Cheyenne en automne

Willy Vlautin

13ème note éditions

  • Conseillé par
    28 mai 2012

    Une magnifique découverte !

    «Ce matin-là, très tôt, quand j’ai ouvert l’oeil, c’était déjà l’été. Sans quitter mon sac de couchage, j’ai regardé par la fenêtre. Le ciel était clair et bleu, presque sans nuages.»

    Ainsi commence l’histoire de Charley Thompson.

    J’ai un faible pour les livres publiés par la toute jeune maison d’éditions (quatre ans d’âge) «13e note Editions». J’avoue.
    Spécialité maison : la découverte de jeunes auteurs américains nourris aux John Fante, Henri Miller, John Steinbeck ou Raymond Carver.
    Rien que du bon !

    Et là, ce Willy Vlautin que je ne connaissais pas, c’est du bon.
    J’ai adoré !
    Un délice de lecture. Un régal. Que du plaisir.
    Style épuré, mots simples, sobriété mais avec plein, plein d’émotions et d’humanité cachés dessous.

    L’histoire ?
    C’est celle de Charley Thompson, 15 ans, une sorte de Huckleberry Finn à la Mark Twain.

    Mère inconnue, père à la dérive.
    Charley se débrouille pour vivre. Comme il peut. Seul.
    Vols à l’étalage pour se nourrir.
    Charley aime courir. Il rêve de devenir un champion de football américain.

    Il va rencontrer Del, un vieil homme gérant d’une écurie de chevaux de courses. Ecurie, chevaux, tout est à l’image du bonhomme : en piteux état.
    Charley va travailler pour lui : nettoyer les écuries, promener les chevaux...faut bien manger.
    Charley va s’attacher à un cheval nommé «Lean on Pete»
    ...faut bien se confier à quelqu’un.
    «Lean on Pete» est le titre original du livre.
    Mais les aventures de notre Charley ne font que commencer...
    Il va aller de rencontres en rencontres, de caravanes délabrées en ranchs abandonnés, de villes en villes, de motels en motels à travers une Amérique loin, très loin de l’Amérique que chantait Joe Dassin (pas mal comme référence, non, faudrait voir à réviser vos classiques de la chanson française).
    L’Amérique de la malbouffe, des déclassés, des alcooliques et des drogués.
    Attention, je vous vois venir avec vos grosses bottes de cow-boys toutes crottées, vous commencez à râler, oui, encore un bouquin dégoulinant de misérabilisme, du bien sordide quoi.
    Mais non. Tout le contraire. Ce livre est très attachant, très tendre.
    Vous aurez beaucoup, beaucoup de peine à quitter Charley et je vous vois même déjà verser une petite larme...ça la fout bien pour un cow-boy !

    Digne des plus grands «dirty realists» américains.
    Sais pas si je vous ai convaincus de lire ce livre mais je vous le dis bien clairement : lisez ce livre !

    «Mes personnages acceptent leur sort. Pour eux, ce n’est pas tant une lutte pour s’en sortir, qu’une lutte quotidienne pour rester à flot.» W Vlautin