Librairie coiffard

Roman

Seuil

21,00
Conseillé par (Libraire)
30 avril 2020

Conseillé par Stéphanie, Etienne et Rémy

En lisant ce titre "L'America", un petit air bien connu chanté par Joe Dassin arrive jusqu'à nos lèvres. Mais "L'Amérique" du jeune sicilien Vittorio Bevilacqua n'est pas un rêve, c'est une cachette, la destination d'une fuite. Rien ne laissait présager que ce fils de pêcheur, dont le père a disparu en mer, et qui entretient du mieux qu'il peut sa mère et ses deux soeurs avec le produit de sa pêche, croise un jour le regard de la belle Ana, fille de Salvatore Fontarossa. Un amour innocent et sincère qui va être confronté de plein fouet à la haine du père de la jeune femme. Un père sans pitié à la tête de la mafia locale.
Le lecteur accompagne les personnages de 1902 à 1910 : Ana, restée au pays sous la coupe du père et Vitto dans sa fuite effrénée et dangereuse avec les sbires de Salvatore collés aux basques.
Quel souffle! On soupire, on se révolte avec Ana, on tremble, on espère pour Vitto. Michel Moutot est un raconteur d'histoires et un fin connaisseur de ce début de XXème siècle. Des eaux bleues de l'île de Marettimo à la Baie de Nushagak, les péripéties et rebondissements sont au rendez-vous dans un contexte social et historique précis. Une belle recette pour faire palpiter vos coeurs de lecteurs.
Ce livre a été sélectionné pour notre Prix du roman Coiffard 2020.

Sonatine éditions

21,00
Conseillé par (Libraire)
30 avril 2020

coup de coeur de Coralie

Darl Moody vit en Caroline du Nord. Passionné par la chasse, il profite de l'absence de son voisin pour aller braconner sur ses terres. Malheureusement il va tuer un homme accidentellement. Or le frère de la victime est bien connu pour ses accès de violence, sa hargne et sa capacité à nuire.
Darl va faire chercher de l'aide auprès de son seul ami pour cacher le corps. Mais après ça, le quotidien de ces deux hommes va devenir une lente descente aux enfers poignante et effrayante : chaque instant, chaque mouvement, chaque bruit entendu se transformeront en peur.
David Joy dessine avec talent un portait de la brutalité, de la fraternité et de la solitude.
"Ce lien entre nous" est une image sombre et terrible du désespoir et de la noirceur des régions isolées. Sublimes paysages désolés, hommes seuls face à la nature et à l'humanité.

Conseillé par (Libraire)
14 avril 2020

Conseillé par Coralie

Le Dr Augustus Voorhees est le "médecin avorteur" du centre des femmes de Muskegee Falls dans l'Ohio. Passioné par son métier, il se consacre pleinement à son activité, aide les femmes qui ont en besoin, parfois au détriment de sa famille.
Le 2 novembre 1999, Luther Dunphy, un homme profondément croyant va tuer le médecin. Fervent activiste depuis quelques temps des églises qui pénalisent l'avortement et le droit des femmes à disposer de leurs corps, il se donne pour mission d'assassiner cet homme, qui apparait sur la liste épouvantable des médecins à abattre.
Après avoir tiré sur Augustus Vorrhees, il tue aussi l'homme qui l'accompagne chaque matin pour le protéger. Juste après, il se rend, sans se défendre.
Au fil de ses différents procès, il ne se défendra pas, annonçant que Dieu seul peut le sauver et qu'il lui fait entièrement confiance.

Au-delà de toutes ces croyances et des différences entre les deux hommes, Joyce Carol Oates nous donne à suivre leurs deux filles : Naomi Voorhees et Dawn Dunphy, obsédées par l'histoire de leurs pères respectifs. Au fil des 900 pages de ce roman, les deux jeunes filles vont grandir, sombrer, apprendre à vivre avec le manque et la tragédie, résister et se battre, chacune à leur manière.
Cette histoire qui ne leur appartient pas les a construites, forgées, fragilisées et rendues plus sensibles au monde qui les entoure.
Joyce Carol Oates nous raconte, sans prendre parti, l'histoire contemporaine du peuple américain, entre tradition et modernité, entre colère, solitude et apaisement.

Conseillé par (Libraire)
10 avril 2020

Conseillé par Marie-Laure

Un premier roman qui fait la part belle aux femmes et à la transmission. V. vient de perdre sa mère. Elle vivait recluse dans un petit village de la Gaspésie et « esti que c’est loin ». Elle s’est jetée dans le Saint-Laurent, fleuve majestueux qui a vu passer trois générations : Claire la grand-mère, Frida la mère et notre narratrice, V. la petite fille. Chacune, à leur façon, ont cherché la parfaite falaise. Trois femmes qui ont couru toute leur vie pour finalement, toujours revenir.
V. se rend au village natal, accompagnée de sa petite sœur, jeune fille adorable qui « chie de la lumière » afin de vider la maison familiale. Finalement, elle décide d’y rester seule, ne sachant pas trop pourquoi. Elle va découvrir les cahiers intimes de sa grand-mère qui rêvait de retrouver « la plus belle falaise d’Islande ». Elle va aussi rencontrer sa « renarde », Chloé. Un voyage d’abord intérieur, plein de sensualité qui finira à l’autre bout du monde sur les traces de son aïeule. V. a toujours tenté de renier l’héritage d’une mère trop fantasque. Ce cocon qu’elle se fabriquera dans cette maison du bout du monde lui permettra de mieux l’approcher. Un texte onirique et poétique où la langue familière se mêle aux expressions québécoises et tournures poétiques telles que « Je souris triste » ou « Le cœur me bat dans la gorge ». Un roman intimiste et sublime que nous lisons au son des vagues qui se cognent contre la falaise.
« JE PENSE QUE JE SUIS BRISEE.
J’ai l’automne à l’envers. En dedans au lieu d’en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. Du vent qui craque dans la cage thoracique.
C’est octobre.
Ma mère est morte et j’ai pas encore pleuré. »

Une histoire souterraine du capitalisme

Actes Sud

18,00
Conseillé par (Libraire)
9 avril 2020

Conseillé par Lyonel

Peu de personnes lisent le Marquis de Sade pour ses passages théoriques. Il y a, pourtant, autant de souffre dans la pensée philosophique de Sade que dans ses digressions libertines. Pour le « divin marquis », les pulsions régissent le monde et ce, bien plus que la raison. Cette base, il l’avait reprise et trouvée dans les travaux de Bernard de Mandeville. Voilà toute l’érudition de Dany-Robert Dufour - aller creuser les bibliothèques pour mettre en lumière un écrit oublié. Ce livre, c’est : Recherches sur l’origine de la vertu morale. Voilà un texte décisif - il est la matrice, pour Dany-Robert Dufour, de l’avènement d’un capitalisme particulièrement agressif. Sous les traits du progrès, le dispositif de l’ultra-capitalisme leurre la population en la cadenassant dans ses pulsions et autres ignorances puis - surtout- en lui imposant le songe d’une richesse pour masquer une pauvreté structurelle. Dans ce système « les pires d’entre les hommes » exercent le pouvoir, sans la moindre empathie mais plutôt munis d’une ingénieuse agressivité. Un essai brillant et crépusculaire.