Miniaturiste

Jessie Burton

Gallimard

  • Conseillé par
    4 juin 2015

    Amsterdam, secret de famille

    Un récit étrange, à la limite du fantastique dans une Amsterdam comme on la connait peu.

    J’ai découvert un monde protestant fermé sur lui-même et anti-papiste à l’excès. Une ville qui interdit le sucre sous toutes ses formes et qui pourtant en produit et en exporte. Un bourgmestre qui traque les homosexuels tout en se régalant des récits de leurs extravagances.

    J’ai aimé chercher les secrets du frère et de la soeur avec Nella, sans me douter une seconde du pot aux roses final.

    Il m’aurait plu de rencontrer Johannes, homme en avance sur son temps, si doux avec sa femme.

    J’ai eu plus de mal avec la psychologie des personnages, comme Nella a eu du mal à comprendre sa servante à la langue bien pendue.

    Une lecture qui m’a plongée au coeur du 17e siècle hollandais.

    L’image que je retiendrai :

    Celle du perroquet de Nella qui s’envole pas la fenêtre un froid matin d’hiver et qui sera remplacé par une miniature.

    https://alexmotamots.wordpress.com/2015/05/27/miniaturiste-jessie-burton


  • Conseillé par
    1 juin 2015

    686. Agée de dix-huit ans, Nella Oortman rejoint Amsterdam et l'homme qui est désormais son mari. Elle vient de l'épouser et le connaît à peine. Johannes Brandt commerçant fortuné et respecté ne cherche à pas à passer du temps avec elle. Il l'ignore et se montre distant. Il lui offre en guise cadeau de mariage une maison de poupée à l'image de leur maison. Nella commande des objets pour sa maison et en reçoit d'autres ( non demandés) qui sont les représentations miniatures des personnes.
    On lit facilement ce roman car l'écriture est très visuelle et simple. Et j'aurais aimé adhérer à ce roman mais je ne me suis pas attachée à Nella. Pourtant on ne peut qu'éprouver de l'empathie pour elle sauf que j'ai eu l'impression que l'auteure voulait m'imposer des ressentis. Et pourtant ce roman a des atouts comme les descriptions d'Amsterdam, de sa société et de ses contradictions. Mais les trop nombreux rebondissements m'ont définitivement écartée de l'histoire à laquelle je trouvais du charme même si l'ensemble est très (ou trop?) bien huilé.
    Je l'ai lu sans ressentir la moindre émotion, hélas.


  • Conseillé par (Libraire)
    7 avril 2015

    Dans les secrets de la puritaine Amsterdam

    Lorsque la jeune Nella, dix-huit ans, arrive dans la maison de son mari, Johannes Brandt, de vingt ans son aîné, l'accueil qui lui est réservé par Marin, la soeur de ce dernier est plutôt froid. Coincée dans cette étrange famille, entourée de Cornelia, la bonne insolente et Otto, le serviteur noir venu des îles, la jeune fille se sent perdue. Pour occuper un peu ses journées, son mari lui offre un cabinet contenant une maison de poupée identique à leur maison. Tandis qu'elle la meuble à l'aide d'un miniaturiste, celui-ci lui fait parvenir des objets étrangement inspirés de son quotidien. Un à un les secrets de la famille Brandt seront exposés à la vue de tous.

    Jessie Burton reproduit avec brio la ville d'Amsterdam, puritaine jusqu'à l'extrême tout en étant corrompue par la soif de l'or, portée fièrement par la VOC. Tour à tout détestables ou émouvants, les membres de la maisonnée Brandt se dévoilent et se font aimer du lecteur. Quant à la jeune Petronella, c'est peu à peu que le miniaturiste lui donne les clefs de son propre destin et lui ouvre les yeux sur le monde.
    Un récit extrêmement fort, haletant, passionnant, dévorant. Plongé dans une Amsterdam détestable et luxueuse, on ne peut ressortir indemne de notre lecture. Un énorme coup de coeur pour ce roman de Jessie Burton.


  • Conseillé par
    24 mars 2015

    Rentrer dans un tableau de maître flamand...

    Jessie Burton décrit avec tant de détails Amsterdam, le Herengracht, l'avenue au bord du canal où se situe la maison du Seigneur Johannes Brandt, l'intérieur de sa somptueuse demeure que le lecteur croit rentrer dans un tableau de maître du XVIIème siècle. Elle restitue avec exactitude et sensibilité l'atmosphère particulière de la ville tiraillée entre l'étalage de ses richesses et l'humilité voulue par l'Eglise.

    Nella Oortman arrive à la mi-octobre 1686 chez Johannes Brandt. Elle l'a épousé il y a deux mois et a quitté Assendelft, sa ville natale pour venir occuper son nouveau rôle de femme mariée et de maîtresse de maison. Seulement, du haut de ses dix-huit ans, personne ne semble la prendre au sérieux. Son mari, marchand audacieux et prospère n'est que rarement présent et quand il s'aperçoit de sa présence, il la traite en enfant. Sa belle-sœur, Marin, tient les rênes de la maison et ne manifeste aucune volonté de partager ces prérogatives et les deux domestiques la servent sans lui montrer de respect particulier. Elle s'interroge sur son devenir, loin de sa famille, isolée au cœur d'une maisonnée qui lui paraît hostile.

    Son mari lui offre un curieux cadeau de mariage, une immense maison de poupées qui reproduit à l'identique leur intérieur. Drôle de présent ! Il est plutôt destiné aux fillettes pour qu'elles apprennent en jouant à devenir des maîtresses de maison accomplies. Qu'importe ! Nella s'ennuie tellement qu'elle décide de meubler celle-ci et fait appel à une miniaturiste qui, très rapidement, ne se contente plus de lui faire livrer les objets demandés : luth ou coupe de mariée. Arrivent sous forme de poupées la famille au grand complet, les deux chiennes, le perroquet perdu de Nella, un berceau... Ces paquets sont accompagnés de messages sybillins que la jeune femme peine à comprendre. Sa correspondance avec la miniaturiste reste sans réponse.

    Les journées passent et Nella découvre peu à peu que sous les dehors de la respectabilité, les Brandt mènent une existence peu académique. Johannes et sa sœur ont en commun un goût pour l'exotisme, une volonté de vivre jusqu'au bout leurs passions même si le clergé et la bourgeoisie réprouvent, voire abhorrent celles-ci. La jeune épousée en vient à supposer qu'elle leur sert de paravent, son mari offre à la cité ce qu'elle veut voir : un bon père de famille et un riche commerçant. Ne serait-elle qu'une marionnette dont les Brandt tirent les ficelles ?

    La maison de poupées reflète en miniature leur vie, annonce même aussi les événements qui vont venir bouleverser en profondeur cette famille bien établie. A la frontière du fantastique, l'auteur prête à cette miniaturiste des dons pour sonder l'âme humaine et prévoir les dangers qui menacent ceux qui veulent s'affranchir des règles strictes d'une Amsterdam corsetée par la religion et le qu'en dira-t-on. Nella est contrainte de prendre en main la destinée des Brandt, elle qui en est venue à les aimer avec leurs singularités. Ce personnage est extrêmement attachant, mélange d'ingénuité et d'intelligence, plus à l'écoute de ses sentiments que des lois édictées par une cité qui cache bien des vices sous l'apparence de la vertu.

    Un splendide roman qui nous offre un tableau d'Amsterdam au siècle d'or du commerce maritime, mais aussi une étude de mœurs passionnante, teintée d'une touche de fantastique particulièrement réussie