Quatre Sans Quatre

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Quatre Sans Quatre, le webzine qui n'a rien trouvé de mieux! Chroniques littéraires - principalement polars mais pas que -, cultures alternatives, musique, numérique et tout le toutim ! Producteur de l'émission radio Des Polars et des Notes en partenariat avec Radio Évasion.

La dernière goutte

19,00
Conseillé par
2 mars 2015

Un privé argentin lâché au milieu des rapaces...

La première leçon à tirer de ce polar pur jus, c'est qu'il ne faut jamais prendre un privé pour plus couillon qu'il ne l'est réellement. Même s'il est aussi sympathique et peu ambitieux que Mariani, un détective ne lâche jamais la proie pour l'ombre et procure toujours des ennuis à qui veut le manipuler. Du moins dans les polars...

Calibre 45 est on ne peut plus classique, les codes et avatars convenus du genre sont tous présents, sans exception, le ton et le style n'en sont pas moins résolument nouveaux. Buenos Aires n'est pas Chicago ou Paris, la société portègne possède son rythme propre qui bat dans les rues fréquentées par l'enquêteur et ses spécificités remarquablement décrites au fur et à mesure que nous observons Mariani se débattre entre les griffes des différents rapaces alléchés par l'espoir de se procurer la fameuse Théodose.

Le fameux milieu des collectionneurs prêts à tout pour le rare, en marge de la pègre mais pas beaucoup plus fréquentable. Surtout que notre bonhomme ne connait rien au crime de sang et aux affaires tordues, il va devoir effectuer son apprentissage sur le terrain, vite et bien, se servir de son cerveau et compter sur quelques amitiés indéfectibles ainsi que sur la bienveillance de ses « tantes » pour aller au bout de sa quête.

Bien documenté, riche en anecdotes, Calibre 45 nous fait entrer dans le cercle fermé et mystérieux de la numismatique ainsi qu'au cœur de Buenos Aires. Pas celui de « Un fils de pub aux abois » écrit par Natalia Moret et paru aux éditions La Dernière Goutte, plus moderne, hispter et urbain, celui du petit peuple et de la vie de tous les jours.

Un excellent polar, un bon moment de lecture dépaysant et, paradoxalement, familier.

Suite de la chronique et musique du livre sur Quatre Sans Quatre ([[http://quatresansquatre.com/article/chronique-livre-calibre-45-de-martin-mazlharro-1425142138,LINK:http://quatresansquatre.com/article/chronique-livre-calibre-45-de-martin-mazlharro-1425142138 )

Bablon, Jacques

Jigal

Conseillé par
2 mars 2015

Un polar qui décape à l'acide, jubilatoire !

Ce polar, surprenant, est un morceau de rock speed où les personnages s'agitent sur une section rythmique dingue. Chacun y va de son solo à un moment ou un autre mais c'est l'ensemble qui compte et c'est rudement bien composé et joué ! Des personnages originaux, francs du collier, chacun connait son rôle et sa partition mais parvient tout de même à nous surprendre au détour d'une phrase choc ou d'une métaphore de compèt...

L'écriture est tellement cinématographique que l'adaptation ne devrait pas nécessiter trop de taf pour fixer cette histoire sur grand écran. Un style fait sur mesure pour, des rebondissements en cascade, du suspense, des situations qui ne sont jamais tout à fait ce que le lecteur pense qu'elles sont, bref, une lecture passionnante, un récit qui ne relâche pas un instant la pression. C'est un sprint, pas un marathon, et il y a là toute l'intensité de l'effort court mais hyper violent, des enchaînements sans pause, des protagonistes sans cesse au-dessus du vide dans l'équilibre précaire qu'a bien voulu accorder l'auteur.

De surprises en bagarres, de flirts en amitiés fulgurantes, le héros en apprend de belles sur lui-même et son pote et il digère comme il peut les renseignements qu'il n'a pas forcément cherchés mais qui lui parviennent de gré ou de force comme des coups de matraque.

Un excellent roman, atypique, riche, furieux, dingue comme un jeune chien, parfois très drôle, un peu macabre mais jamais, à aucun moment, ennuyeux. Bien au contraire. Une ambiance à la Fantasia chez les ploucs, de vrais méchants et de faux bad boys, ce bouquin là, mon vieux, il est terrible !

La suite de la chronique et la musique du livre sur Quatre Sans Quatre (http://quatresansquatre.com/article/chronique-livre-trait-bleu-de-jacques-bablon-1424797855)

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28 février 2015

Un superbe roman noir sur la mémoire et l'humain...

À première vue, le décor planté est celui d'un western spaghetti classique, les codes sont là, les protagonistes, le vent, le sable et les six coups. Sauf qu'il ne faut jamais s'arrêter aux apparences et qu'il y a ici une histoire extraordinairement riche et habile qui fait de ce petit livre -par la taille – un très bon roman sur le temps, la mémoire, le vieillissement et l'identité.

Autant vous le dire tout de suite, j'ai été totalement séduit par Avaler du sable. La construction est parfaite, émaillée de trouvailles, de ruptures dans la linéarité du récit, comme autant de grains de ce sable importun du désert qui vient gripper les plus merveilleuses mécaniques. Du sable qui s'échappe du sablier, celui qui laisse filer les secondes de nos vies, une à une, inexorablement et qui ne s'écoule que dans un sens.


Une affaire de vie ET de mort...

Paradoxalement, ce roman est très moderne. Ne vous bloquez pas sur le pitch, il ne sert qu'à nous mettre dans l'ambiance. Quand nous y sommes confortablement installés, l'auteur, diabolique, efficace, nous sort de nos certitudes et nous précipite dans une toute autre affaire. Une affaire d'identité, de racines et de fuite d'un temps impossible à contenir de nos mains ou de nos neurones. L'idée de base m'a fait penser au film de Cédric Klapisch « Peut-être », des ancêtres et des descendants se mêlant peu à peu dans le même sable créateur et effaceur...

Des inventions d'écriture, de style, obligent le lecteur à une attention permanente. Rien n'est gratuit ou superflu chez Antônio Xerxenesky mais rien n'y est difficile ou abscons non plus. C'est un superbe conteur et il sait captiver son auditoire par des arythmies, rebondissements ou facéties dans le corps de texte même, rompant le suspense pour mieux plonger le lecteur dans un miroir maléfique où il a peur de se reconnaître.

« Le grand problème de la vieillesse, c'est le cancer de la mémoire. »

Des zombies dans un western, une ville au nom à la con, un shérif qui sort de nulle part, la nuit et l'alcool qui, contrairement à l'eau dont on arrose les cours de tennis, fait voler le sable insidieux de Mavark faisant patiner le processus de la pensée. Celui du narrateur mais également celui du lecteur qui ne peut anticiper ce qu'il va découvrir la page suivante, la prochaine étape décidée par un auteur insaisissable comme le vent dans les paysages de l'ouest sauvage.

Un premier roman noir absolument réussi, Antônio Xerxenesky propose un univers réellement très original et fort, porté par une écriture – et une traduction – impeccable, une totale découverte, un très grand plaisir de lecture.

La chronique complète et la musique du livre sur Quatre Sans Qautre http://quatresansquatre.com/article/chronique-livre-avaler-du-sable-de-antonio-xerxenesky-1424019205

Sonatine éditions

22,00
Conseillé par
28 février 2015

Un des meilleurs thriller de RJ Ellory, du niveau de Vendetta

Au delà de l'enquête en elle-même, passionnante et tordue à souhait, c'est la terrible détermination de Gaines qui éclaire ce récit d'une lumière directement venu des enfers. Dès le début, le lecteur sait que rien ne peut arrêter sa quête de vérité, ni le respect de la loi ni le risque de voir les preuves collectées annulées pour vice de procédure.

Gaines joue sa peau contre un ennemi invisible, comme au Vietnam, comme dans ce conflit inachevé qui l'a profondément marqué, c'est sa catharsis tant attendue, l'occasion de trouver un mobile à la mort, il en a ta,nt vu qui ne rimaient à rien au plus profond de la jungle qu'il fait une affaire personnelle de celle-ci.


Der l'analyse des traumatismes de guerre au motivations criminelles, R. J. Ellory domine totalement son sujet sans jamais être ennuyeux. Le lecteur passe alternativement de la jungle vietnamienne au sud profond, de la peur effroyable du soldat perdu dans un conflit qu'il ne comprend pas, des massacres inutiless aux crimes et secrets sordides du présent sans se perdre un instant, la maitrise de l'auteur est éblouissante.

L'écriture est, comme à l'accoutumée chez Ellory, magnifique. Il retrouve ici le souffle d'Un Moment de Silence ou de Vendetta qui manquait un tout petit peu à ses ouvrages plus récent. Il sait comme peu d'auteur embarquer son lecteur dans les recoins les plus glauques de l'âme humaine, mêler à merveille la symbolique la plus ésotérique et les conversations les plus anodines. Le récit ne perd pas une seule seconde de son intérêt, les passages relatant le passé du combattant expliquant brillamment les tâtonnements de l'enquêteur et de l'homme.

Ce thriller est un pur chef d'oeuvre ! Un très grand roman puissamment humain et humaniste. Chaque personnage cherche sa voie, cherche à se perdre ou à se retrouver mais aucun n'est inintéressant, chaque rouage a sa place et joue juste. A noter la traduction qui est remarquable également.

Un des meilleurs romans de cette année sans aucun doute, à découvrir absolument !

Suite de la chronique et la musique du livre sur Quatre Sans Quatre http://quatresansquatre.com/article/chronique-livre-les-neuf-cercles-de-r-j-ellory-1414430090

23,00
Conseillé par
28 février 2015

Un passionnant thriller argentin, de la vraie littérature urbaine!

Un thriller à cent à l'heure ! Tout y est urgent, pressant, oppressant. Javier est le narrateur, c'est donc à son rythme trépidant, relancé plus que fréquemment par des rails de coke plus ou moins pure, que nous parcourons Buenos Aires. Ses doutes deviennent les nôtres, son impatience suinte et électrise l'écriture. Un récit staccato exacerbé par l'alcool et la came, la peur et l'espoir. Admirablement écrit et traduit,

Un fils de pub crache les volts, affiche un pouls à la limite de la rupture et scotche son lecteur!


Malgré sa trentaine, Javier est un enfant! Un sale gosse capricieux qui ne supporte pas que le monde ne soit pas exactement comme il le veut. Comme un enfant, il exprime sans cesse une incroyable labilité émotionnelle. Ses grands sentiments varient d'un extrême à l'autre en fonction de la dernière situation vécue. Il peut être attendrissant comme exaspérant, amical comme redoutablement dangereux, téméraire comme pleutre au dernier degré.

Il virevolte, est aussi saoulant que ses cocktails, nous enivre à essayer de suivre sa logique tordue par la dope et la peur, l'aveuglement de ses jugements hâtifs et sa course dingue qui change de but sans arrêt. Pur produit de la société de consommation, cet anti-héros est comme un poisson dans l'eau au sein du système, son cynisme lui tient lieu d'idéologie.

"La clé du pouvoir est de caler son mépris sur le bon timing." (Javier)

Et d'avoir quelques repères intangibles, des êtres au-dessus de tout soupçon : Marcel et Rosmari, ses dealeurs, et Bandini, son chat qui joue le rôle rassurant du "doudou"

Le roi de la contradiction et de l'inconstance! Il aime Tatiana, il déteste Amanda. L'inverse est tout aussi vrai, le dernier aléa survenu déterminant le verbe à employer avec le prénom. Il cherche une image maternelle chez sa dealeuse et une image paternelle chez Frederico, il croit gérer alors qu'il se fait manipuler. Il espère contrôler alors qu'il est totalement en apesanteur. Il se colle la moitié de la production colombienne de cocaïne dans le pif, boit comme un trou, mais ne veut surtout pas se remettre à fumer, c'est mauvais pour la santé ;-)

Natalia Moret met en scène une ville qui ne dort pas, qui s'abrutit à grandes doses de substances psychotropes. Même si l'empreinte des grands auteurs nord-américains est présente, elle a su trouver une mélodie qui lui est propre, une musique plus moderne pour servir une intrigue originale et forte. Ses personnages sonnent juste, son scénario passionne, l'intrigue tient en haleine, que demander de plus ?

Un très grand thriller, déjà par sa forme, une narration haletante, hachée, qui convient parfaitement à l'ambiance et la situation, et par l'histoire bien déjantée qu'il nous fait vivre...

La chronique complète sur Quatre Sans Quatre : http://quatresansquatre.com/article/chronique-livre-un-fils-de-pub-aux-abois-de-natalia-moret-1414081849

L'interview de l'auteur : http://quatresansquatre.com/article/interview-natalia-moret-auteure-de-un-fils-de-pub-aux-abois-1424279743