Et si les nazis avaient gagné la guerre ? Dans les années 60, à San Francisco sous domination japonaise, des personnages se croisent et nouent des liens : un artisan créateur de contrefaçons, des Japonais amateurs d’art américain, un consul nazi, l’admiratrice d’un mystérieux écrivain… Comme toujours chez Dick, jeux de miroirs et d’identité, et une grande attention aux êtres et aux choses.

Soyons irréalistes, déraisonnables et impossibles ! En 10 chapitres très documentés et pleins d’humour, R. Bregman montre comment de belles utopies (la fin de la pauvreté, le travail choisi, l’ouverture des frontières…) sont de vrais objectifs réalisables pour demain. Après tout, l’esclavage et le vote des femmes n’étaient-ils pas aussi des utopies, il n’y a pas si longtemps ?

La grande force des livres d’Ivan Jablonka (historien, auteur entre autres du récent Laetitia), c’est de concilier une grande rigueur historique et une quête autobiographique ; la distance et l’émotion. Ici, menant son enquête, il nous fait toucher du doigt la vie de ses grands-parents, polonais, juifs et communistes, déportés dans leur belle jeunesse. Mais il relie toujours leur parcours à d’autres destins humains – tout simplement. Un livre admirable.

Les chapitres s’enchainent comme une mécanique infernale, une écriture drôle et féroce pour raconter la montée du nazisme : un théâtre de pantins tragiques.

On connaît l’intrigue : la quête d’un chasseur d’androïdes dans un futur cauchemardesque. Mais ce roman, ce n’est pas du cinéma. Bien sûr, Dick crée tout un univers : le conapt, les Nexus-6, la « tropie », les « spéciaux »… Mais surtout il vous plonge dans une science-fiction du quotidien qui vous prend par son étrangeté et sa vérité profonde. Un classique à lire.