Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Cohen & Cohen éditeurs

16,00
Conseillé par
16 novembre 2015

Elisabeth Louise Vigée Le Brun (1755/1842) est en plein dans l'actualité culturelle de cette fin d'année puisqu'une exposition -jusqu'au 11 janvier 2016- au Grand Palais de Paris est consacrée à cette portraitiste de Marie-Antoinette et des grands de ce monde à son époque, ce qui lui vaudra l'exil en Russie entre autres destinations au moment de la Révolution

Dans ce roman, Patrick Weiller s'attarde sur les péripéties du marchand de tableau et sur l'histoire de la toile qui est en couverture, le portrait d'une jeune femme d'une vingtaine d'années à la beauté étincelante. Plus qu'un polar, c'est un roman qui permet d'en connaître un peu plus sur les dessous des ventes aux enchères, des pratiques des marchands de tableaux. Une sorte de compte-rendu autour de la tentative d'achat de ce tableau. L'aspect polar intervient surtout lorsque la mafia ukrainienne entre en jeu et que l'on comprend que l'héritier de la vieille dame russe n'est pas franchement honnête. Autour d'une vraie toile, d'une vraie peintre et d'un vrai modèle, Patrick Weiller construit sa fiction fort agréablement. Le rythme n'est pas haletant, mais on est assez vite pris par l'envie d'en savoir un peu plus sur ce tableau, le modèle et sur les mésaventures du marchand, honnête même s'il hésite à s'affranchir de quelques règles tant il est fasciné par la jeune femme peinte, son regard notamment.

Une histoire courte de 138 pages, dans sa superbe livrée noire absolue de la collection Art Noir de chez Cohen&Cohen, la collection qui allie polar et art et que vous connaissez maintenant. Quoi ? Certains la découvrent avec cet article ? C'est mal, ça veut dire que vous n'avez pas lu celui-ci, ni celui-là... Un peu d'attention s'il vous plait et de constance à venir me lire, pour piocher plein d'idées lecture bien sûr, mais aussi parce que ça peut faire monter mes statistiques de visites (n'oubliez pas de commenter les articles, c'est encore mieux).

Conseillé par
16 novembre 2015

Une idée de départ pas mal du tout, classique s'il en est, mais parfois le classique a du bon dès lors qu'il est bien traité. Las, je me perds rapidement dans les noms des personnages, la profusion des seconds rôles se mélange dans mon pauvre petit esprit étriqué. En outre, le roman est très haché en tout petits chapitres de deux ou trois pages qui alternent les narrateurs et les lieux, une autre source de perdition pour moi ; cette mise en page, d'habitude dynamique, paradoxalement casse le rythme, qui lorsque je commence à le prendre est changé par un autre point de vue. La première partie est assez longue, bavarde, sentiment accentué par les nombreux dialogues.

Un thriller qui pourra plaire, sûrement, il n'y a pas de raison, mais pas à moi. Tant pis.

Conseillé par
16 novembre 2015

J'ai reçu ce livre par la poste, sans me rappeler si on m'avait sollicité auparavant ou non. Toujours est-il que je tombe sur un écrivain que l'on compare volontiers à Harlan Coben, dont je n'ai aimé que Ne le dis à personne, la suite m'ayant laissé totalement froid. Eh bien là, ça me fait le même effet, la comparaison n'est donc pas usurpée en ce qui me concerne. J'ai la désagréable impression de me retrouver devant une énième série états-unienne avec des meurtres, un tueur en série, des rebondissements qui n'en sont pas, tellement on les a vus ou lus ailleurs. Le roman est bavard, long, n'apporte rien si ce n'est une plongée dans les Everglades, c'est pour moi le seul bon point. A priori James Grippando est très connu -bon pas de moi, avant ce livre il m'était un parfait inconnu- pour ses thrillers précédents, de vrais page-turners ai-je pu lire en bon français. Si on le dit, je veux bien le croire...

André Blanc

Jigal

Conseillé par
16 novembre 2015

J'ai déjà rencontré l'équipe du commandant Farel dans le roman précédent d'André Blanc, sobrement intitulé Farel. J'avais alors été surpris par le réalisme et la minutie des descriptions de l'auteur. C'est toujours le cas avec Violence d'état. L'intrigue est totalement crédible, elle serait l'une des nombreuses affaires politico-financières dont on a vent depuis une quarantaine d'années. Ce qui m'étonnera toujours, ce n'est pas qu'il y ait des gens de pouvoir tentés par des malversations de tout ordre, mais plutôt qu'ils osent franchir le pas, sachant qu'à un moment ou un autre, ils vont se faire gauler. Ils sont tellement nombreux nos politiques à avoir eu affaire à la justice -et de tous les partis, même ceux du FN qui prétendent être plus blancs que blancs- que le "tous pourris" -que je déteste car je reste persuadé que beaucoup sont honnêtes- devient un leitmotiv que je n'ose plus qu'à peine contredire.

Mais bon, revenons à nos flics lyonnais qui enquêtent sur le trafic d'armes et de drogue. Il n'est pas toujours très simple de s'y retrouver, il faut s'accrocher un peu, parce que l'affaire est complexe, les meneurs sont roués et de peur de fouineurs ou de juges et de flics trop zélés, ils font des montages abscons. André Blanc nous donne des indices à petites doses, pas suffisamment pour que l'on puisse seul, comprendre la totalité de l'affaire. Mais patience, Farel et son équipe nous expliquerons tout à la fin. Belle équipe d'ailleurs que celle de Farel, soudée, une confiance absolue les uns dans les autres, de forts caractères, notamment ceux de Farel et de Lucchini son second, les plus présents dans le roman, avec Jimmy, le nouvel arrivant, as de l'informatique. Et puis, il y a Maud. Maud, c'est l'amie de Farel. Flic à Interpol, elle était déjà là sur le premier tome et se remet très douloureusement d'une agression.

Pour revenir un instant à la construction du livre, j'ai eu la sensation étrange tout au long d'icelui de ne pas tout comprendre, de me dire qu'il valait mieux avoir lu Farel avant de lire Violence d'état, notamment pour les relations entre les personnages. Et puis finalement, non, pas du tout. C'est André Blanc qui construit un puzzle, nous donnant des pièces de temps en temps, mais évidemment jamais trop proches les unes des autres. Il nous oblige à réfléchir, à faire une partie du travail de regroupement nous-mêmes, c'est du grand art. Ce n'est qu'à la fin que tout s'emboîte parfaitement. Ça peut paraître assez classique ce que j'écris là, mais le classique lorsque c'est bien fait et maîtrisé, ça a du bon. La preuve !

Conseillé par
16 novembre 2015

Rasipuram Krishnaswami Narayanswami de son vrai nom est né en 1906 et mort en 2001 à Madras. Ce roman, intitulé The guide en anglais, la langue d'écriture de RK Narayan, est publié en 1958, puis en 1990 en français chez Belfond, repris en 2012 chez Zulma puis en poche cette année.

Quel beau roman les amis, quel beau roman ! RK Narayan sait se faire caustique, drôle, tendre, critique, joyeux, sérieux tout cela par l'intermédiaire de son personnage principal Raju. C'est un jeune homme qui n'aime pas l'école qui préfère aider son père dans sa boutique. Il a des rêves, agrandit le magasin, rencontre Rosie et fait d'elle une danseuse reconnue. Bourré d'amour et d'ambition, il ne fait pas attention aux pièges et pêche autant par cupidité que naïveté. Il est à la fois agaçant et attachant. Peut-on lui reprocher de vouloir accéder à des richesses jusque là rêvées ? Non bien sûr. Peut-on lui reprocher de les vouloir en profitant des autres ? Sans doute un peu... Il devient gourou sans le vouloir, parce que la situation le sert, il a ainsi gîte et couvert sans se donner de mal. C'est une méprise qui lui offre ce rôle, puis la supercherie devient difficile à dévoiler : tout révéler signifie tout perdre et retourner dans sa petite ville d'origine où il sera moqué et regardé comme celui qui sort de prison.

On peut voir dans ce roman -et l'on doit y voir- une critique des sectes et des gourous de tout poil, ceux qui bâtissent une religion ou qui sont adorés par des illuminés ou des gens en plein désarroi. C'est même assez fou de voir qu'il faut peu d'ingrédients pour que Raju soit vite pris pour un prophète alors que sa vie passée est tout l'inverse de cela, il est très loin de Gandhi ! Mais on peut voir aussi la vie d'un homme amoureux qui se laisse déborder par ses rêves de gloire, de vie facile. La jalousie est aussi l'un de ses défauts, il ne supporte pas que Rosie soit heureuse avec d'autres que lui. Rosie est celle qui le révèlera à lui-même, celle qui à son insu fera naître ou grandir ses mauvais côtés.

C'est vraiment un pur plaisir que de se plonger dans ce roman indien des années 50. C'est drôle, léger et sérieux, simple à lire, RK Narayan ne nous noie pas sous des déluges de détails typiquement indiens, même s'il est bien ancré dans la société du pays. Phrases simples, rythme assez soutenu pour ne pas perdre le lecteur, et la magie opère sur les à peine 270 pages. Je l'ai commencé un peu dubitatif mais confiant quand même, Zulma me décevant rarement, et dois-je vous préciser que je ne l'ai pas lâché, c'est typiquement le genre de bouquins qui vous font passer un après-midi pluvieux sur le canapé avec d'abord un café (ils en boivent beaucoup dans le roman), puis avec un thé, sans oublier les éventuels gâteaux et verres d'eau entre... (pensez aux pauses-toilettes, parce qu'avec tout ça, elles seront nombreuses et nécessaires, mais en format poche, le livre se trimballe partout, quand je vous disais qu'on ne peut plus le quitter...)