Conseils de lecture
D'une langue l'autre...
Nous sommes nombreux, lecteurs français, à aimer la littérature étrangère ; mais bien souvent, nous ne la lisons pas dans la langue originale. Nous avons donc immensément besoin de cet intermédiaire si précieux qu’est le.a traducteur.trice ! Pourtant, son nom est trop régulièrement passé sous silence, on ne l’évoque que pour critiquer son travail et il exerce souvent son activité dans des conditions extrêmement précaires… Les éditions La Contre Allée, déjà fortes de leur expérience avec le festival « D’un pays l’autre », lancent la collection « Contrebande » afin de remettre traducteurs et traductrices au cœur des préoccupations ! Deux titres sortent simultanément en librairie : Traduire ou perdre pied, de Corinna Gepner, et Entre les rives, de Diane Meur.
Entre les rives est un de ces ouvrages qui nous éclairent et nous ouvrent les yeux sur un sujet ; un recueil de textes qui évoquent le métier, le rapport à l’écriture, l’influence sur la création, les questions techniques des langues, la fidélité à la pensée d’un auteur, et plus encore au texte lui-même… Avec son écriture fluide et précise, Diane Meur nous offre ses pensées et réflexions sur cet univers si énigmatique qu’est la traduction !
De la beauté d'une dernière page...
C’est avec une grande sincérité, une belle émotion et un franc-parler jouissif qu’Emilie Pine nous livre ici six confidences, comme six essais, six témoignages sur sa vie de femme, sur le travail, les passions, la misogynie, la famille et la confiance en soi ! Il ne faut pas passer à côté… Anne Enright a dit de ce livre : « ne le lisez pas en public, il va vous faire pleurer », c’est vrai, mais il va surtout vous faire cogiter intensément, par son intelligence et sa sensibilité ; parce que chaque lecteur.trice se retrouvera dans les situations et les sentiments décrits ! Et surtout, lisez la dernière page, la plus belle que j’ai lue depuis longtemps, une page vibrante, inspirante, et qui reflète toute la qualité de cet ouvrage !
Au XVIème siècle, une très jeune princesse aztèque, fille de Moctezuma II, est enlevée / achetée / mariée, et se retrouve en Espagne, dans un village reculé des Pyrénées, mariée à un conquistador, baron de son état, avec une vingtaine de ses compatriotes, constituant sa suite ! De cette étrange union naît un enfant, à l’origine d’une lignée impériale aztèque en Espagne. Cinq cents ans plus tard, Kiko Grau apprend qu’il en est le dernier héritier ! Se faisant dès lors appelé « Son Altesse Impériale », il profite de la situation pour s’introduire dans la noblesse espagnole de l’époque et entrer dans les petits souliers de Franco… Se penchant sur cette incroyable histoire, le narrateur enquête : histoire de la princesse Xipaguacin, au Mexique et en Europe ; existence d’un trésor caché par ses soins dans les montagnes ; devenir de la lignée impériale et de la suite de la princesse… En mêlant passé et présent, enquête et entretiens, Jordi Soler, merveilleusement traduit par Jean-Marie Saint-Lu, nous emporte dans une formidable aventure entre Mexique et Espagne, sur les traces d’un homme singulier, qui se révélera étonnamment attachant !
Pluie d'oiseaux, pluie d'indifférence...
Il a plu des oiseaux ! Cette information laisse le narrateur de Pourquoi les oiseaux meurent abasourdi. Ce qui le choque plus encore, c’est que tout le monde s’en fout ! Délaissant son appartement parisien et l’écriture d’une thèse déjà passablement abandonnée, le jeune homme décide de se rendre sur les lieux. Direction Bonsecours, près de Rouen, d’où il est justement originaire. Embarquant à bord d’un bateau de croisière pour troisième âge, il descend la Seine, espérant voir fleurir les indices le long du fleuve… Suivant les maigres pistes obtenues grâce à ses rencontres notre détective progresse lentement, mais il est très loin de se douter qu’il trouvera surtout ce qu’il n’était pas venu chercher !
Dans ce « rivertrip » tonitruant et bourré d’humour, Victor Pouchet parvient à entraîner le lecteur sur les traces d’un phénomène étonnant et inquiétant. Réalisant la prouesse de citer Frédéric Berthet et Charles H. Fort dans un même ouvrage, il nous invite à prêter un peu plus attention à notre étrange environnement !
Ceux qui partent sont ceux qui abandonnent tout, leur vie, leur pays, leur langue. Après la longue traversée vers l’Amérique, le pays du renouveau, les émigrants ne sont pas en reste. Il leur faudra encore attendre sur Ellis Island.
Pendant un jour et une nuit, ces émigrants vont devoir lutter. Ce temps suspendu entre deux pays est le spectacle de toutes les émotions décuplées par l'attente, de toutes les vies passées.
Jeanne Benameur s’empare du sujet universel de l'émigration avec intensité, sensualité et bienveillance dans un roman comme un chant de liberté.