Dans le Kyushu, au sud de l’archipel, deux inspecteurs sont confrontés à un apparent double suicide amoureux par empoisonnement qui va leur donner bien du fil à retordre. Le jeune Mihara est dépêché sur place par Tokyo à la demande de Jutaro Torigai, un vieux policier qui a déjà roulé sa bosse mais se pose des questions sur une éventuelle mise en scène. Le suicidé étant mêlé à une affaire de corruption à Tokyo, cette mort paraît d’autant plus suspecte. Cette enquête menée principalement par Mihara a été un best-seller au Japon où Matsumoto Seicho est considéré comme le Simenon national. L’intrigue, bien ficelée et menée avec beaucoup de méticulosité, s’appuie avec originalité sur des horaires ferroviaires et des aller-retours en train.

Elles sont toutes coupables et le lecteur les regarde se débattre avec un brin d’empathie. Qui sont-elles ? Quatre femmes travaillant de nuit dans une usine de panier-repas de Tokyo. Masako, Yoshie, Kuniko et Yayoi assurent chacune le quotidien de leur foyer en s’épuisant tandis que leurs maris sont des hommes incapables, absents ou volages. Jusqu’au jour où les choses dérapent pour Yayoi qui tue son mari et va impliquer les trois autres femmes qui deviennent alors des complices. D’autres personnages peu recommandables vont être mêlés à l’affaire de manière plus ou moins directe faisant monter la tension psychologique parfaitement maîtrisée. Un excellent thriller qui, au passage, brosse un portrait de la société japonaise et de la place des femmes dans celle-ci.

Keigo Higashino a été ingénieur avant d’être écrivain, profession qui lui a certainement été très utile pour la rédaction de ce thriller scientifique qui tourne autour d’un chantage touchant à l’énergie nucléaire. En effet, un hélicoptère prêt à être livré à l’agence de défense du Japon, est volé et télécommandé en position stationnaire au-dessus d’une centrale, bourré d’explosifs, avec à son bord un enfant, passager clandestin non prévu. C’est la panique générale, que Keigo Higashino raconte presque minute par minute. Il est fou de penser que ce roman noir à suspens ait été écrit en 1998 tant certains passages sont prémonitoires.

Quand son ex-petite amie, Sayaka, lui demande de l'aide, le narrateur est loin de se douter qu'il va devoir visiter de fond en comble une vieille maison dans les montagnes. Le père de la jeune femme est décédé et lui a légué la clé et un plan pour se rendre dans cette maison. Elle pense pouvoir enfin retrouver ses souvenirs d'enfance. Ils se retrouvent devant une demeure abandonnée depuis une vingtaine d'années, dont certaines pièces sont restées en parfait état. Les horloges sont toutes arrêtées à la même heure. Un garçon, Yusuke, aurait habité les lieux et nous relate sa vie quotidienne difficile, à travers les pages d'un journal. Higashino joue habilement avec nos nerfs, mêlant une mise en scène labyrinthique à des secrets de famille.

À travers cette intrigue policière passionnante, Nagao Seio semble s’être amusé en revisitant le très classique "Dit du Genji" de Shibuku Murasaki de manière ludique. Le roman se déroule donc dans l’intimité de la cour impériale du Kyoto du XIème siècle, lieu idéal sur lequel règnent haine et jalousie et où évolue le jeune et beau prince Genji, fils d’une épouse impériale éliminée par une rivale, lequel est évidemment concerné par toutes les conspirations de palais. Cependant Genji préfère les femmes à la politique, jusqu’au jour où les morts sordides s’accumulent de façon trop suspecte pour ne pas mener l’enquête. Derrière les masques élégants de la cour impériale se cachent évidemment corruption et soif de pouvoir.