ce 3ème et très court opus qui vient tout juste de paraitre, "Rose Royal", publié dans la collection noire "Polaroïd" de la maison d'éditions IN8 dirigée par Marc Villard.
Cette fois-ci nous sommes à Nancy; il nous présente la belle Rose,qu'on croise d'ailleurs tous les jours dans la rue; elle flirte avec la cinquantaine, ayant toujours tout assumé jusque-là, mari, divorce, enfants, boulot, galères, coups, solitude et souhaitant - malgré tout - encore profiter de la vie même si celle-ci est en train de la laisser de côté.
Elle a pris ses habitudes dans un troquet où elle se rend après son travail pour retrouver le patron, ses piliers, le journal et son amie Marie-Jeanne. Une rencontre inattendue va bouleverser ce qu'elle souhaitait bouleverser, une vie monotone et trop pleine d'attendus.
Du rose du titre il ne restera plus grand' chose à la fin, remplacé par le noir qu'on sent présent, même si bien planqué au début; Nicolas Mathieu n'écrit pas des histoires pour midinettes, il nous le confirme encore une fois. Brillant, percutant, et un beau portrait de femme, bref à lire!